Portes closes dans la majorité des écoles francophones
TORONTO – Conséquence de la grève déclenchée par la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), la plupart des élèves francophones de l’élémentaire et du secondaire resteront à la maison aujourd’hui.
Le principal syndicat de l’éducation n’est pas parvenu à une entente hier, avec le gouvernement, pour renouveler les contrats – expirés depuis le 31 août – de ses 60 000 membres. Ce mouvement de grève ne durera qu’une journée, après quoi, la grève de zèle (ralentissement des activités à l’œuvre depuis une semaine) reprendra son cours.
Au-delà des enseignants des écoles secondaires dépendant des conseils scolaires anglophones, ce mouvement concerne en effet le personnel administratif, pédagogique et technique de nombreux conseils scolaires de langue française.
C’est ce qui explique pourquoi les établissements francophones ferment eux-aussi leurs portes. L’absence de personnel de soutien (éducateurs, psychologues, aide-enseignants, animateurs culturels, bibliothécaires…) n’étant pas de nature à assurer de façon sécuritaire le bon déroulement des cours, les élèves sont priés de rester chez eux.
Les conseils scolaires touchés
Les conseils scolaires Viamonde, Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO), MonAvenir, Centre-Est (CECCE), Grandes Rivières, Nouvelon (CSCN) et CEPEO et CSDCEO ont confirmé la fermeture de leurs écoles.
« En raison de l’impact que cette grève aura sur les services offerts dans les écoles élémentaires et secondaires du Conseil, nous serons dans l’impossibilité d’assurer la sécurité et le bien-être de tous ses élèves », a indiqué par voie de communiqué le CSPGNO.
Le conseil s’est dit « dans l’obligation de suspendre l’offre des cours aux élèves », invitant les parents à « prévoir des mesures de garde nécessaires pour vos enfants puisque nous ne pourrons pas les accueillir à l’école ».
Dans la plupart des écoles néanmoins, les services de garde sont maintenus. Chaque conseil scolaire met à jour les services précisément conservés ou suspendu au regard des personnel en grève.
Les conseils scolaires épargnés
En revanche, dans les écoles des conseils scolaires Providence, Franco-Nord (CSCFN) et Aurores Boréales, les cours auront bien lieu puisqu’ils ne comptent pas d’employés membres de la FEESO au sein de leurs personnels.
Jusque tard dans la soirée, syndicat et gouvernement ont tenté de trouver une issue au blocage des négociations. Ce mouvement de grève illustre la difficulté des deux parties à dialoguer.
Le gouvernement reste campé sur sa position, adoptée législativement, de limiter la hausse des salaires à 1 % pendant les trois prochaines années. Il a par contre reculé en partie sur la taille des classes au secondaire (passant de 22,5 à 25 au lieu de 28) et le nombre de cours en ligne (réduit de 4 à 2, à partir de 2023). Insuffisant pour la FEESO.
Ambiance glaciale au Sheraton
« Depuis samedi, on a été moins de 30 minutes en face-à-face à la table des négociations », a affirmé Pierre Côté hier soir au micro d’ONFR+, illustrant à quel point les deux parties s’évitent dans les couloirs de l’hôtel Sheraton, lieu des négociations à Toronto.
Le secrétaire général de la FEESO décrit un « gouvernement rigide dans ses positions et qui ne veut pas déroger de ses coupures annoncées au niveau de la salle de classe, des crédits en ligne ».
« Même lorsque le gouvernement rehausse ses offres, la FEESO ne semble pas prête à faire un pas en avant », rétorque, de son côté, le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, qui a demandé une médiation. « Au contraire, le syndicat réaffirme sa demande d’augmentation de la rémunération et des avantages sociaux, qui se chiffre à 1,5 milliard de dollars. »
« Escalade » contre « statu quo », la guerre des mots
Sur les bancs de l’Assemblée législative, en point presse et dans ses communiqués, Stephen Lecce martèle son leitmotiv, « garder les élèves en classe », et dénonce « l’escalade ».
La FEESO s’en défend, arguant des revendications qui correspondent au « statu quo ».
« On demande depuis le début de rester à 22 élèves par classe et des salaires qui tiennent compte, ni plus ni moins, du coût de la vie (autour de 2 %). Pour les crédits en ligne, on demande la création d’un comité pour étudier la question. »
« Il appartient maintenant à la FEESO de se montrer raisonnable, de revenir à la table de négociation et d’annuler les moyens de pression qu’elle emploie et qui font du tort aux enfants, aux parents et aux familles », insiste M. Lecce.
« Il n’a pas de raison pédagogique d’augmenter le nombre d’élèves par salle de classe. Le rapport du sondage, que le gouvernement a fait lui-même, démontre que les Ontariens n’y sont pas favorables », réplique le secrétaire général du syndicat.
Et d’enfoncer le clou concernant le personnel francophone : « Une enveloppe budgétaire n’a pas été renouvelée en septembre pour le personnel de soutien : pleins de postes de psychologues et de travailleurs sociaux francophones n’ont pas été renouvelés. »
Si la grève ne dure qu’une seule journée, aucune négociations n’est prévue pour demain. Le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats semble loin d’être terminé.
Toujours à la table des négociations et dernier syndicat à ne pas avoir de mandat de grève, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) pourrait venir grossir le mouvement de grogne dans une quinzaine de jours. Un vote de grève se tiendra du 18 au 20 décembre.