Mélanie Joly reste ministre des Langues officielles
OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau a dévoilé, ce mercredi en début d’après-midi, son nouveau gouvernement. Mélanie Joly y conserve le portefeuille des langues officielles.
La députée québécoise d’Ahuntsic-Cartierville, élue pour la première fois à Ottawa en 2015, reste en poste aux langues officielles. Après avoir déjà occupé ce poste pendant tout le premier mandat du gouvernement libéral, Mélanie Joly obtient désormais le titre de ministre du Développement économique et des Langues officielles.
Une récompense pour celle qui avait connu une rétrogradation en juillet 2018, passant de ministre du Patrimoine canadien à ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie.
Mais après s’être embourbée dans le dossier Netflix, l’ancienne candidate à la mairie de Montréal a réussi à remonter la pente, notamment grâce à sa gestion de la très médiatisée crise linguistique en Ontario de l’automne 2018 et à la signature d’un protocole d’entente avec le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford pour financer le démarrage de l’Université de l’Ontario français (UOF).
« Son maintien peut faire croire à une certaine sincérité de sa part quand elle disait que le dossier des langues officielles était devenu pour elle une vocation », estime le politologue à l’Université d’Ottawa, Martin Normand. « C’est également une bonne stratégie de la part du gouvernement s’il veut montrer le sérieux de son engagement envers la modernisation de la Loi sur les langues officielles. »
La modernisation de la Loi sur les langues officielles fait partie des promesses électorales libérales. Un engagement confirmé par le premier ministre en point de presse, fin octobre, qui avait alors jugé « faisable » de présenter un projet de loi en ce sens dans les six prochains mois.
La continuité saluée
Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, cette modernisation doit être une priorité. Et le maintien de Mme Joly est vu comme une bonne nouvelle pour y parvenir au plus vite.
« C’est très satisfaisant pour nous, car ça assure une continuité. Il n’y aura pas de rattrapage à faire, Mme Joly a suivi toutes les discussions, elle connaît le dossier, elle a suivi les travaux qui ont été menés par le comité permanent des langues officielles, au Sénat, notre projet de loi, les recommandations du Commissariat aux langues officielles… C’est rassurant et ça veut dire qu’on peut commencer dès demain à travailler, d’autant que le premier ministre s’y est engagé », explique le président Jean Johnson.
Un avis que partage le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin.
« C’est positif de la voir continuer, car nous avons déjà travaillé très étroitement avec elle, notamment dans le dossier de l’Université de l’Ontario français. On salue cette continuité. »
Le maintien en poste de Mme Joly pourrait également être intéressant en cas de discussions ardues sur le sujet de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, juge M. Normand.
« On se souvient qu’en 1969 et en 1988, le dossier n’avait pas été facile à négocier. Maintenir Mme Joly à ce poste renforce son profil pour gérer les discussions. »
Il se montre en revanche plus dubitatif quant au maintien en poste de David Lametti comme ministre de la Justice et procureur général du Canada qui sera, lui aussi, directement impliqué dans la modernisation de la Loi.
« M. Lametti s’est déjà clairement prononcé contre le bilinguisme obligatoire pour les juges à la Cour suprême du Canada. Donc, pour ceux qui espéraient que cette obligation figurerait dans une Loi sur les langues officielles modernisée, ça ferme la porte. »
Responsabilités multiples pour Mme Joly
Reste que Mme Joly partagera son temps avec d’autres responsabilités d’importance, puisqu’elle a également hérité du portefeuille du Développement économique.
Comme le reconnaît M. Normand, il aurait été préférable que les Langues officielles deviennent un ministère à part entière. Mais le partage de cette compétence rend, selon lui, encore plus pertinent d’avoir conservé Mme Joly en poste.
« J’aurais été inquiet si c’était un nouveau ministre qui avait à gérer plusieurs portefeuilles. Mais Mme Joly connaît bien le dossier et a déjà occupé un poste de ministre avec plusieurs responsabilités à la fois.
Le président de la FCFA se montre confiant.
« Mme Joly a démontré dans le passé sa capacité à être multitâche. Je ne suis pas inquiet. »
L’Ontario domine le cabinet
Comme en 2015, l’Ontario est la province la plus représentée au sein du cabinet. Sur les 36 ministres que compte le nouveau gouvernement, 17 sont issus de l’Ontario. Le Québec en compte dix, pour sa part. Pour le premier ministre Justin Trudeau, assurer une certaine représentativité de tout le pays était un véritable casse-tête, rappelle M. Normand, dans la mesure où le Parti libéral ne compte plus aucun député en Alberta et en Saskatchewan.
« Il y a une surreprésentation de l’Ontario, mais c’était difficile à éviter et je trouve que M. Trudeau s’en est plutôt bien sorti en procédant de manière habile quant à sa répartition des responsabilités. Il a essayé de donner une voix à l’Ouest, en confiant des postes-clés à des députés de l’Ouest, tout en donnant des responsabilités importantes aussi aux députés du Québec, notamment le poste de président du Conseil du Trésor à M. Duclos. »
Les 36 ministres du gouvernement Trudeau :
Ceux qui restent en poste :
Navdeep Bains, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie
Carolyn Bennett, ministre des Relations Couronne-Autochtones
Marie-Claude Bibeau, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire
Bill Blair, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
Marc Garneau, ministre des Transports
David Lametti, ministre de la Justice et procureur général du Canada
Diane Lebouthiller, ministre du Revenu national
Lawrence MacAulay, ministre des Anciens combattants et ministre associé de la Défense nationale
Bill Morneau, ministre des Finances
Harjit Sajan, ministre de la Défense nationale
Ceux qui ont de nouvelles responsabilités :
Bardish Chagger, ministre de la Diversité et de l’Inclusion et de la Jeunesse
François-Philippe Champagne, ministre des Affaires étrangères
Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor
Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Affaires intergouvernementales
Karina Gould, ministre du Développement international
Patricia Hajdu, ministre de la Santé
Ahmed Hussen, ministre de la Famille, des Enfants, et du Développement social
Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles
Bernadette Jordan, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne
Dominic LeBlanc, président du Conseil privé
Catherine McKenna, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités
Maryam Monsef, ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et du Développement économique rural
Joyce Murray, ministre du Gouvernement numérique
Mary Ng, ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international
Saeamus O’Regan, ministre des Ressources naturelles
Carla Qualtrough, ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées
Pablo Rodriguez, leader du gouvernement à la Chambre des communes
Filomena Tassi, ministre du Travail
Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et du Changement climatique
Ceux qui entrent au gouvernement :
Anita Anand, ministre des Services publics et de l’Approvisionnement
Mona Fortier, ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances
Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien
Marco E.L. Mendicino, ministre de l’Immigration, des Réfugiés, et de la Citoyenneté
Marc Miller, ministre des Services aux Autochtones
Deb Schulte, ministre des Aînés
Don Vandal, ministre des Affaires du Nord
Article écrit en collaboration de Benjamin Vachet