Vincent de Haître a signé une 11e place sur le 1000 m au Japon, sa meilleure performance individuelle de la saison. Crédit photo: Dave Holland.

Après deux saisons compliquées et un été qui l’a vu être écarté de l’entraînement avec l’équipe nationale canadienne, Vincent de Haître a abordé cette nouvelle saison avec la ferme intention de montrer qu’il est toujours performant au plus haut niveau.

Le patineur de vitesse originaire d’Ottawa revient sur sa première partie de saison, ce qui a bien marché et ce qui a moins bien fonctionné sur les quatre premières étapes de Coupe du monde. Il livre également des détails techniques et tactiques de son approche des courses.

« Comment jugez-vous votre début de saison? 

Je dirais que j’ai fait ce dont j’avais besoin de faire, mais pas vraiment ce que je voulais faire. Mes objectifs étaient un petit peu plus hauts. 

Début novembre, vous nous aviez confié vouloir entrer dans les top 10, quel bilan tirez-vous sur le 1000m où votre meilleure place a été onzième lors de la première étape au Japon? 

J’avais dit top 10, mais je pense que ça va être plus l’objectif pour la fin de la saison. Les classements deviennent de plus en plus difficiles car il y a des gars forts qui ont commencé dans le groupe B. Donc, là, après une couple de compétitions, ils sont montés dans le groupe A et le niveau a augmenté. C’est un peu pour ça que mes résultats ont été moins bons sur les dernières compétitions. 

Il y a eu aussi une grosse maladie qui a atteint plus de 50 % des athlètes, moi inclus. Je suis tombé malade deux fois dans les trois premières semaines. Ce n’était pas idéal, mais ce qui me rend le plus fier c’est que sur le 1000 m, j’ai le plus haut classement international parmi tous les Canadiens.

Après la première étape, vous avez intégré les épreuves par équipes avec une 8e et une 5e place en vitesse et une 3e place en poursuite dans le groupe B…

Je ne m’étais pas trop entraîné pour la poursuite par équipe, mais il n’y avait personne d’autre car un gars s’est blessé. Personne ne voulait le faire car ils avaient une course le lendemain. J’avais fini la majorité de mes épreuves, donc je l’ai fait pour la poursuite. La raison, c’est qu’il nous fallait un certain nombre de points pour pouvoir être éligibles pour participer aux Championnats du monde.

Là, l’objectif c’était juste de participer et de ne pas finir à la dernière place. On l’a fait, mais c’est sûr qu’on n’était pas rapide. On n’a jamais fait un entraînement ensemble, puisque je n’étais pas inclus de l’année dans les sessions d’équipe donc… Il y avait une limite à ce que je pouvais faire. 

Et sur la vitesse, c’était différent? 

Oui c’est différent. J’ai fait les deux. On a fait une petite erreur stratégique dans le premier. Je n’étais pas assez proche des autres gars, donc j’ai presque fini par faire l’épreuve tout seul. Ce n’était pas idéal. On a fait les changements stratégiques et ça a été mieux dans la deuxième. Mais au final, pour moi, cinquième au sprint par équipe, ce n’est pas bon. Dans ma carrière, j’ai fait 12 (courses) vitesses par équipe et, sur les dix premières, j’ai fait sept médailles au total. Finir cinquième, ce n’est pas ce que je vise. 

« Je suis comme une locomotive »

Revenons à l’individuel, d’un point de vue technique, quelles sont vos forces? 

Pour moi, ce n’est définitivement pas le départ et ce n’est pas forcément non plus la fin de course. Ma force, c’est vraiment le milieu. J’ai de la puissance mais je ne suis pas explosif. Dans le patinage, les gestes sont lents mais puissants, tandis que le départ nécessite plus d’explosivité que je n’ai pas. Mais, une fois lancé, je suis comme une locomotive. Comme je suis un peu plus « gros » que les autres, la fin de la course, je la trouve difficile. Ça nécessite beaucoup de travail d’endurance pour gérer le mal des jambes un peu mieux que les autres.

Tactiquement, avec ces forces et ces faiblesses décrites, quelle est votre stratégie?

Sur le 1000 m, en réalité, il n’y en a pas. C’est partir fort et essayer de casser le moins possible. Sur 1500 m, je l’ai changée plusieurs fois pendant les Coupes du monde, mais finalement j’ai opté pour partir vite, relaxer au milieu, puis recommencer à bâtir encore dans la deuxième moitié. 

Vous êtes dans le groupe B au 1500 m. Est-ce que ce sont vos caractéristiques physiques que vous avez décrites précédemment qui expliquent que c’est plus compliqué de retrouver le haut niveau sur cette discipline? 

Je dirais surtout que dans le monde du patinage de vitesse, on dit que le 1500 c’est LA course. C’est la plus difficile car c’est celle que le plus de monde peut faire. Quelqu’un de la vitesse peut faire une à deux minutes d’effort et quelqu’un de l’endurance va partir moins vite mais va finir plus fort. C’est donc une course où il y a beaucoup de monde et c’est difficile de rentrer dans le pool. C’est aussi une course qui fait mal. C’est presque un sprint, il n’y a que 500 m de plus mais ça fait mal. Mon point fort c’est le 1000 m, mais la course que je préfère c’est le 1500. »