Mike Schreiner (Parti vert), Marti Stiles (NPD), Bonnie Crombie (Parti Libéral) et le premier ministre sortant Doug Ford (Parti conservateur) ont participé à un premier débat des chefs vendredi dans le Nord. Montage ONFR

NORTH BAY – Entre attaques de l’opposition contre Doug Ford, discussions enflammées autour des enjeux liés au Nord, le débat de North Bay opposant les quatre principaux candidats des élections provinciales a donné le ton pour la campagne. Voici les points à retenir de ce premier débat des chefs.

S’il y a un point sur lequel les candidats de l’opposition semblaient s’accorder, c’est le bilan présenté comme négatif des sept ans du premier ministre sortant Doug Ford.

Dans un premier moment de tension, la cheffe libérale Bonnie Crombie et celle du Nouveau parti démocrate (NPD), Marit Stiles ont vivement critiqué le bilan du candidat progressiste-conservateur en matière de logement.

« Où sont les nouveaux logements? Ni dans le Nord de l’Ontario ni nulle part en province », a d’abord lancé Marit Stiles. Ce à quoi a acquiescé la candidate libérale qui a tenu à rappeler que de plus en plus d’Ontariens vivent dans leur voiture ou dans des campements.

Organisé par la Federation of Northern Ontario Municipalities (FONOM), le débat a eu lieu au Collège Canadore de North Bay. Crédit image : Inès Rebei

Pour sa part, le chef du Parti vert, Mike Schreiner a lancé : « M. Ford a dit non à toutes les solutions de logement qui fonctionnent pour les gens. Pourquoi?  Parce que les intérêts des riches spéculateurs fonciers sont plus importants pour ce gouvernement. »

Doug Ford s’en prend à Bonnie Crombie

Le premier ministre sortant semblait aussi avoir choisi sa cible pour ce premier débat : la cheffe libérale, Bonnie Crombie. Dans un élan d’humour, ce dernier l’a appelé « la reine de la taxe carbone » à plusieurs reprises.

Et pour cause, selon les derniers sondages, les libéraux pourraient devenir l’opposition officielle.

Pour armer ses attaques, le premier ministre sortant s’est servi du passé de Bonnie Crombie comme mairesse de Mississauga, dénonçant le peu de logements construits ces dernières années malgré un boom démographique.

Il s’agit du premier débat de Bonnie Crombie et de sa première candidature provinciale. Crédit image : Inès Rebei

Celui-ci en a profité pour lancer une boutade : Mississauga aurait même réduit en taille durant le mandat de l’ex-mairesse.

« Je suis fière de mon bilan à Mississauga », a-t-elle ensuite déclaré.

Et Doug Ford de répliquer : « Eh bien, Mississauga n’est pas fière de vous. »

Les tarifs et l’économie

De son côté, Doug Ford n’a pas manqué de rappeler la raison pour laquelle il a demandé ces élections : le besoin d’un mandat fort pour faire face à la menace tarifaire venant des voisins du Sud.

Ce à quoi Bonnie Crombie s’est empressée de rétorquer : « Vous envolez-vous au beau milieu d’une élection pour des séances photo à Washington avec des conseillers de bas niveau, quel est le but? Pourquoi avez-vous appelé l’élection? Nous avons une crise du logement ici. »

L’ensemble des candidats de l’opposition ont reproché au candidat progressiste-conservateur de ne pas avoir diversifié l’industrie ontarienne, ce qui a des impacts sur la situation économique aujourd’hui.

Le débat a été animé par Markus Schwabe de CBC (complètement à gauche). Crédit image : Inès Rebei

Selon Mike Schreiner, l’Ontario a besoin d’une stratégie sur la biomasse, à un moment où l’industrie forestière de la province est confrontée à des compressions importantes et que les experts affirment que l’industrie ne serait pas en mesure de résister aux tarifs imposés par les États-Unis.

Il en a profité pour interpeller directement le premier ministre en lui demandant de s’engager à rouvrir les scieries qui ont dû fermer ces dernières années un peu partout dans le Nord, comme à Espanola.

Bonnie Crombie a signalé, quant à elle, que le premier ministre Doug Ford n’a rien fait concernant le Cercle de feu, malgré qu’il l’ait largement mis en avant durant son mandat.

Santé mentale 

Un autre thème redondant de ce débat qui fut largement utilisé par l’opposition est de marteler que le premier ministre sortant a préféré investir dans le sud de la province au détriment du nord.

Marit Stiles, cheffe du NPD, est la seule à maîtriser la langue française. Crédit image : Inès Rebei

La cheffe libérale s’est livrée avec émotion au sujet de son père biologique, lequel souffrait de toxicomanie. Selon l’ex-élue municipale, les mesures en matière de santé mentale relèvent du provincial, mais ont été transférées, à tord, aux municipalités.

Le chef du parti vert et la cheffe du NPD ont attaqué Doug Ford en lui reprochant de jeter les personnes en proie à des dépendances dans des prisons. Mike Schreiner a ajouté qu’il croit que le logement social est la façon d’aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.

Doug Ford s’est défendu en affirmant que son parti se concentre sur « le nettoyage des rues » et a été vanté d’avoir fermé des sites de consommation supervisée à côté d’écoles et de garderies.

Les interventions du premier ministre sortant Doug Ford ont été largement saluées par la salle. La circonscription de North Bay est tenue depuis 2011 par le conservateur Vic Fedeli. Crédit image : Inès Rebei

Transport

Concernant l’état des routes dans le Nord, Marit Stiles a rappelé que celles-ci sont en mauvais état et que la privatisation de la maintenance des autoroutes par le gouvernement progressiste-conservateur est un « désastre ».

« Comme première ministre, je remettrai l’entretien des routes entre les mains du gouvernement provincial », a-t-elle prévenu.

Et de continuer : « Il y avait de l’argent pour améliorer les autoroutes ici, mais Doug Ford a pris 158 millions de dollars pour les autoroutes 11 et 17 et déplacer cet argent vers le sud, peut-être qu’il pense que cela aidera avec son faux tunnel sous la route 401. »

Bonnie Crombie et Marit Stiles ont fait front commun sur plusieurs questions face au premier ministre sortant. Crédit image : Inès Rebei

De son côté, le premier ministre Doug Ford s’est félicité de ramener le train Northlander suivi des applaudissements de la salle.

Lorsque Bonnie Crombie a dit qu’elle se désolidarise de la décision du précédent premier ministre libéral Dalton McGuinty de mettre fin au service en 2012. « C’est une blague », lui a rétorqué M. Ford.

Le « oui » contre le « non »

Pour se défendre, le premier ministre a utilisé une rhétorique qui l’avait bien servi en 2022 : celle de montrer que ses opposants ont voté majoritairement contre tous les investissements proposés par les progressistes-conservateurs.

« Ils parlent beaucoup mais à Queen’s Park, c’est complètement autre chose », déplore-t-il.

Crédit image : Inès Rebei