Pas de juriste ni de relationniste dans l’unité francophone de l’ombudsman
TORONTO – En plus d’abolir plusieurs postes, l’ombudsman de l’Ontario a décidé de démembrer l’ancienne équipe du Commissariat aux services en français (CSF), en lui retirant deux postes névralgiques. Il n’y aura plus de juriste ni de spécialiste des communications évoluant spécifiquement au sein de la nouvelle structure, a appris ONFR+.
La nouvelle unité francophone de l’ombudsman comptera donc 10 personnes, en incluant le poste de commissaire et le nouveau poste de responsable des enquêtes. Du temps de son indépendance, l’ancienne équipe du Commissariat aux services en français était, au contraire, composée de 15 personnes.
Quant au juriste et au poste en communication, qui existaient sous le Commissariat, il a été décidé de les intégrer aux équipes juridiques et de communication existantes au sein du bureau de l’ombudsman. Ils ne seront d’ailleurs pas sous l’autorité du commissaire aux services en français, mais plutôt de celle de l’ombudsman. Concrètement, cela signifie qu’ils ne vont plus travailler à temps plein avec l’unité francophone, mais qu’ils y seront assignés, au besoin, fait savoir un intervenant au fait du dossier.
La porte-parole de l’ombudsman, Linda Williamson, n’a pas nié les changements, mais fait une lecture différente de la situation.
« J’ai noté vendredi que les fonctions de l’unité des services en français, y compris les opérations juridiques et des communications, seront centralisées au sein de notre bureau comme prévu par la Loi », dit-elle dans une déclaration écrite. « Le juriste et le responsable des communications actuels du CSF continueront à travailler sur les questions linguistiques et les enjeux francophones – avec le soutien de nos ressources et direction », ajoute-t-elle, tout en refusant de garantir que l’ensemble de leur travail demeurera consacré aux enjeux francophones.
Auparavant, le juriste du Commissariat aux services en français pouvait chaque jour conseiller ses collègues et leur fournir des avis juridiques sur les dossiers francophones du moment. Il en était de même pour la directrice des communications qui consacrait tout son temps à planifier les stratégies à adopter pour promouvoir les projets et initiatives du Commissariat auprès des Franco-Ontariens.
En étant au cœur de l’équipe, ces deux intervenants pouvaient jouer un rôle proactif et bonifier les projets avec leur propre expertise, s’entendent plusieurs intervenants interrogés par ONFR+.
Affaiblissement
La décision de l’ombudsman de l’Ontario vient affaiblir encore davantage l’influence et la force de frappe de son équipe d’enquête francophone, croit Linda Cardinal, politologue de l’Université d’Ottawa spécialisée dans les questions linguistiques.
« Du point de vue de la communauté francophone, il n’aurait pas fallu toucher à l’intégrité du bureau. Chaque personne représentait un élément de la chaîne. Il y avait une dynamique particulière qui faisait que tout le monde travaillait ensemble », affirme-t-elle. « Si on met le juriste avec les juristes, il sera sorti de son environnement naturel. D’un point de vue administratif, c’est peut-être plus fonctionnel que tous les avocats travaillent ensemble. Mais si on pense au Commissariat, ça vient changer la dynamique. Ça aura un impact sur le travail qui est fait », ajoute-t-elle, sans hésiter.
Elle s’étonne de la quantité de changements décidés par l’ombudsman, Paul Dubé.
« Au départ, on disait que rien n’allait être changé. Le Commissariat ne devait être que transféré. On a donc fonctionné sur l’idée que la petite équipe allait continuer à travailler ensemble. Là, on a des postes qui ne seront pas comblés, une équipe qui perd son unité, des descriptions de tâches différentes et même des postes qui changent d’autorité », souligne-t-elle. « Ça soulève plein de questions. Le nouveau commissaire pourra-t-il faire son travail de la même façon? Vont-ils demeurer tous dans les mêmes bureaux? Les tâches seront-elles les mêmes? », se demande Linda Cardinal.
En plus du retrait des deux postes de l’équipe francophone, l’ombudsman a décidé d’abolir trois postes qui existaient au sein du Commissariat aux services en français, révélait ONFR+, vendredi. Fait à noter : tous ces changements surviennent même si l’ombudsman ne sait pas encore de quel budget il héritera de la province pour la prochaine année.
Paul Dubé n’accorde aucune entrevue pour expliquer ses décisions. Son bureau indique qu’il ne sera disponible qu’à la fin du mois d’avril.