Plus d’engagement que jamais à la Banque alimentaire de Nipissing Ouest
NIPISSING OUEST – Lorsque la Banque alimentaire de Nipissing Ouest a fermé pour la journée du mercredi 18 décembre, il ne restait plus grand-chose sur leurs tables. Près de 175 familles – qui comptent presque autant d’enfants – sont venues s’approvisionner cette journée-là. Un record, dit le président sortant. Toutefois, la petite banque alimentaire se dit prête à tout affronter.
De plus en plus d’Ontariens font appel à des banques alimentaires, a révélé un rapport Feed Ontario, début décembre. L’an dernier, plus de 510 000 personnes ont fait appel à une banque alimentaire, affirme l’organisme anciennement nommé l’Association des banques alimentaires de l’Ontario.
Les petites communautés du Nord de l’Ontario ne font pas exception. À Nipissing Ouest par exemple, l’augmentation est palpable.
« Nous avons dû ouvrir 45 minutes à l’avance aujourd’hui », raconte Ken Perrin, président sortant de l’organisme. « Il y avait une longue file dehors et on ne voulait pas les faire attendre à -20 degrés. »
Même une fois les portes ouvertes, les clients débordaient du petit édifice sur la rue Nipissing. Mais même dans le froid, certains parviennent à rester optimistes.
« Il ne faut pas se plaindre », affirme le dernier de file d’un ton jovial. « Il faut juste apprendre à apprécier le froid. »
La vie de moins en moins abordable
Si l’utilisation des banques alimentaires est généralement à la hausse, certains groupes sont toutefois plus touchés, expliquent les organisateurs.
« Les aînés et les jeunes surtout », affirme Carole Renaud, qui deviendra présidente en janvier. « On voit aussi beaucoup de familles qui ont un travail, mais qui ont besoin d’un coup de pouce juste pour arriver. C’est quelque chose qu’on voyait moins avant. »
Ce commentaire fait écho au rapport de Feed Ontario, qui note qu’un nombre record de salariés ont fait appel aux banques alimentaires l’an dernier. Lors des trois dernières années, le nombre de personnes ayant un emploi qui ont utilisé les banques alimentaires a augmenté de 27 %.
Ce n’est pas que dans les grandes métropoles que le coût de la vie augmente, note Mme Renaud. Souvent, souligne-t-elle, c’est les plus démunis qui doivent négocier avec cette hausse.
« Loué un logement à Nipissing Ouest, ça coûte plus cher que mes paiements d’hypothèque. Par le temps qu’ils ont fini de payer leur loyer, leur facture d’Hydro One et tout ça, il ne reste plus rien pour manger. »
« Dans le temps, ça coûtait bien moins cher vivre. Asteure, un chou-fleur te coûte 6 $ » — Carole Renaud, présidente entrante de la Banque alimentaire de Nipissing Ouest
Une question « d’esprit communautaire »
Si ni Mme Renaud ni M. Perrin ne semblent particulièrement préoccupés, c’est que l’organisme suscite plus d’engagements que jamais de leur communauté.
Les petites municipalités, où le sentiment d’appartenance communautaire est fort, sont mieux adaptées à faire face à la demande croissante, dit M. Perrin.
« Nous sommes très choyés », renchérit Mme Renaud. « Les dons ont augmenté comme ça ne se peut pas lors des dernières années. Et on a des bénévoles qui nous sortent des oreilles. »
Une vingtaine d’entre eux ont bravé le froid pour donner de leur temps, ce mercredi. En tout, la banque alimentaire compte plus d’une quarantaine de bénévoles, notent les organisateurs.
« Une des choses les plus importantes qu’on ait faites, c’est de créer une page Facebook », raconte le président sortant. « Avant, les gens ne donnaient pas autant parce qu’ils ne nous voyaient pas. Maintenant, nous publions sur Facebook que nous avons besoin de ceci ou de cela, et les gens répondent à appel. Ce n’est pas seulement les gens qui donnent les gros chèques. Il y a des gens qui nous apportent juste quelques boîtes de céréales. Chaque petit geste aide. »
Vendredi dernier, la Banque alimentaire de Nipissing Ouest a récolté plus de 10 000 $ en dons communautaires lors d’un radiothon. L’organisme compte s’acheter ainsi un réfrigérateur-chambre.
« Tout va très bien ici! », résume Mme Renaud. « Avec toute l’aide qu’on reçoit, on ne peut pas se plaindre. »
Un modèle de récupération alimentaire
La Banque a lancé son programme de récupération alimentaire en mars. Depuis, elle reçoit des produits qui approchent leur date d’expiration des supermarchés de la région.
« Lorsqu’un produit expire dans une journée ou deux, les supermarchés ne peuvent plus les vendre », explique-t-il. « Avant, ils les jetaient. »
Afin d’offrir ces produits le plus rapidement possible, la banque alimentaire ouvre désormais ses portes une journée par semaine plutôt qu’une journée par mois.
En tout, il dit avoir reçu plus de 200 000 $ en nourriture depuis.
« J’espère que toutes les communautés adopteront ce modèle », conclut-il.