Pourquoi la rue Donald à Ottawa perd son monument de la francophonie?

Le monument de la francophonie sur la rue Donald à Ottawa déménage. Il sera installé au Centre Jules-Léger à l'automne prochain. Source: Mondrapeaufranco.ca

OTTAWA – Ce mardi matin, Alain Vachon, le fondateur de Discitus, annonçait sur les réseaux sociaux le démantèlement du quatrième monument de la francophonie au 435 rue Donald. Depuis 2007, le drapeau franco-ontarien flottait aux abords du Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques (CFORP). Suite à la vente de l’édifice hébergeant plusieurs organismes francophones, le comité des monuments de la francophonie a choisi le Consortium Jules-Léger pour abriter le monument délocalisé.

Le nouveau propriétaire du 435 rue Donald est une entreprise anglophone : Interior Finishing Systems Training Center. « On ne voulait quand même pas avoir le drapeau franco-ontarien sur une propriété anglophone », a expliqué Claude Deschamps, directeur général et secrétaire-trésorier du CFORP, en entrevue avec ONFR+.

Le démantèlement du monument de la francophonie a commencé ce mardi 2 mai. Crédit image : Alain Vachon

« Nous avions planifié ce déménagement avec les membres responsables des monuments. On s’est assuré d’une continuité après le démantèlement. Il a donc été entendu – avec les membres, dont l’AFO –, de déménager le monument au Centre Jules-Léger à Ottawa. »

« D’ailleurs », rappelle le directeur, « c’est quand même un organisme partenaire du Centre franco ».

Un déménagement qui ne fait pas l’unanimité

Alain Vachon et Mélina Leroux, la directrice générale de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ont partagé ce mardi l’annonce via une vidéo sur les réseaux sociaux.

Cette annonce en aura ému plus d’un, puisque les commentaires témoignaient d’une certaine incompréhension, voire d’une déception de voir ce monument délocalisé.

Mélina Leroux et Alain Vachon ont annoncé le démantèlement du monument en direct. Capture d’écran ONFR+

M. Vachon s’est dit très ému, bien qu’heureux de voir le monument simplement délocalisé. « Je pense qu’il y a quand même une petite partie qu’on laisse derrière. On semble peut-être l’oublier dans tout ça, mais c’est plus que de la brique et du mortier. »

« C’est également des entrepreneurs qui ont donné de leur temps, qui ont fait l’excavation, le coffrage, le béton, l’installation des pavés », ajoute-t-il. « Tout doucement, on enlève leurs travaux, puis oui, ça sera reconstruit ailleurs, mais pas par eux. »

M. Vachon explique que de voir disparaître ce monument, lui fait tout de même de la peine, « un pincement au cœur ». « C’était notre motivation, nous, les groupes franco, de s’installer ici. C’était une organisation sans but lucratif (OSBL) francophone qui était propriétaire, c’était parfait pour nous. »

Plusieurs francophones ont fait part de leur déception. Capture d’écran ONFR+

Le fondateur de Discitus se rappelle l’inauguration de ce monument en 2007 et du discours de Gisèle Lalonde, « elle avait participé à sa création ». Mais rien n’est définitif, a-t-il dit optimiste. « Il y aura un 18ᵉ monument à Alfred et certainement un 19e. »

Le Centre franco a déménagé en novembre dernier

Pour Claude Deschamps, « c’est un événement qui fait beaucoup de peine, mais en même temps, ça a été très bien planifié, les baux des 12 locataires ont été transférés au nouveau propriétaire ».

Le monument était sur la rue Donald depuis 2007. Crédit image : Alain Vachon

En 2017, la librairie du CFORP fermait ses portes après 26 ans de service. Depuis, l’espace était loué par douze organismes. « Récemment, depuis le télétravail, tous nos employés sont maintenant chez eux et partout en province. Donc, nous avions mis en vente l’édifice en mai 2022, vendu en novembre de la même année. »

Aujourd’hui, le CFORP se trouve au 2745, boulevard Saint Laurent. Dans un communiqué de presse, M. Deschamps précise que « les nouveaux espaces sont mieux adaptés aux besoins actuels du Centre, qui pourra se concentrer sur son mandat principal d’offrir au personnel scolaire ses multiples produits et services, (…) en restant toujours près des conseils scolaires de langue française de l’Ontario ».

Claude Deschamps est le directeur du CFORP. Crédit image : CFORP

À la question, que va-t-il arriver aux organismes francophones toujours logés sur la rue Donald, M. Vachon clarifie que cela dépendra de si les nouveaux propriétaires respectent les engagements que le CFORP avait établis avec les locataires actuels.

« La relation entre une OSBL et ses organismes locataires est très différente de ceux avec une entreprise privée », conclut-il.