Pensions : les voix s’élèvent contre Wynne
OTTAWA – Promesse du gouvernement de Kathleen Wynne, le régime provincial de pensions continue d’essuyer les critiques du gouvernement fédéral, de ses adversaires politiques… et maintenant de certains experts.
SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz
Professeur à la Sprott School of Business de l’Université Carleton, Ian Lee n’a pas manqué de dénoncer « l’absurdité » d’un tel projet, lors de sa présentation jeudi 22 janvier à l’occasion de consultations budgétaires à Ottawa.
Les dix minutes imparties à son discours ont vu l’expert discréditer le régime proposé par la première ministre. Premier argument selon lui : « Le Canada se situe en avant-avant-dernière position sur la liste des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) touchés par la pauvreté des aînés. »
Chiffres à l’appui, l’expert affirme que les avoirs des Canadiens ont « doublé » sur la période 1999-2012, ne justifiant pas ainsi des dépenses sociales de la sorte. « Il n y a qu’une catégorie qu’on devrait protéger davantage au Canada : ce sont les femmes très âgées. »
M. Lee enfonce même le clou en déclarant que le plan Wynne ne rapporterait en réalité « pas un dollar » aux aînés du fait que le Supplément de revenu garanti (SRG) « baisserait automatiquement en étant transféré à l’Ontario ».
Présent lors de la démonstration, le député progressiste-conservateur de Nipissing, Vic Fideli s’est montré pour le moins encouragé : « Je suis à 100% d’accord avec cette analyse. C’est bien plus qu’un gâchis d’argent, car les libéraux veulent nous imposer ce projet, sans même consulter personne. Si l’idée est, un jour, votée, cela se traduirait par des pertes d’emplois massives. »
Un tiers sans régime d’épargne
Le portrait sombre de l’expert n’est bien entendu pas du goût de la députée libérale d’Ottawa-Orléans, Marie-France Lalonde. « Quand M. Lee affirme que les Canadiens ont plus d’avoirs qu’auparavant, il oublie de mentionner que la situation économique du pays a changé. C’est désormais beaucoup plus difficile de revendre sa maison à un bon prix. Beaucoup d’aînés en Ontario, même à Ottawa, ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Voilà la réalité. »
Kathleen Wynne a toujours rappelé qu’un tiers des Ontariens n’ont pas accès à un régime d’épargne retraite privé. D’où la nécessité selon elle de bonifier le Régime de pensions du Canada (RPC) dont la prestation maximale de 12 500 $ est jugée insuffisante à ses yeux.
Le régime de retraite que proposent les libéraux à Queen’s Park pourrait entrer en vigueur en 2017.