Radio-Canada supprime près de 250 postes en français au Canada
Radio-Canada/CBC a annoncé lundi des compressions de près de 10 % de ses effectifs, retranchant ainsi près de 600 emplois, dont environ 250 du côté francophone.
L’annonce en a été faite aux employés, convoqués à une réunion, ce lundi à 14 h, par la PDG, Catherine Tait. Les 600 postes en question touchent tout autant les services français qu’en anglais du télédiffuseur public, les compressions étant réparties de manière égale. Par ailleurs, 200 postes vacants seront supprimés à la société d’État qui compte près de 7 900 employés au total; 85 % d’entre eux sont syndiqués.
« Radio-Canada et CBC devront chacune supprimer environ 250 emplois, alors que le reste se fera à Technologies et Infrastructures, et dans d’autres services institutionnels », a déclaré la haute direction dans un communiqué publié lundi après-midi.
Les mises à pied commenceront dans les prochaines semaines, « mais la plupart seront mises en œuvre au cours des 12 prochains mois », indique-t-on. On ignore pour le moment si les compressions en français toucheront davantage les stations hors Québec.
« Chaque secteur amorcera ces compressions progressives en fonction de son plan d’affaires et de ses exigences opérationnelles », explique le communiqué.
Plus concrètement, Radio-Canada/CBC effectuera des compressions de l’ordre de 125 millions de dollars pour 2024-2025. Cela comprend une compression de 40 millions de dollars dans la programmation, soit 25 millions de dollars pour le secteur anglais et 15 millions de dollars du côté de la programmation française, notamment pour les productions indépendantes et les émissions acquises par le télédiffuseur.
La haute direction soutient, dans son communiqué, que « ces compressions sont opérées de façon à optimiser la souplesse du diffuseur public, si jamais sa situation financière change l’an prochain, et à limiter le plus possible les effets sur notre personnel ainsi que sur les émissions et les services que nous offrons aux auditoires canadiens ».
« CBC/Radio-Canada n’est pas à l’abri des bouleversements que subit l’industrie canadienne des médias. Nous avons réussi à faire face à des difficultés structurelles majeures au sein de notre industrie dans les dernières années, mais nous n’avons plus la souplesse nécessaire pour continuer à le faire sans compressions », a expliqué Catherine Tait.
La Guilde canadienne des médias, un syndicat représentant 4 000 travailleurs de Radio-Canada/CBC a réagi à l’annonce en fin de journée. « Bien que nous nous attendions à des compressions budgétaires, le comité de négociation de la sous-section Radio-Canada/CBC de la Guilde canadienne des médias a été choqué par la nouvelle, car il ne s’attendait pas à ce qu’un nombre aussi important d’emplois soit touché », a déclaré Naomi Robinson, présidente de la sous-section Radio-Canada.
Des défis financiers
La société d’État n’avait pas caché ses récentes difficultés financières, « notamment en raison de la hausse des coûts de production, la diminution des revenus publicitaires à la télévision et la concurrence féroce des géants du numérique ». Il y a aussi le gouvernement fédéral qui a demandé au diffuseur public de réaliser 3 % d’économies. La ministre de Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, s’est toutefois défendue, affirmant que les compressions demandées par le gouvernement Trudeau n’étaient pas encore définitives.
« Il n’y a pas de décision finale qui a été prise concernant CBC/Radio-Canada, en particulier, mais, oui, on fait un exercice partout à travers le gouvernement et ça implique les sociétés d’État », a-t-elle expliqué en conférence de presse, lundi.
Un gel d’embauche avait déjà été décrété, au mois d’octobre, pour contrer ces pertes monétaires, aussi reliées à la baisse de popularité de la télévision et aux chutes des revenus publicitaires, expliquait Catherine Tait.