Modification de la politique de bilinguisme à Ottawa : la Ville dément

Le maire d'Ottawa Jim Watson et le directeur municipal, Steve Kanallekos.

OTTAWA – Un changement à la politique de bilinguisme autorisant l’embauche d’unilingues parmi les hauts cadres de la Ville d’Ottawa? La rumeur serait fausse, affirme-t-on du côté de la municipalité.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La source de l’incompréhension? La motion votée à l’unanimité lors du conseil municipal, mercredi 13 juillet.

La voici : « Il est en outre résolu que le Conseil approuve une exemption au titre de l’article R.6.3.1 iv) de la Politique de bilinguisme à l’intention des candidats recommandés pour les postes au sein de l’équipe de la haute direction décrits pendant la séance à huis clos, à la condition que lorsque ces candidats auront été nommés, ils suivent une formation en français et que leur progression dans cette formation soit évaluée dans le cadre de l’évaluation annuelle de leur rendement. »

Une motion passée dans le contexte des coupes budgétaires de 2,7 millions $ dans l’administration municipale lesquelles font notamment passer le nombre de hauts cadres de 21 à neuf postes.

La politique de bilinguisme de la Ville d’Ottawa adoptée en 2001 stipule que tous les candidats externes considérés pour des postes de gestion doivent être bilingues. « Les seules exceptions, après qu’un vaste effort de recrutement a été déployé, devront obtenir l’approbation du Conseil », dit le document de la Ville.

Une politique que la municipalité dément avoir changé avec cette motion : « L’exemption dont il est question dans la motion ne concerne qu’un membre de la nouvelle équipe de la haute direction, soit Donna Gray, directrice générale du Service de l’innovation et de la performance », affirme la gestionnaire des services en français de la Ville, Michelle Rochette, dans un échange de courriels avec #ONfr.

« L’exemption ne concerne pas d’autres hauts dirigeants ni les futures embauches. Mme Gray suit déjà des cours de français et s’est engagée à continuer à apprendre le français afin de satisfaire aux exigences de son nouveau poste. »

Joint par #ONfr, le conseiller francophone de Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, ne cache pas sa frustration : « Nous étions à huis clos et avons dû abolir 12 postes dans la haute-direction. Donna Gray était déjà en poste à la Ville d’Ottawa, mais va occuper un nouveau poste. C’est pour cela qu’il y a eu une exemption. »

Citée dans un article de Radio-Canada, jeudi 14 juillet, la directrice générale de l’Association des communautés francophones (ACFO) d’Ottawa, Isabelle N. Miron affirmait que la prétendue décision de la municipalité était comme « manquer de respect à une communauté importante de la ville ». Une déclaration qui fait bondir M. Fleury : « Elle n’a pas pris le temps de vérifier. »

À l’heure où nous mettons ces informations sous presse, Mme Miron et Alexandre Mattard-Michaud, président de l’ACFO d’Ottawa, n’étaient pas disponibles pour des commentaires.

Exemptions

Reste que parmi les postes de haut cadre de la Ville d’Ottawa, la plupart bénéficient d’une dérogation à huis clos du conseil municipal pour permettre l’emploi d’un unilingue. Ce fut par exemple le cas en février dernier avec le nouveau directeur général de la Ville, Steve Kanellakos, le tout pour remplacer Kent Kirkpatrick.

Suite à cette nomination, #ONfr avait constaté qu’environ la moitié de la vingtaine d’emplois de hauts cadres de la Ville d’Ottawa étaient alors occupés par des unilingues anglophones.

D’après les chiffres obtenus par #ONfr, 10 des 23 titulaires de postes de la haute direction de la Ville avaient dû recevoir une formation linguistique en français en 2010. Un chiffre grimpant à 12 en 2011, puis 10 en 2012, 8 en 2013 et 6 en 2014.

Depuis décembre 2009, la formation linguistique est en réalité obligatoire pour tous les hauts cadres ne satisfaisant pas aux exigences de la politique de bilinguisme.