Penetanguishene : une « exposition permanente » pour le 40e anniversaire de l’école de la résistance
PENETANGUISHENE – C’est l’un des plus grands moments de l’histoire franco-ontarienne qui sera célébré début septembre à Penetanguishene. À l’occasion du 40e anniversaire des débuts de l’école de la résistance, une « exposition permanente » verra le jour directement dans les locaux de l’ancien établissement, aujourd’hui occupé par l’organisme La Clé d’la Baie.
L’ouverture officielle se fera le 3 septembre prochain, 40 ans jour pour jour après la date historique.
L’organisme dédié à la promotion de la francophonie dans la région du comté de Simcoe espère que cette exposition sera « le sciage d’une bûche plutôt que la traditionnelle coupe du ruban pour symboliser la difficulté en 1979 d’obtenir une école secondaire de langue française ».
Au troisième étage de La Clé, l’exposition L’École de la résistance : dix sous, dix ans et une victoire pour l’Ontario français représentera dans une première salle dix photos historiques agrandies, et une peinture murale « historique » réalisée par Mique Michelle. La deuxième salle comportera différents objets de cette crise scolaire, ainsi qu’une série de citations.
Dix ans de combats
Rappel des faits : depuis 1976, le Conseil scolaire de Simcoe restait sourd aux demandes des francophones quant à la création d’une école.
Le ton est monté brusquement en septembre 1979, à quelques mois du référendum sur la souveraineté au Québec, lorsque les francophones ouvraient l’École secondaire de la Huronie, une école parallèle et illégale. Cette « école de la résistance » comprenait 54 élèves de la 9e à la 13e année.
Le combat judiciaire s’acheva en deux étapes. D’abord, en 1980, quand une entente de principe avec la province et le conseil scolaire permit d’obtenir une école. Construite entre 1980 et 1981, l’école secondaire Le Caron pouvait enfin ouvrir ses portes le 23 avril 1982.
Parallèlement, en juillet 1986, la Cour supérieure de l’Ontario donnait raison à Jacques Marchand, dans son procès intenté en 1984 contre la province et le conseil scolaire, aboutissant au jugement Sirois. Ce jugement obligeait l’Ontario à investir 5,7 millions de dollars pour agrandir l’École Le Caron, afin qu’elle puisse offrir des services équivalents à ceux donnés à la majorité anglophone.
La Clé d’la Baie reconnaît que cette exposition permanente est possible grâce à une subvention fédérale, obtenue de la part d’Emploi et Développement social Canada.
« Il était temps »
Ancienne élève de l’école, Micheline Marchand salue l’initiative.
« Il était temps d’avoir quelque chose », affirme-t-elle au téléphone, interrogée par ONFR+. « Il n’y avait jusque-là pas grande chose, juste des photos et des explications sommaires à l’école Le Caron. Je trouve que c’est tellement important de rappeler ces luttes-là… On oublie, les gens vieillissent, mais le rappeler est un bienfait pour tout le monde. »
Figure de proue de cette résistance à titre d’ancien conseiller scolaire au moment des événements, le militant Basile Dorion n’hésite pas à faire un parallèle entre le passé… et le présent.
« Je pense que cette exposition permanente va rappeler aux gens le combat et peut-être donner l’idée de recommencer et faire la même chose. Il y a 40 ans passés, les nombres ne suffisaient pas, on a changé les choses! »
« C’est une petite surprise, c’est une très belle surprise », laisse entendre M. Dorion qui, il y a deux semaines, avait faire une sortie publique pour condamner la présence trop importante, selon lui, des élèves anglophones dans les écoles de langue française.
Dans le combat judiciaire qu’il souhaite mener, le résident de Penetanguishene a eu recours au cabinet d’avocats CazaSaikeley. Il vise trois conseils scolaires en particulier : le Conseil scolaire catholique MonAvenir, le Conseil scolaire catholique Providence et le Conseil scolaire Viamonde.