Maison de la francophonie à Toronto : le prix d’achat du bâtiment à l’étude
TORONTO – Validé une première fois par un évaluateur indépendant, le prix d’achat du bâtiment – une maison historique du centre-ville d’environ 13,6 millions de dollars – fait l’objet d’une étude par le ministère du Patrimoine canadien. Si l’estimation coïncide, ce serait un des derniers verrous qui sauterait en vue de la concrétisation de la Maison de la francophonie. Aucune entente n’est encore signée avec le gouvernement fédéral. La province, quant à elle, se tient à distance pour le moment.
Un promoteur patient, des fondateurs tenaces et des bailleurs plus ou moins au rendez-vous… La situation n’est pas propice à un déblocage de financement dans l’immédiat avec Patrimoine canadien qui financerait la majeure partie de l’enveloppe, mais plusieurs signaux ces dernières semaines donnent de l’espoir, depuis la reprise des pourparlers avec les fonctionnaires fédéraux.
Ces discussions, qui ont repris depuis les dernières élections fédérales, se déroulent dans un esprit « beaucoup plus constructif » affirme Kip Daechsel, président du comité fondateur du projet.
« Les gestionnaires du programme nous ont demandé d’actualiser notre demande de financement, tenant compte, entre autres, des facteurs qui auraient pu changer durant la période de COVID-19, et de fournir des plans et devis pour les rénovations prévues pour le site de même qu’une estimation détaillée et chiffrée du budget de construction pour ces rénovations », relate l’avocat franco-torontois.
Les derniers fonds propres investis dans la mise sur pied d’une équipe de construction
Pour répondre aux exigences des fonctionnaires, le comité a mis ses dernières économies dans la constitution d’une équipe de construction composée d’un architecte général, d’un architecte spécialisé en planification de garderie, d’un ingénieur civil, d’un ingénieur en mécanique des sols, d’un ingénieur en systèmes mécaniques et électriques, d’un consultant en économie d’énergie, d’un consultant en code de construction et d’un entrepreneur général.
« Ce sont tous des professionnels chevronnés dans leur domaine respectif. Dans le cas de l’entrepreneur général, il venait même de compléter un projet très similaire à seulement quelques coins de rue de notre site », précise le président.
Dans le même temps, à la demande du ministère, un évaluateur a étudié le bien-fondé du prix d’achat, une évaluation qui doit maintenant être complétée par une étude menée par un fonctionnaire de travaux publics. Elle pourrait donner lieu à une seconde évaluation pour confirmer la valeur du bâtiment.
« Si en bout de piste on nous refuse le projet, le projet sera mort » – Kip Daechsel
Les pilotes du projet affirment jouer leurs dernières cartes : « Il n’y aura pas de plan B, si l’entente de financement échoue », indique M. Daechsel. « On y a mis tout ce qui restait de nos ressources financières et on a demandé au promoteur d’attendre encore jusqu’à la fin de l’année et de nous réserver le bâtiment jusque-là. Si en bout de piste on nous refuse le projet, le projet sera mort. »
Un premier signal d’alarme avait été lancé à l’automne dernier, alors que la patience des promoteurs était mise à rude épreuve, mais les élections fédérales avaient balayé les espoirs de sortie de crise. Les discussions d’ici cet hiver pourraient donc s’avérer cruciales.
Le budget grimpe à 21,5 millions et pas d’engagement du gouvernement ontarien
Les besoins en financement fédéral ont été revus à la hausse depuis un an puisqu’ils se monteraient à 17,2 millions de dollars demandés à Patrimoine canadien (dont 13,6 millions pour acheter l’édifice et les droits de mutation et 3,6 millions pour la rénovation et l’ameublement), auxquels s’ajouterait 1,2 million escompté d’Infrastructure Canada.
Le tout serait complété par 1 million offert par le vendeur, 10 000 dollars de dons communautaires, 1,5 million d’emprunt à court terme et 325 000 dollars d’hypothèque, tandis qu’une demande de subvention de 150 000 dollars a été déposée auprès de la Fondation Trillium. Cela représente une enveloppe globale de près de 21,5 millions de dollars.
Il faut dire que l’édifice situé au centre-ville revêt un caractère historique remarquable puisqu’il a été désigné d’importance patrimoniale en raison de son architecture française « Second Empire ». Il fait partie d’un ensemble immobilier plus vaste et a auparavant abrité les bureaux de l’Alliance française de Toronto.
« Malgré maintes discussions, le gouvernement de l’Ontario ne participe pas au financement de la Maison », regrette, à ce stade, Kip Daechsel, espérant que « la province identifiera un moyen de soutenir le projet de la Maison ».
Des organismes supplémentaires fermement intéressés
En plus d’une garderie francophone, du Mouvement ontarien des femmes immigrantes francophones (MOFIF) et de l’association FrancoQueer, la Maison de la francophonie, si elle se réalise, abritera plusieurs acteurs de la francophonie, dont les bureaux torontois de l’Assemblée de la francophonie et de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) qui conserveront leur siège à Ottawa.
L’Entité 3, l’agence de planification des services de santé en français de Toronto, a également manifesté son intérêt, tandis que la venue de la Société économique de l’Ontario, un temps évoquée, n’est plus d’actualité, étant donné qu’elle a trouvé de nouveaux locaux entretemps.
Inspirée par des installations similaires ailleurs au pays (Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Calgary et Ottawa), la Maison a pour objectif de desservir et d’appuyer des organismes communautaires de la francophonie torontoise et ontarienne, ainsi que de fournir un lieu de rencontre pour des francophones et francophiles de toute la province.