Une mise à jour financière sous le signe de la relance en Ontario

La relance économique en Ontario est plus rapide que prévu

TORONTO – Dévoilée ce jeudi, la mise à jour financière d’automne se focalise sur la relance économique, les projets d’infrastructure, le redressement des soins de longue durée et la hausse du salaire minimum à 15 $. Voici ce qu’il faut en retenir.

« C’est notre plan pour les emplois, notre plan pour les opportunités et notre occasion de bâtir l’Ontario », a lancé à Queen’s Park le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy. Du côté des infrastructures, on retrouve le financement de l’autoroute 413 ou encore l’expansion du métro torontois.

Du côté de l’emploi, la hausse du salaire minimum à 15$, un projet libéral abandonné par Doug Ford et sur lequel il s’était fait élire en 2018, est confirmée noir sur blanc. Aucune mention n’est faite en revanche sur le projet de garderie universelle à 10$, alors que la province et la palier fédéral poursuivent de difficiles négociations.

La province ne lésine par pour autant sur la santé qui occupe une part importante de l’énoncé économique : 5 000 infirmières et 8 000 préposés viendront renforcer le secteur. Un investissement qui représente 342 millions de dollars. Le gouvernement entend développer les soins à domicile et s’attaquer aux normes de sécurité dans les foyers de soin de longue durée.

Peter Bethlenfalvy, ministre des Finances. Source : Assemblée législative de l’Ontario

L’augmentation du PIB (réel) de 4,3 % en 2021 au lieu des 4 % annoncés dans le budget 2021 est de bonne augure pour mener à bien ces investissements. Le ministère des Finances table sur un recul du déficit qui se chiffrerait à 21,5 milliards de dollars, soit 11,6 milliards de moins que les prévisions publiées dans le budget précédent.

Plus que cela, à moyen terme, le gouvernement s’attend à un repli du déficit qui oscillerait autour de 13 milliards de dollars à l’horizon 2023-2024. Quant aux revenus totaux, ils devraient atteindre 168,6 milliards de dollars pour l’exercice 2021-2022, soit 14,6 milliards de plus que les prévisions du budget 2021.

  • Les données clés :
  • 57,6 M $ à compter de 2022-2023 pour embaucher 225 infirmières praticiennes dans les soins de longue durée
  • 3,7 MDS $ pour aménager 10 000 nouveaux lits de soins de longue durée et réaménager 12 000 existants d’ici 2025
  • 10 M $ de plus pour un total de 20 M$ sur trois ans pour consolider l’effort de réconciliation avec les autochtones à travers la localisation et la commémoration des lieux de sépulture des pensionnats
  • 30,2 MDS $ dédiés à l’infrastructure hospitalière dans les 10 années à venir
  • 28,5 MDS $ seront consacrés au projet d’expansion du réseau du métro torontois.
  • 345 M $ supplémentaires seront déboursés pour les réseaux de transport municipaux en 2021-2022.
  • 51 MDS $ inchangés pour lutter contre la pandémie et encourager la relance économique

L’avis de l’expert

« À première vue, la nouveauté dans cette révision est surtout à chercher du côté des revenus corrigés à la hausse de façon substantielle. On parle d’une révision à la hausse de presque 15%, ce qui est conséquent et c’est ce qui a sans doute contribué aux prévisions baissières du gouvernement concernant le déficit », explique Robert Hogue, économiste en chef à la RBC de Toronto.

Robert Hogue, économiste en chef à la RBC, Toronto

Selon l’économiste, cela pourrait donner plus de marge de manœuvre au gouvernement pour faire diminuer les compressions budgétaires ou de dissuader ce dernier d’augmenter les taxes provinciales. « Cela ne signifie pas que le gouvernement compte baisser les impôts pour autant, comme les récentes rumeurs sur le marché pouvaient le laisser croire. Cette mise à jour budgétaire n’annonce pas de baisse de ce côté-là », ajoute M.Hogue.

Une relance économique plus rapide que prévu

Cette progression de l’ensemble de ces indicateurs macro-économiques s’explique selon le ministère de tutelle par une reprise économique de la province plus rapide que celle attendue. Un redressement qui se reflète logiquement sur le secteur de l’emploi avec une prévision de 300 000 emplois supplémentaires en 2021 par rapport à 2020.

Sur le plan micro-économique, et comme déjà annoncé en début de semaine, le gouvernement propose d’augmenter le salaire minimum à 15 dollars par heure, ainsi que d’éliminer le salaire minimum spécial pour les serveurs de boissons alcoolisées. Selon les simulations du ministère des Finances, cela permettrait à un travailleur à temps plein de gagner 1350 dollars en plus en 2022 et 5100 dollars pour un serveur de boissons alcoolisées.

Toutefois, le gouvernement rappelle que ce ne sont là que des prévisions qu’il ne faut pas prendre pour des vérités acquises, car la situation pandémique est encore d’actualité et une énième vague de contamination pourrait bel et bien remettre tous ces chiffres en cause. 

L’opposition fulmine

« Il n’y a rien dans cette mise à jour pour rendre la vie plus abordable et, s’il ne s’y trouve aucune espèce d’aide pour les hôpitaux, s’y trouve en revanche une coupure pour les écoles de nos enfants », a réagi Andrea Horwath.

Pour la cheffe de l’opposition officielle, cet exercice financier démontre que « Ford sabre dans l’éducation à hauteur de 500 millions. Il n’augmente pas de façon permanente les salaires des préposés aux services de soutien personnel, ne met pas fin à la politique des bas salaires menée par le gouvernement, et ne fait rien pour aider les entreprises locales à embaucher, à augmenter les salaires et à s’agrandir. »

La cheffe du NPD de l’Ontario, Andrea Horwath. Archives ONFR+

« Au lieu de publier le plan que les familles ontariennes recherchaient, l’énoncé économique a échoué en ce qui concerne les mandats de vaccination, la garde d’enfants, l’éducation, le soutien aux petites entreprises et bien plus encore », a fustigé le chef du parti libéral, Steven Del Duca.

À sept mois des prochaines élections provinciales, « on se sent en période pré-électorale », analyse Stéphanie Chouinard, politologue au Collège militaire royal du Canada. « On y voit un tracé vers une éventuelle plateforme électorale. La hausse du salaire minimum marque les esprits car elle touche des centaines de milliers d’Ontariens vivant sous le seuil de la pauvreté. »