La Fête du trône peu populaire chez les Marocains en Ontario

Drapeau du Maroc
Le drapeau du Maroc. Crédit image: Heike Kelm / EyeEm / EyeEm via Getty Images

Alors que le Maroc et le Canada soulignent 60 ans de relation diplomatique cette année, la communauté canado-marocaine célèbre, ce 30 juillet, la Fête du trône. En Ontario, c’est l’occasion pour les Marocains d’honorer la culture de leur pays, voire de découvrir des faits méconnus sur le pays du soleil couchant. Un pays où le français fait partie des langues parlées, lues et écrites, là où plus de 10 millions de Marocains sont touchés par l’analphabétisme.

Bien qu’il ne soit pas une langue officielle, le français est parlé par près d’un tiers du pays. Appris à l’école, utilisé dans les domaines de l’administration et des médias, le français y est devenu synonyme de « modernité » selon la revue scientifique Cairn. Il véhicule « des valeurs de prestige et de démarquage social ». Le Maroc posséderait 10 366 000 locuteurs du français selon l’Organisation internationale de Francophonie (OIF), dont il est membre.

Ce 30 juillet, les Marocains fêtent l’anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI en 1999, soit 23 ans de règne. Pourtant, cette célébration reste moins importante que la fête de l’Indépendance du 18 novembre nous précise Saad Benjelloun, Marocain installé à Ottawa.

Une monarchie en berne

Ouroui Mouad abonde : « À vrai dire, la Fête du trône n’est pas une chose à laquelle les jeunes de moins de 20 ans s’intéressent particulièrement. J’ai dû faire une recherche Google pour me rappeler ce qui se passe le 30 juillet. »

Ce jeune étudiant d’Ottawa, nous a même transmis des messages de ses amis au Maroc qui, eux-mêmes, ne savaient rien de la fête du trône : « C’est quoi cette fête? », « Je pense que tout le monde s’en fout », ou encore « Pourquoi ça t’intéresse? ».

Roi du Maroc
Le roi du Maroc, Mohammed VI, il fêtera ses 22 ans de règne, le 30 juillet. Crédit image : Carlos Alvarez/ Intermittent/ Getty Images Entertainment via Getty Images

Il nuance tout de même : « On écoute tous le discours du roi avec beaucoup d’intérêt vu les sujets importants qui y sont abordés et voir des drapeaux marocains flotter partout titille notre fibre patriotique, mais ça s’arrête là. »

La Fête du trône représente effectivement la monarchie. « Chaque année nous célébrons cette fête, mais cette année et depuis la pandémie, ce n’est plus le cas », explique Faouzi Metouilli, l’ancien président de l’Association des Marocains de Toronto.

« Nous allons avoir ici, les chutes du Niagara illuminées des couleurs du drapeau marocain. Et en ce qui concerne les rassemblements, il y aura certainement des initiatives à Toronto. »

Pour M. Matouilli, c’est une fête relativement importante. « Les gens respectent le roi, mais il est moins populaire chez les jeunes. »

Le leadership de Faouzi Metouilli a été récemment reconnu par l'ordre de la Pléiade et le Prix du service volontaire de l'Ontario. Archives ONFR+
Faouzi Metouilli, ancien président de l’Association des Marocains de Toronto. Archives ONFR+

Saad Benjelloun dit même que « les jeunes s’éloignent violemment de la monarchie. Moi-même, je suis très attaché à mon pays, mais surtout à sa culture, aux valeurs et aux souvenirs ».

« C’est un fait, la jeunesse marocaine s’éloigne de plus en plus du patriotisme et a intégré – du fait de la mondialisation et de l’influence occidentale – une critique de la monarchie et de la passation de pouvoir héréditaire », affirme Ouroui Mouad.

Le Maroc en Ontario

Pour Faouzi Metouilli, la communauté marocaine reste moins importante en Ontario qu’au Québec. 50 000 Marocains sont tout de même établis dans la province, dont 30 000 dans la grande région de Toronto. « À Montréal, il y a toujours un grand rassemblement et des activités, le 30 juillet. Il faut noter qu’il y a aussi énormément de Marocains dans la ville. »

Et de rappeler qu’en 2022 « nous célébrons les 60 ans de relation diplomatique entre le Canada et le Maroc ». Pour l’occasion, en mai dernier, une plaque commémorative en l’honneur de Fatima al-Fihriya, la fondatrice de la plus ancienne université encore en activité dans le monde, a été dévoilée sur le campus de l’Université d’Ottawa.

Plaque commémorative à l’Université d’Ottawa. Crédit image : Université d’Ottawa.

Les faits méconnus sur le Maroc

– Selon l’Observatoire du Tourisme, un total de 11,35 millions de touristes a visité le Maroc durant l’année 2017.
– La mosquée Hassan II à Casablanca, bâtie en partie sur l’océan en 1993, était le plus haut monument religieux au monde, son minaret dépasse les 200 mètres de hauteur. Récemment détrôné par la grande mosquée d’Alger en 2020 avec un minaret de 265 mètres de hauteur.
– Le royaume est d’ailleurs le plus grand producteur mondial de sardines.
– Le Maroc est le premier pays au monde à avoir reconnu l’indépendance des États-Unis.
– Il y a toujours débat sur qui de l’Algérie, de la Tunisie ou du Maroc est l’inventeur du couscous.

Maroc couscous
Le couscous est un plat traditionnel au Maroc. Crédit image : aristotoo / E+ via Getty Images