Mathieu Séguin de Los Angeles à Sudbury pour mettre en lumière l’industrie minière

Mathieu Séguin. Crédit Sam Pemberton
Le directeur de la photographie Mathieu Séguin. Crédit image: Sam Pemberton

[LA RENCONTRE D’ONFR+]

SUDBURY – Mathieu Séguin est un Sudburois d’origine qui a décidé de s’exiler en 2017 à Los Angeles pour aller au American Film Institute dans le but de faire carrière dans le monde cinématographique. Celui qui fait autant des courts métrages que des documentaires a co-fondé son entreprise de vidéographie MotionArc Studios en juin dernier. Le but? Promouvoir l’industrie minière et industrielle du Grand Sudbury et du Nord de l’Ontario à l’aide de la création vidéo. Rencontre avec ce Franco-Sudburois.

« Vous avez décidé de quitter Sudbury pour aller à Los Angeles en 2017. Pourquoi avoir pris cette décision?

Je suis parti de Sudbury, car je voulais aller à l’American Film Institute. C’est une des meilleures écoles au monde et c’est en plein dans Hollywood. J’ai appris énormément. J’ai parlé et vu beaucoup de monde qui était au sommet de leur forme dans l’industrie du film.

Et pourquoi avoir décidé de revenir dans la région?

En parlant avec les gens là-bas, ils m’ont dit que si je voulais avoir du succès, je devais faire ce que je voulais et non me forcer à faire de l’ouvrage que je n’aimais pas. Je voyais ça à la fin à Los Angeles, tu dois vraiment te battre juste pour payer ton loyer! Tu ne prends pas de travail pour être créatif, mais plutôt pour payer le loyer. Chaque mois, tu deviens moins satisfait de ton travail et tu n’aimes plus ce que tu crées. C’était un cercle vicieux où plus j’en faisais, moins j’étais content.

Pourquoi avoir décidé de lancer Motion Arc Studios?

J’ai lancé cette compagnie avec mon cousin, Philippe Séguin. Ici à Sudbury, je peux louer tout l’équipement que j’avais à Los Angeles. Il y a même tous les professionnels de l’industrie qui travaillent sur des films dans la région que je peux engager. Il ne manque pas de main-d’œuvre et d’équipement, il manquait juste une compagnie qui était capable de faire ça.

Vous avez décidé de créer votre compagnie en juin dernier, soit quelques mois après l’arrivée de la COVID-19. Est-ce que la pandémie vous a fait réaliser quelque chose?

En partie, le mode de vie occupe vraiment une grande place dans notre vie maintenant. Alors si on n’est pas content au travail, on ne sera pas content à la maison. Je suis passionné par ce que je fais et j’adore créer en tournant avec une caméra. Créer, c’est la chose la plus gratifiante que je puisse faire et c’est ce que je veux faire.

Quels genres de projets faites-vous à MotionArc Studios?

J’appelle ça une co-création avec le client. Par exemple, si j’ai un client qui travaille dans les mines qui veulent avoir une vidéo pour montrer leur mine et qui nous dit qu’il aimerait monter mon bulldozer, alors il faut créer une approche créative pour le montrer. On ne fait pas juste mettre la caméra là et on commence à peser sur le bouton enregistré. Il faut toujours avoir une approche créative pour montrer la meilleure facette du produit.

Mathieu Séguin, cofondateur de MotionArc Studio. Crédit : Capture d’écran TFO

Vous parlez beaucoup de vouloir être créatif et de créer vos propres idées. Comment est-ce que cette création se transmet dans votre compagnie?

La seule destinée qu’on a ici avec l’industrie du film, c’est d’être créatif. J’aime pouvoir créer des projets sans avoir la crainte de devoir en trouver un autre après que le projet soit fini. Alors c’est vraiment d’avoir des clients qui sont intéressés et qui nous payent pour qu’on les serve avec nos idées. On ne veut pas avoir un gros projet et ensuite un autre gros projet. On a plusieurs clients et on fait plein de petits projets et ça l’enlève aussi la crainte d’avoir un salaire juste pour un mois.

Vous semblez vraiment être investi à fond dans ce projet?

Moi quand je travaille sur quelque chose, ce n’est pas 50 %, c’est à 110 %, c’est le best of the best quand je fais quelque chose. Je sais qu’il y a d’autres gens comme moi dans le Nord de l’Ontario qui veulent juste créer. L’idée est de réunir ces créateurs, mais qui n’ont pas nécessairement l’expérience ou l’opportunité pour le faire. Je vais risquer pour le monde qui veut créer et en retour, moi je vais les aider s’ils me démontrent leur passion et qu’ils me donnent leur 110 %.

Quel est votre plan à long terme pour votre entreprise?

Éventuellement, on veut avoir une production chaque semaine où on va avoir une équipe qui va se rendre sur les lieux de notre client pour qu’il ait du contenu spécialisé. Aujourd’hui, les compagnies de mines ont besoin de beaucoup de présence sur les médias sociaux. C’est bon d’avoir un bon vidéo qui démontre leur compagnie, mais ils ont aussi besoin d’autres visuels.

Justement, qu’est-ce que vous offrez aux compagnies minières et de l’industrie du Nord?

Nous, ce qu’on offre aux compagnies, c’est qu’on serait sur leur site pour une journée pour filmer et pour leur permettre d’avoir du visuel créatif. C’est du matériel pour quasiment toute une année pour leur département de marketing. Maintenant avec la nouvelle technologie, on peut mixer des vidéos avec des images, alors ils peuvent aussi en tirer des images pour du visuel.

Pourquoi avoir décidé de choisir le Nord et Sudbury en particulier?

Pour deux raisons. Premièrement, il y a des compagnies minières internationales qui sont partout dans le Nord et à Sudbury. Pendant la pandémie, beaucoup de choses ont ralenti, mais ce n’est pas le cas des mines. Elles ont accéléré avec les ressources pour nos téléphones, nos batteries électriques pour les autos électriques de Tesla et de toutes les autres compagnies.

Alors deuxièmement, avec la tendance vers des technologies électriques, on dit que la production des mines va augmenter de 200 %. Ces mines-là vont avoir besoin de visuels pour montrer à quel point elles sont « vertes » pour avoir de nouvelles mines et de nouveaux investisseurs, et donc on sait que ça va monter en popularité.

Avez-vous d’autres idées de projets en tête pour le plus long terme?

Je veux construire quelque chose qui est durable avant. Il faut que les compagnies minières et les créateurs de contenus sachent qu’on est ici. Si on a cette stabilité, ça nous permet d’être plus créatifs, de ne pas avoir d’énergie négative et de ne pas être stressés. On peut juste créer. Les mines sont le commencement de quelque chose de durable. Une fois qu’on a ça, ça peut s’étendre partout. Mais avant, il faut juste prouver que ça marche. »


LES DATES-CLÉS DE MATHIEU SÉGUIN :

1986 : Naissance à Sudbury

2017 : Arrivée à Los Angeles

2019 : Graduation de l’American Film Institute Chinese Theatre de Hollywood

2020 : Lancement de la compagnie Motion Arc Studios avec son cousin Philippe Séguin

Chaque fin de semaine, ONFR+ rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.