«Au bord d’un dilemme démographique : l’impact du retour en force des jeunes adultes sur l’éducation postsecondaire dans le Nord de l’Ontario», la nouvelle étude de l'Institut des Politiques du Nord remet en question le financement actuel des établissements du Nord. Archives ONFR

SUDBURY – L’Institut des études politiques du Nord (IEPN) vient de publier les résultats d’une étude révélant que les établissements d’études postsecondaires (EEP) du Nord de l’Ontario se retrouveront bientôt devant un dilemme : choisir entre les étudiants internationaux ou les étudiants du sud de la province, au détriment des étudiants du Nord.

Ce choix qui attend potentiellement les EEP du Nord s’explique, selon le chercheur William Dunstan responsable de l’étude, en raison du déclin démographique qui a amené la diminution du nombre de jeunes adultes.

Pour pallier cette baisse d’étudiants locaux, les établissements avaient développé, depuis une dizaine d’années, une stratégie de recrutement massive en provenance de l’international, ce qui rapporte cinq fois plus en frais d’inscription. En exemple, l’Université de Hearst où les étudiants internationaux constituaient environ 74 % de l’effectif durant l’année académique 2021-2022, soit près de 93,6 % des recettes de l’institution.

Néanmoins, cette tendance démographique devrait s’inverser dans les prochaines années.

« On prévoit qu’entre 2021 et 2034, le nombre de personnes âgées de 18 à 21 ans dans le Nord de l’Ontario augmentera de 13 %. »

Selon le chercheur, en considérant la croissance prévue dans toute la province, les demandes nationales auprès des EEP du Nord de l’Ontario devraient augmenter de 15 % et plus.

Cette hausse des jeunes adultes n’est pas unique au Nord de l’Ontario mais son impact s’y fera particulièrement ressentir. Source : IEPN

L’étude souligne qu’avec cette dépendance aux étudiants étrangers et en l’absence d’incitatif financier, les institutions n’ont pas de raison d’augmenter leurs effectifs de plus de 3 %.

La conséquence : moins de places sur les bancs des universités et collèges pour les étudiants originaires du Nord.

« Étant donné que les conditions d’admission des EEP du Nord sont généralement moins strictes, ceux-ci sont susceptibles de devenir plus populaires auprès des étudiants du Sud de l’Ontario qui ne parviennent pas à être admis dans les établissements de plus en plus concurrentiels de leur région », pouvait-on lire dans le rapport.

Les frais d’inscription ou la rétention

Selon les conclusions du chercheur, il serait essentiel de revoir le mode de financement des établissements.

« En l’absence de réformes du financement public, les collèges et universités du Nord de l’Ontario devront probablement choisir entre refuser un plus grand nombre d’étudiants de la région ou prendre le grand risque financier de renoncer à certains revenus provenant des étudiants étrangers. »

Une piste proposée par l’auteur serait que le gouvernement provincial augmente le plafond du financement fondé sur les inscriptions pour correspondre à la future hausse de la population des 18 à 21 ans en Ontario.

Comme révélé dans le rapport Harrison, publié en novembre dernier, le financement public du postsecondaire est en baisse depuis une dizaine d’années. Source : IEPN

Dans le cas où cette solution serait trop coûteuse, M. Dunstan propose de recentrer les efforts du gouvernement sur la rétention des diplômés en région.

« Il pourrait offrir un modeste remboursement des frais de scolarité aux étudiants des EEP du Nord à condition qu’ils vivent et travaillent dans cette région pendant un certain temps après l’obtention de leur diplôme. »

Un concept similaire de subvention ontarienne intitulé « Apprendre et rester » existe et offre un remboursement aux nouveaux travailleurs du secteur de la santé débutants, qui commencent leur carrière dans des communautés rurales et éloignées.