Le commissariat aux langues officielles du Canada et son commissaire Raymond Théberge bénificiera d'une augmentation. Archives ONFR+
L'actuel commissaire aux langues officielles Raymond Théberge quittera son poste au terme de son mandat au début de 2025. Archives ONFR

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a lancé le processus pour trouver un successeur au commissaire aux langues officielles Raymond Théberge, qui quittera prochainement le poste qu’il occupe depuis sept ans.

Les mandats des commissaires aux langues officielles sont d’une durée officielle de sept ans et celui de Raymond Théberge expirera en janvier 2025. Ce dernier a été nommé par le premier ministre Justin Trudeau en décembre 2017.

L’affichage pour le poste est ouvert depuis le 1er août et l’évaluation des candidatures est débutée depuis le 12 septembre, indique le Bureau du Conseil privé, qui ne précise toutefois pas quand le processus prendra fin. La Loi sur les compétences linguistiques exige que la personne nommée soit bilingue au moment de sa nomination.

« Les détails relatifs au processus de sélection pour les postes nommés par le gouverneur en conseil sont confidentiels, tant que le processus est en cours », soutient Daniel Savoie, porte-parole au Bureau du Conseil privé, dans une déclaration écrite.

Dans le cadre du processus de sélection, un comité du Bureau du Conseil privé devra recommander un candidat à Justin Trudeau, explique le site Internet sur les nominations par le gouverneur en conseil. Le candidat choisi sera alors soumis au cabinet (le gouverneur en conseil), qui peut décider d’approuver ou de rejeter le candidat recommandé. Ensuite, le choix du premier ministre devra être approuvé par un comité parlementaire, ainsi que par le Sénat et la Chambre des communes.

« Les informations relatives à la conclusion du processus de nomination seront communiquées une fois que le processus sera terminé et que le commissaire aura été nommé », précise le Bureau du Conseil privé.

Un commissaire anglophone, selon la tradition

Selon la tradition d’alternance entre anglophones et francophones, la prochaine personne qui sera nommée devrait être un anglophone. Le prédécesseur de Raymond Théberge, entre 2006 et 2016, Graham Fraser, était un anglophone du Québec alors que la Franco-ontarienne Dyane Adam a occupé le poste de 1999 à 2006. Ghislaine Saikaley avait occupé la fonction entre 2016 et 2018, mais à titre de commissaire par intérim. 

L’ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser. Archives ONFR

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), estime qu’avec la Loi sur les langues officielles qui a été modernisée il y a un peu plus d’un an, il faudrait que la personne embauchée puisse être en mesure de faire bouger les choses à Ottawa.

« On aimerait quelqu’un qui changera une fois pour toutes la culture des langues officielles au gouvernement (…) On a besoin d’un commissaire qui prend tous les moyens possibles pour mettre en œuvre tous les nouveaux leviers qu’on vient d’avoir avec la Loi », affirme Liane Roy, présidente de la FCFA.

Raymond Théberge, un franco-manitobain de naissance, était le recteur de l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick. avant sa nomination.

L’organisme porte-parole des anglophones au Québec, le Quebec Community Groups Network, avance que ses attentes sont que Justin Trudeau nommera un anglophone du Québec à cette fonction.

« C’est important pour la communauté anglophone au Québec (…) C’est une question de tradition, ça a (toujours) été et on aimerait garder la tradition », tranche sa directrice générale Sylvia Martin-Laforge

« On aimerait une personne qui a une ouverture et une compréhension des langues officielles au Canada, autant des minorités francophones à l’extérieur du Québec et aussi de la minorité d’expression anglaise au Québec » , ajoute-t-elle.

Liane Roy affirme que la FCFA n’a aucun problème avec un commissaire d’origine anglophone, saluant le travail « d’excellents » anciens commissaires comme Keith Spicer, par exemple.

Un scandale la dernière fois

En 2017, le processus de nomination avait fait scandale après que les libéraux aient originalement nommé Madeleine Meilleure comme commissaire. Cette dernière, qui a été députée et ministre (notamment aux Affaires francophones) libérale sur la scène provinciale en Ontario, avait finalement retiré sa candidature après avoir été nommée par Justin Trudeau.

Les oppositions et certains organismes francophones, à l’époque, avaient dénoncé une nomination et un processus partisan, notamment après qu’il ait été révélé qu’elle avait rencontré des hauts placés du bureau de Justin Trudeau, comme sa cheffe de cabinet Katie Telford, avant d’obtenir le rôle de commissaire.