Quel avenir pour le campus d’Alfred?
ALFRED – La décision du collège La Cité de déplacer ses programmes agricoles sur le campus d’Ottawa à la rentrée 2019 laisse planer un doute sur l’avenir du bâtiment principal, mais un projet de reprise est encore dans les cartons.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
L’édifice des années 1930 appartient à la province, mais sa remise en état nécessiterait de grosses sommes, estime le directeur général de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), Simon Durand.
« C’est un bel édifice communautaire, mais qui a besoin de beaucoup d’amour. »
Pour le spécialiste en patrimoine franco-ontarien, Michel Prévost, ce dernier sera difficile à conserver.
« Il n’a aucune valeur patrimoniale ni un style architectural particulier qui permettrait de demander sa protection. Ce serait triste de le voir démoli, mais quand il a été construit, ce bâtiment se voulait avant tout fonctionnel. »
L’ancien archiviste en chef de l’Université d’Ottawa souligne également l’histoire particulière de la partie principale du campus d’Alfred qui pourrait peser dans la balance au moment de décider ou non de le détruire.
« Le campus d’Alfred a été installé dans l’ancien Collège de réforme d’Alfred qui est associé à des choses très négatives. »
De 1940 à 1960, des pensionnaires du Collège de réforme d’Alfred y ont été victimes d’agressions sexuelles et physiques de la part de membres des Frères des Écoles chrétiennes.
L’UCFO entre déception et soulagement
Une chose est sûre, l’UCFO ne se battra pas pour la préservation de l’édifice principal. Installé dans la partie plus récente du campus – le campus du bas – depuis le printemps dernier, l’organisme se montre réaliste.
« Nous sommes partagés après l’annonce de la décision de La Cité entre déception et soulagement. Nous sommes déçus, car cela compromet notre idée de créer un regroupement des forces en agriculture à Alfred avec le journal Agricom, nos bureaux, les programmes d’éducation et la Ferme d’éducation et de recherche, mais soulagés de voir l’engagement et le sérieux de La Cité quant au maintien des programmes. »
« La qualité de la formation est bien plus importante que la bâtisse! » – Simon Durand, UCFO
L’UCFO voit d’un bon œil la volonté de La Cité de développer des cours dans les fermes.
« Il faut voir quelle forme ça va prendre, mais ça peut être intéressant pour les étudiants, notamment pour découvrir différents types de production. Plusieurs de nos membres sont déjà intéressés par cette idée. »
Un projet toujours en branle
L’avenir de l’édifice principal reste désormais entre les mains de la Société de développement communautaire de Prescott-Russell (SDCPR) qui envisage toujours son acquisition, comme le confirme son directeur général, John Candie, à #ONfr.
« On comprend la décision de La Cité. Cela ne remet pas en cause le plan que nous avons soumis au ministère de l’Infrastructure. Nous attendons de pouvoir rencontrer des représentants du gouvernement. Ils viennent d’entrer en poste, nous sommes donc patients, car ils ont plusieurs autres priorités à gérer. On ne se donne pas d’échéancier. »
La SDCPR souhaiterait y créer un centre d’innovation, qui regrouperait un incubateur pour accompagner les projets d’affaires des entrepreneurs et un centre de recherche en agriculture, dont La Cité serait un partenaire important.
« Le bâtiment est solide et le gouvernement a déjà beaucoup investi dedans », explique M. Candie, précisant que le coût du projet serait de 8,5 millions $, soit 3,5 millions $ versés par la province et 5 millions $ versés par le gouvernement fédéral.
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