Le député libéral Chandra Arya se tient aux côtés du premier ministre Justin Trudeau lors d'une conférence de presse à Ottawa en mars 2019. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang
Le député libéral Chandra Arya se tient aux côtés du premier ministre Justin Trudeau lors d'une conférence de presse à Ottawa en mars 2019. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Le fait de ne pas être bilingue et de ne pas maîtriser le français n’a pas d’importance, selon l’un des premiers candidats à s’être déclaré à la succession de Justin Trudeau, Chandra Arya, un député fédéral d’Ottawa.

Il a annoncé jeudi qu’il se déclarait candidat pour devenir le chef du Parti libéral du Canada en remplacement de Justin Trudeau, qui a annoncé sa démission lundi. Chandra Arya en a fait l’annonce sur X dans une vidéo et un communiqué de presse entièrement en anglais.

« Non, pas de français », a-t-il d’abord répondu lorsque questionné (en anglais) sur sa maîtrise du français à l’émission Power & Politics sur CBC.

« Le point est qu’autant les Québécois que les Canadiens anglais, ce n’est pas la langue qui est importante, mais c’est ce qui leur est livré », a dit celui qui représente la circonscription de Nepean, en banlieue d’Ottawa.

« Mais à la fin de la journée, la langue est très importante au Québec? », l’a alors relancé l’animateur.

« Non », a-t-il répété, soutenant que les Québécois « voient qui a livré quoi ».

« Croyez-moi, à la fin de la journée, pour les Canadiens français et anglais, ce qui compte, c’est ce qui est bon pour leurs enfants et leurs petits-enfants, la prospérité dont vont profiter leurs enfants », a-t-il dit.

Le ministre et lieutenant pour le Québec chez les libéraux, Jean-Yves Duclos, n’a pas tardé à dénoncer les propos de son collègue, écrivant sur X que « le prochain chef du Parti libéral devra impérativement être bilingue ».

« Le français et l’anglais font parties intégrantes de l’identité canadienne (…) C’est une question de respect et de valeurs. C’est aussi essentiel pour maximiser nos chances de gagner les prochaines élections », a-t-il plaidé.

Soulignant que le pays a toujours eu « des anglophones, et des personnes qui parlent couramment le français comme premiers ministres », Chandra Arya estime que ce qui compte le plus pour les Québécois, « c’est que le Canada devienne un pays souverain ».

Ce dernier fait de l’abolition de la monarchie britannique l’une de ses promesses s’il devient chef du Parti libéral. Ingénieur et entrepreneur né en Inde, il a immigré au Canada en 2006 et a été élu en 2015 sous la bannière libérale. Il promet aussi d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans, d’augmenter le PIB réel du Canada à 5 billions de dollars d’ici 25 ans, en plus de reconnaitre la Palestine comme un État.

Mélanie Joly ne sera pas de la course

Au moment d’écrire ces lignes, Chandra Arya est le premier député qui a annoncé qu’il se présentait. L’ex-ministre des Finances, Chrystia Freeland, l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de l’Angleterre, Mark Carney, seraient d’autres candidats qui se lanceraient, ont rapporté le Globe And Mail et Radio-Canada dans les derniers jours.

D’autres ministres ont affirmé publiquement qu’ils réfléchissaient à l’idée de se lancer dans la course, comme François-Philippe Champagne, Jonathan Wilkinson et Steve MacKinnon. Ce dernier a d’ailleurs plaidé que seules les personnes bilingues devraient pouvoir se présenter comme chef du Parti libéral.

« Et bilingue pour moi, c’est de savoir apprécier le fait francophone au Canada, savoir apprécier le Québec dans son ensemble et l’ensemble des communautés francophones au pays et donc aussi, ce facteur-là va être primordial », avait-il plaidé plus tôt cette semaine.

Mélanie Joly, l’ancienne ministre des Langues officielles et actuelle ministre des Affaires étrangères, a indiqué vendredi qu’elle ne se présenterait pas à la chefferie, après avoir laissé entendre plus tôt cette semaine qu’elle y réfléchissait. Elle explique que la nature de son poste lui force à « consacrer chaque minute de mon temps et toute mon énergie à défendre les intérêts des Canadiens ».

« Bien que je sois prête à devenir la première femme à diriger le Parti libéral du Canada, j’ai conclu que la situation internationale actuelle, en particulier la menace des tarifs et des autres pressions économiques complètement injustifiables de la part du président élu des États-Unis, requiert une réponse ferme et urgente. La menace est maintenant », a-t-elle écrit sur X.

Le Parti libéral a d’ailleurs annoncé jeudi que le nouveau chef sera choisi le 9 mars et que les aspirants chefs ont jusqu’au 23 janvier pour se déclarer. Les membres auront jusqu’au 27 janvier pour s’enregistrer pour voter. Seuls les résidents permanents et les citoyens canadiens âgés de 14 ans et plus auront le droit de vote. Les aspirants chefs devront de leur côté amasser une somme de 350 000 $ pour être éligibles.