Ottawa-Ouest-Nepean : une campagne à sens unique pour Anita Vandenbeld
Candidat malheureux lors des élections de 2015, le conservateur Abdul Abdi s’achemine vers une nouvelle déroute face à la députée libérale sortante Anita Vandenbeld, loin devant dans les intentions de vote.
LE CONTEXTE
Anita Vandenbeld avait mis fin, en 2015, à une décennie de pouvoir conservateur sous la férule de l’ancien ministre du gouvernement Harper, John Baird, en éclipsant Abdul Abdi.
Quatre ans plus tard, l’histoire semble se répéter : la libérale caracole en tête face au même adversaire politique et avec la même avance (45 % contre 29 %), selon les dernières estimations du site qc125.
M. Abdi n’a pas dit pour autant son dernier mot. Le policier d’expérience se positionne en monsieur sécurité dans une partie de la ville marquée par les fusillades. Il prône des quartiers sûrs, à l’abri des drogues, des armes à feu et du crime organisé.
Ce réfugié de la guerre civile, immigré il y a plus de 30 ans, met aussi en avant ses origines modestes. Contre « le fardeau des impôts élevés et l’augmentation du coût de la vie », il préconise « des politiques qui aideront les Canadiens à conserver une plus grande part de leur argent durement gagné ».
Distancée par le duo de tête, la candidate néo-démocrate, Angella McEwen, recueille un nombre de votes proche de celui du candidat vert David Stibbe, autour de 10% de la faveur populaire.
« Les gens en ont assez des scandales et des promesses non tenues des libéraux et craignent que les conservateurs ne dégradent encore plus la situation », critique-t-elle, se présentant en alternative.
Serge Guevorkian, du Parti populaire du Canada, est crédité de 2%.
ENJEUX
Dans la capitale canadienne, où le taux de participation a dépassé les 74 % en 2015 – au-delà de la moyenne nationale -, les enjeux nationaux télescopent les besoins locaux. S’il en est un qui polarise la campagne, c’est bien celui du coût élevé de la vie, une préoccupation omniprésente chez des Ottaviens.
« J’entends tous les jours des gens qui ont de plus en plus de difficulté à joindre les deux bouts », déplore la candidate du NPD Mme McEwen, évoquant le cas des personnes âgées seules.
« Le coût du logement, de la nourriture, de l’énergie et de l’eau augmente plus vite que les salaires ou les retraites », assène la néo-démocrate, reprochant au gouvernement libéral une certaine frilosité. « Des changements ont aidé les gens comme le crédit d’impôt pour enfants, mais le plus souvent, les décisions ont davantage profité à leurs amis fortunés bien connectés. »
Et d’illustrer : « Anita Vandenbeld était à l’annonce qui a donné 12 millions de dollars à Loblaws pour l’achat de nouveaux réfrigérateurs. »
Mais pour le conservateur, Abdul Abdi, si on en est là c’est d’abord à cause des taxations. Il milite pour des baisses d’impôt, l’abolition de la taxe carbone et le retour à l’équilibre budgétaire. Des mesures de nature à soulager directement, selon lui, la classe moyenne.
La députée sortante balaye ces arguments d’un revers de main. Consciente des défis restant à venir, elle rappelle son bilan pour les populations modestes : la construction de 42 logements abordables pour les aînés au centre de santé communautaire Carlington, la construction d’un nouveau refuge pour femmes à Nelson House ou encore, la rénovation du quartier DARE de la bibliothèque du Collège Algonquin, qui donnera aux étudiants les compétences en entrepreneuriat et en innovation.
Mme Vandenbeld met aussi en avant l’efficacité des politiques libérales dans la région de la capitale nationale.
« C’est la première fois que 11 députés des deux côtés de la rivière se réunissent régulièrement en caucus pour résoudre des problèmes à l’échelle régionale, par-delà les frontières municipales et provinciales. Je pense que cela nous a permis d’être proactifs et d’obtenir des résultats concrets », dit-elle.
Des promesses pour la minorité francophone
Pour Anita Vandenbeld, le principal défi des francophones de l’ouest d’Ottawa réside dans le taux d’assimilation qui dépasse 80 %.
« Tandis que nous continuons d’attirer de nouveaux Canadiens pour qui le français est la langue principale, leurs enfants perdent leur langue et avec elle leur propre patrimoine et le fier héritage des Franco-Ontariens. »
En faveur de plus de services en français tels que les services de garde, les programmes pour les jeunes et les activités récréatives, elle souligne son engagement dans la nouvelle Maison de la Francophonie d’Ottawa. « J’ai préconisé ce projet bien avant mon élection et continuerai à le faire », affirme-t-elle.
Si Mme McEwen fait le même constat que sa rivale, elle reproche aux libéraux de ne pas être allés assez loin.
« Frappant aux portes, je constate que le nombre de francophones dans la circonscription augmente, de même que la demande de services en français, notamment en matière de garde d’enfants et d’éducation, mais jusqu’à présent, les services ne suivent pas la demande. »
La néo-démocrate insiste aussi sur l’urgence de moderniser la Loi sur les langues officielles qui nécessite, selon elle, un « examen complet ». « Un gouvernement néo-démocrate améliorera l’accès aux services fédéraux dans les deux langues », assure-t-elle.
« Il collaborera avec les provinces et les territoires pour améliorer l’enseignement dans la langue de la minorité et modernisera la loi afin d’élargir la portée des droits linguistiques et veiller à ce que les communautés de langue minoritaire soient consultées sur les décisions qui les concernent. »
Anita Vandendeld soutient, elle aussi, la modernisation de La loi sur les langues officielles. « J’ai discuté avec des associations francophones de certaines lacunes de la loi et je suis très disposée à la moderniser et à l’améliorer. »
LES PRINCIPAUX CANDIDATS
Anita Vandenbeld, Parti libéral du Canada
Abdul Abdi*, Parti conservateur du Canada
Angella MacEwen, Nouveau Parti démocratique
David Stibbe*, Parti vert du Canada
Serge Guevorkian*, Parti populaire du Canada
LA CIRCONSCRIPTION EN BREF
Nom : Ottawa-Ouest-Nepean
Population (2016) : 111 837
Électeurs inscrits : 84 557
Revenu médian des ménages : 47 653 $
Proportion de francophones (selon la première langue officielle parlée, déclarée dans le recensement de 2016) : 10,3 %
Députée sortante : Anita Vandenbeld, Parti libéral du Canada, depuis 2015
*Les candidats des partis vert, conservateur et populaire n’ont pas donné suite à nos demandes d’entrevue.