Pensions : l’Ontario doit prendre les devants, dit Mitzie Hunter
TORONTO – La ministre responsable de la mise sur pied d’un régime de pensions de l’Ontario promet de doter le programme d’un mécanisme d’« intégration future » au Régime de pensions du Canada (RPC), au cas où le gouvernement fédéral change d’idée et décide, à son tour, de bonifier les retraites d’un océan à l’autre.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
Mitzie Hunter affirme que le futur Régime de retraite de la province de l’Ontario (RRPO) sera non seulement calqué sur le modèle du RPC, mais aussi compatible avec le régime fédéral, si jamais une occasion d’harmoniser les deux programmes se présente.
« Nous allons calquer (le RRPO) sur le modèle du RPC. Nous allons nous assurer que les deux programmes soient assez semblables pour qu’il y ait une possibilité d’intégration future », a précisé Mme Hunter lors d’un point de presse à Queen’s Park, le mercredi 30 juillet.
L’élue de Scarborough-Guildwood, à Toronto, refuse toutefois de spéculer sur les intentions d’Ottawa.
« L’Ontario prend les devants. Le fédéral a unilatéralement fermé la porte à l’amélioration du RPC. Nous ne pouvons pas attendre. Nous devons nous assurer que les Ontariens aient accès à une retraite plus sécuritaire », a déclaré Mme Hunter.
Le RRPO que proposent les libéraux de Kathleen Wynne doit bonifier la retraite de quelque 3 millions d’Ontariens gagnant moins de 90 000 $ par année et n’ayant pas déjà accès à un régime privé auprès de leur employeur.
Le fonds, administré par un tiers, doit être prêt à recevoir ses premières contributions, le 1er janvier 2017.
Cavalier seul
Fin 2013, l’Ontario a mené la charge auprès d’Ottawa pour une amélioration du RPC. En vain. Les conservateurs de Stephen Harper ont répondu par une fin de non-recevoir, affirmant qu’une augmentation des contributions au régime fédéral de pensions nuirait à l’économie.
La province a ensuite décidé de faire cavalier seul.
La prestation maximale du RPC est de 12 500 $ par année. Un revenu largement insuffisant, selon les libéraux à Queen’s Park, qui projettent de doubler ces prestations à l’aide de leur régime provincial.
« C’est très difficile pour un individu d’épargner suffisamment pour vivre pendant 20 ans, ou plus, une fois à la retraite », a indiqué Mme Hunter.
« Taxe sur les salaires »
L’opposition progressiste-conservatrice à Queen’s Park voit d’un mauvais œil la mise sur pied d’un régime provincial de pensions. Il s’agit, d’après la troupe de Jim Wilson, d’une « taxe sur les salaires » qui risque de faire mal à l’entreprise privée.
« C’est clair pour nous que c’est un gros fardeau, à la fois pour les employeurs et les employés », a dénoncé Julia Munro, députée progressiste-conservatrice de York-Simcoe. « Ça va être un choc, comme (l’a été) la hausse des tarifs d’électricité », a-t-elle ajouté.
Les néo-démocrates d’Andrea Horwath préfèrent attendre le résultat des prochaines élections fédérales, en 2015, avant de s’engager dans un débat sur la retraite des Ontariens.