Pétition pour les accents : « Je veux me faire appeler Gélinas et non Gelinas »
TORONTO – Les prénoms et noms avec une cédille ou un accent seront-ils orthographiés correctement sur certains documents administratifs provinciaux? C’est en tout cas le souhait de la députée néo-démocrate de Nickel Belt, France Gélinas, qui vient de lancer une pétition sur le sujet.
« Je veux que le gouvernement s’assure que les accents de la langue française soient inclus sur tous les documents et cartes émis par le gouvernement de l’Ontario », explique-t-elle avec la mise en ligne de sa pétition.
Interrogée par ONFR+, Mme Gélinas précise sa pensée : « Plusieurs d’entre nous avons des accents et des cédilles, et ne sommes pas capables d’avoir des cartes qui nous identifient de la bonne façon. »
En cause : le système informatique du gouvernement qui ne permet pas d’inclure des caractères français, comme les accents ou les cédilles. Une différence dès lors notable avec la plupart des documents du gouvernement fédéral.
Ces critiques ciblent particulièrement la carte Santé et le permis de conduire.
Or, le gouvernement ontarien s’apprêterait à faire une mise à jour de son système informatique, laquelle devrait être effective début 2021.
Une ouverture enfin du gouvernement?
« Ça fait des années que je travaille dessus. J’ai parlé à la ministre de la Santé et des Soins de longue durée, Christine Elliott, et aussi au ministre des Transports, Jeff Yurek, avant que Caroline Mulroney entre en fonction à ce poste. Ils étaient très ouverts à l’idée. »
La députée néo-démocrate, qui a par ailleurs officié très longtemps comme critique aux Affaires francophones pour son parti, reste méfiante.
« Le nouveau système permettrait la mise à jour. J’ai l’impression que ça s’en vient, mais je me suis fait duper quand on a fait les précédentes mises à jour. Comme excuse, on m’a dit que la personne qui s’en occupait n’avait pas tenu compte des recommandations. C’est pourquoi je fais aujourd’hui une pétition. »
Lors d’une entrevue pour ONFR+ en mai dernier, Marie-France Lalonde, aujourd’hui députée élue à la Chambre des communes dans Orléans, était revenue sur un épisode datant de 2017 alors qu’elle siégeait comme ministre des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs.
« Pour renouveler le système informatique avec un codage pour les accents et les cédilles, le montant qui était discuté, c’était environ 60 millions de dollars », avait expliqué l’ancienne ministre. « Les raisons étaient tristement que c’était beaucoup trop pour aller de l’avant. »
À partir des prochaines sessions parlementaires, le 18 novembre, France Gélinas promet de présenter sa pétition chaque jour devant les députés. Une chose rare mais effectivement possible.
« Je veux me faire appeler Gélinas et non Gelinas. »
L’exemple d’Orléans
Ce n’est pas la première fois qu’un combat pour le respect des accents est mené en Ontario français. À Orléans par exemple, la lutte a mobilisé bon nombre de Franco-Ontariens à la fin des années 80. Ce village avait connu une croissance exponentielle dans les années 70 qui lui avait fait perdre son caractère majoritairement francophone.
Finalement en 1994, la Commission de toponymie de l’Ontario a validé l’utilisation de l’accent aigu sur le nom d’Orléans.