Yasir Naqvi, Bonnie Crombie, Ted Hsu et Nate Erskine-Smith se disputent le leadership libéral ontarien. Montage ONFR

TORONTO – À dix jours de l’élection qui déterminera le nouveau leader du Parti libéral de l’Ontario, Ted Hsu, Bonnie Crombie, Nate Erskine-Smith et Yasir Naqvi ont confié à ONFR leurs vues. Si certains sont bilingues ou presque et que d’autres apprennent toujours le français, les quatre candidats semblent sensibles à la cause franco-ontarienne comme élément intrinsèque des élections de 2026, pour pouvoir prétendre au titre de premier ministre de l’Ontario.

En entretien avec ONFR, le député provincial bilingue de Kingston et les Iles Ted Hsu, nous raconte dans un français courant son rapport particulier à la langue.

« J’ai vécu en France trois fois au total pendant quatre ans : à Paris alors que je travaillais à la Banque Nationale, à Grenoble en tant que scientifique, et, enfin, à Toulouse, où nous avons pris une année sabbatique en famille en 2016 pour que mes deux filles aient aussi cette expérience immersive et étudient dans les écoles françaises. »

Pour celui-ci, les institutions universitaires, centres d’enseignement, de recherche et de formation professionnelle sont indispensables à la préservation de la langue et de la culture franco-ontariennes. « J’appuie le soutien financier pour les universités francophones de l’Ontario », déclare M. Hsu qui a aussi affirmé à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) appuyer le financement de l’Université de Sudbury.

D’autre part, il indique que la « grave pénurie de médecins de famille en Ontario a également éclipsé la pénurie de services de soins primaires pour les francophones. J’appuierai de ce fait l’expansion des services en français pour les soins de santé en Ontario ».

Le programme francophone le plus étoffé

L’actuelle mairesse de Mississauga et ancienne députée fédérale Bonnie Crombie, qui n’est pas bilingue, dit parler un français de base et travailler dur pour améliorer son niveau.

Soutenue par les anciennes députées provinciales Amanda Simard et Madeleine Meilleur ainsi que le député fédéral de Nickel Belt Marc Serré, elle est la candidate dont le programme francophone est le plus substantiel.

« Les communautés francophones de l’Ontario représentent un avantage économique et culturel. Nous devons soutenir et protéger la langue française ici en Ontario, non seulement pour la communauté franco-ontarienne qui a contribué à construire cette province, mais aussi pour les nombreux immigrants attirés par notre province en raison de leur capacité à continuer de s’exprimer dans leur langue », nous explique-t-elle.

Elle poursuit : « J’étais récemment dans le Nord de l’Ontario m’entretenant avec des Franco-Ontariens à Sturgeon Falls et à Sudbury, et ils sont contrariés et se sentent négligés par Doug Ford qui a réduit les financements et l’éducation axée sur le français, ce qui a entraîné un sous-financement des établissements d’enseignement postsecondaire comme l’Université laurentienne et l’Université de Sudbury. »

« En tant que cheffe, je continuerai de travailler avec nos communautés francophones pour garantir que leurs droits linguistiques soient non seulement protégés (…) mais que les francophones puissent accéder à des services de qualité en français, où qu’ils vivent. »

Elle évoque les réductions dans le domaine de l’éducation dont les conseils scolaires francophones pâtissent et la pénurie de professionnels de la santé et propose d’investir dans de meilleures solutions numériques et à distance lorsque le personnel bilingue n’est pas disponible.

« Dans le domaine de la santé, nous créerons une main-d’œuvre plus bilingue et travaillerons avec nos partenaires fédéraux pour augmenter le nombre d’étudiants internationaux francophones inscrits dans les programmes de santé de l’Ontario. Nous étendrons également les programmes de formation des enseignants en français pour pallier la pénurie d’enseignants. »

Entre autres promesses de campagne, elle dépeint une stratégie de santé en français axée sur l’identification des lacunes de service en consultation avec la communauté francophone et le rétablissement de l’indépendance du Commissaire aux services en français.

« Nous investirons dans un nouveau bâtiment pour le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) afin d’offrir des services en français dans les domaines artistique, culturel et communautaire, et augmenterons le financement du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO) à 3 millions de dollars, en donnant la priorité aux projets soumis par et pour les francophones », conclut-elle.

Plus de personnel enseignant francophone pour Yasir Naqvi et Nate Erskine-Smith

Le député fédéral d’Ottawa-Centre Yasir Naqvi, soutenu par la députée provinciale d’Ottawa-Vanier Lucille Collard, la députée fédérale d’Ottawa-Vanier Mona Fortier ou encore la députée fédérale d’Orléans, Marie-France Lalonde, dit parler français et suivre des cours une fois par semaine. Ses enfants sont également scolarisés dans une école élémentaire publique française d’Ottawa.

« Les Franco-Ontariens font partie intégrante de l’histoire et de la culture de l’Ontario », explique celui-ci, qui a fait toutes ses annonces dans les deux langues officielles depuis le début de la campagne à la chefferie libérale.

S’il est élu à la tête du Parti libéral de l’Ontario, il souhaite mener une campagne bilingue avec de nombreuses politiques visant à améliorer la vie des Franco-Ontariens. Celles-ci incluent l’amélioration de la dotation en personnel dans les écoles de langue française, de la maternelle au postsecondaire, ainsi que l’expansion des services de langue française dans toute la province.

Il s’est également montré favorable au financement de l’Université de Sudbury auprès de l’AFO.

Le député fédéral de Beaches-East York Nate Erskine-Smith, notamment soutenu par la députée fédérale de Brossard-Saint Lambert Alexandra Mendès et la députée fédérale de Sudbury Vivianne Lapointe, s’exprime également dans un français de base et se dit déterminé à améliorer son français et à consulter les membres de la communauté franco-ontarienne sur ses besoins spécifiques et uniques.

Pour celui-ci, la priorité est de renforcer l’éducation en français partout en Ontario, notamment en soutenant les partenariats communautaires et culturels et la coopération entre les conseils scolaires, ainsi qu’en formant et en embauchant davantage d’enseignants et de travailleurs en éducation en français.

En santé, il explique donner la priorité aux soins de santé bilingues : « Nous travaillerons à créer une main-d’œuvre plus bilingue et explorerons des incitatifs dans les régions mal desservies pour garantir que la communauté francophone ait un accès généralisé aux services de santé dans la langue de son choix. »

Nate Erskine-Smith mentionne le financement, les services sociaux et les programmes communautaires de promotion de la santé mentale, y compris les services et programmes de santé mentale culturellement adaptés pour diverses communautés, telles que celles confrontées à des barrières linguistiques.