Le directeur artistique suppléant, Dillon Orr, présente la nouvelle programmation du TNO. Crédit image: Priscilla Pilon

SUDBURY – Le monde des arts se porte bien à Sudbury si l’on se fie aux lancements de programmation de deux des organismes culturels qui ont pignon sur rue à la Place des Arts du Grand Sudbury. La Slague et le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) ont tous deux fait salle comble dans les derniers jours. Coup d’œil à ce qui attend les spectateurs pour la saison automne-hiver.

Le TNO déploie sa programmation des prochains mois sous le thème « Il n’y a pas d’extraterrestres, il n’y a que nous. » Dans une vidéo promotionnelle, le directeur artistique suppléant Dillon Orr explique qu’il a programmé plusieurs spectacles aux thèmes un peu apocalyptiques, qui ont un parfum de fin du monde, auraient peut-être dit Mario Pelchat et Michel Legrand.

Il parle de projet social et de l’idée de chercher des réponses en nous-mêmes plutôt que d’attendre des solutions miracles venues d’ailleurs. « J’ai vraiment voulu aller chercher des spectacles spectaculaires, dans le sens qu’ils n’appartiennent qu’au théâtre, qu’ils seraient impossibles sur Youtube, sur Netflix ou sur Internet. »

Dillon Orr dans l’image représentant la nouvelle saison du TNO, sous le thème « Il n’y a pas d’extraterrestres, il n’y a que nous. » Gracieuseté TNO

Les thèmes et valeurs de la déconnexion, de la décroissance, de la communauté et du retour à l’essentiel jalonneront cette saison, qui inclura plusieurs créateurs franco-ontariens. Dillon Orr affirme aussi avoir pensé la programmation autour d’artistes et de tournées écoresponsables. Initiative originale, chaque spectacle aura son propre porte-parole, un membre de la communauté qui soutient le sujet de la pièce.

Pour les jeunes spectateurs

Les 5 à 10 ans seront les premiers spectateurs du TNO cet automne, puisque la pièce jeunesse Mamuche ouvrira le bal le 21 octobre. Dans ce théâtre de marionnettes et de conte, on suit l’histoire de Grace, une jeune fille vivant avec plusieurs troubles d’apprentissage. En plus de la dyslexie et d’autres maux, elle doit composer avec la séparation de ses parents. Pris dans leurs émotions d’adultes, ils n’ont pas toujours les ressources pour accompagner leur fille dans ses défis. La jeune Grace traîne partout son mammouth en peluche, Mamuche, avec qui elle vivra de grandes aventures dans le Nord de l’Ontario. Mamuche est une production du Théâtre Mauve Sapin de Hearst.

La comédienne Virginie Charland manipule la marionnette Mamuche. Crédit image : Clémence Roy-Darisse

C’est aussi une pièce jeunesse qui clôturera la saison. Dans SCOOOOOTCH! Les enfants verront se construire de sculptures de papier collant et pourront participer à les déconstruire à la fin, un vrai bonheur pour les deux à six ans.

La pièce GLITCH, présentée en avril, vient compléter l’offre familiale. Une pièce pour les 5 à 12 ans psychédélique et clownesque, qui joue avec la lumière et surtout avec le laser.

Pour le grand public

En novembre, la pièce Le poids des fourmis s’adressera plutôt aux adolescents, ou à ce qui reste d’adolescent en rébellion en chaque spectateur. Elle parle d’écoanxiété, de cynisme, de mobilisation citoyenne, d’abus de pouvoir et peut-être un peu d’espoir.

En février, France Huot, Mariana Lafrance et Caroline Raynaud exploreront de nouvelles créations féministes dans le théâtre-laboratoire Le cabaret de la Cellule d’écritures. De plus, le comédien Pier Paquette analysera son propre travail d’acteur dans une pièce solo intitulée Le château intérieur.

De nombreux curieux se sont réunis à la Place des arts du Grand Sudbury le 31 août pour connaître la programmation automne-hiver du TNO. Crédit image : Priscilla Pilon

En mars, les spectateurs oscilleront entre rire, réflexion et inconfort avec Malaise dans la civilisation. On parle d’un univers absurde, grotesque, d’un « théâtre déconstruit qui ne dépend pas d’un texte », créé par la troupe montréalaise Daniel Léveillé Danse.

Il aurait été presque impensable d’articuler une saison du TNO autour du thème de la fin du monde, en mettant en valeur nos communautés, sans ajouter Ode ou la vie après avoir regardé le soleil dans le blanc des yeux. Cette pièce, écrite par le Sudburois Antoine Côté-Legault et mise en scène par lui et Lisa L’Heureux, a été créée en mai dernier. Cette collaboration Ottawa-Sudbury est une coproduction du Théâtre Rouge Écarlate et de La Bibitte, en collaboration avec le Théâtre Catapulte.

La porte-parole communautaire de Ode ou la vie après avoir regardé le Soleil dans le blanc des yeux est denise truax, directrice de l’édition chez Prise de parole. Gracieuseté TNO

Ode raconte l’histoire d’un groupe d’amis qui s’offre un « party de la dernière chance » après qu’on ait annoncé que la Lune s’était décrochée de son orbite et fonçait droit sur la Terre. Le texte est publié chez Prise de parole, la maison d’édition dont les bureaux se trouvent à deux couloirs de ceux du TNO, à la Place des Arts du Grand Sudbury.

Pour la communauté

En plus d’être un thème récurrent à travers les pièces et d’être incarnée par les porte-paroles de chaque spectacle, la communauté sudburoise est invitée à s’impliquer. Des auditions ouvertes à tous se sont tenues pendant l’événement de lancement à la Place des Arts. La pièce communautaire La terre est gronde sera présentée en décembre. Elle a été écrite par le collaborateur de longue date du TNO, Michel Ouellette, et sera mise en scène par Dillon Orr.

Camille Dillon en audition pour la pièce communautaire. L’adolescente a fait partie de La Brigage, une initiative du TNO pour initier les jeunes au théâtre. Elle est aussi la porte-parole de la pièce Le poids des fourmis. Crédit image : Priscilla Pilon

Le « concours de talent théâtralisé » Par ici, le talent sera de retour pour une deuxième édition, en collaboration avec le Centre de santé communautaire du Grand Sudbury. Ce programme permettra à de nouveaux arrivants francophones de vivre une expérience de théâtre, épaulés par des professionnels.

La Slague

Plus tôt cette semaine, c’est le diffuseur de concert du Carrefour francophone, La Slague, qui lançait sa nouvelle saison sous le thème Un retour aux racines. Ici aussi, on souhaite remettre la communauté à l’avant-plan. Cette volonté s’incarne entre autres dans le fait d’offrir un local de répétition et d’agir comme producteur du concert de Noël de la chorale les Troubadours.

Une autre initiative intéressante est le Bistro des découvertes. Dans ce rendez-vous mensuel, des artistes établis invitent de nouveaux talents à se produire au Bistro de la Place des Arts afin de faire découvrir ces artistes émergents au public curieux. La première soirée aura lieu le 19 septembre.

Gregory Charles sera l’une des têtes d’affiche du French Fest de Sudbury en septembre. Crédit image : Stéphane Bédard

Quelques jours plus tard, le French Fest battra son plein. On pourra y voir Gregory Charles et Stéphanie Morin-Robert. Découverte par plusieurs diffuseurs lors de Contact Ontarois en janvier dernier, cette artiste originaire de Timmins offre une performance unique mettant en vedette… son œil de verre. Angle mort est un spectacle à crouler de rire qui donne aussi dans la sensibilisation et la démystification.

En octobre, le musicien et conteur Thomas Hellman visitera la place des arts dans un spectacle présenté en collaboration avec le Centre franco-ontarien de folklore et le Salon du livre du Grand Sudbury. En novembre, l’humoriste québécois Guillaume Pineault viendra roder son deuxième spectacle.

À l’aide d’une caméra et d’énormément d’humour, Stéphanie Morin-Robert explique comment elle vit avec un œil de verre depuis son enfance. Crédit image : Stéphane Bédard

La Slague et le TNO ont tous les deux adopté le principe de billetterie solidaire, qui permet aux gens de se procurer des billets au montant qu’ils peuvent payer. Cette initiative vise à rendre la culture plus accessible.