Relâchement des mesures sanitaires en Ontario : les restaurateurs crient à l’aide
Une semaine après l’assouplissement des mesures sanitaires au sein des établissements où une preuve de vaccination est exigée, la situation reste contrastée. Qualifié de pas en avant par les propriétaires de restaurants, ce changement dans les habitudes de consommation affecte le retour à la normalité dans certaines petites et moyennes entreprises. Selon le propriétaire du Moulin de province, si l’on ne met pas sur pied un plan d’aide solide pour l’industrie de la restauration et du tourisme, ces dernières seront « en voie de disparition ».
La première phase du plan de déconfinement ontarien octroie la levée des limites de capacité pour la majorité des établissements demandant une preuve de vaccination. Elle permet aussi à d’autres espaces ayant la possibilité de vérifier les preuves de vaccination de lever les mesures sanitaires mises en place.
L’Ontario prévoit également augmenter les limites de capacité pour les événements publics organisés comme les cérémonies du jour du souvenir et la parade du père Noël.
Pour Claude Bonnet, propriétaire du Moulin de Provence, la levée de ces mesures sanitaires a marqué le début du retour à la vie normale. « La différence a été immédiate. Nous sommes situés au cœur du Marché By donc nous sommes un point de passage. Cela fait plaisir de voir les gens retourner à leurs activités quotidiennes et être plus à l’aise quand ils viennent », explique-t-il.
Même si son chiffre d’affaires est moindre comparativement avant la pandémie, il se dit optimiste et espère remonter la pente au plus vite.
« On le voit tout de suite. Vu qu’il n’y a plus de restrictions, les gens sont plus à l’aise et ils prennent plus de temps pour sociabiliser. Le plus important qu’il faut retenir c’est que l’on revient à une vie normale », ajoute M. Bonnet.
Pour Anna Billisor, agent de communication et cliente, le retrait de certaines mesures sanitaires n’a pas eu d’impact sur ses habitudes de consommations.
« On s’est un peu habitué à notre mode de vie depuis un an et demi. Cela ne change pas grand-chose pour moi. J’espère juste que maintenant les files d’attente seront moins longues à l’entrée de certains restaurants », déclare-t-elle.
La preuve de vaccination reste un frein pour les clients
Malgré la levée des limites de capacité dans certains établissements, des restaurateurs se plaignent des coûts financiers et humains liés à la vérification de la preuve de vaccination.
C’est le cas de Jimmy Bizimana, propriétaire de Simba Restaurant and Lounge, qui déplore une diminution de sa clientèle et des difficultés de travail depuis l’instauration de la preuve de vaccination .
« Franchement, cela nous affecte. Il y a des gens qui ne sont pas encore vaccinés ou qui ont une dose et nous ne sommes pas en mesure de les recevoir bien qu’ils soient des clients fidèles. Cela diminue notre clientèle et nous oblige à travailler plus au niveau du contrôle des vérifications. »
« Nous devons engager plus de personnel alors que, comme la plupart des petites et moyennes entreprises, nous avons des moyens limités. De plus, si l’on doit assurer la vérification quand ils sont assis, les clients deviennent mal à l’aise. Même la terrasse n’est plus utilisable pour les non-vaccinés, car il fait de plus en plus froid », explique-t-il.
Pour M. Bizimana, même si la situation n’est pas idéale pour l’instant, il se dit optimiste et content d’être en mesure de recevoir plus de clients à l’intérieur.
De son côté, Claude Bonnet se dit satisfait de la coopération des Ottaviens vis-à-vis du processus de vaccination. La majeure partie de sa clientèle est vaccinée et elle est à l’aise à présenter sa preuve de vaccination lors de l’entrée dans l’établissement.
« À Ottawa, on a eu le support de la population locale au niveau de la vaccination. Vu que l’on n’a pas reçu de touristes en raison de la fermeture des frontières, on n’a pas eu plus de problème à ce sujet. Contrairement à mes collègues du Québec qui ont dû faire face à de vives protestations, je n’ai eu qu’un seul cas sur deux à trois cents clients », s’exalte-t-il
La nécessité de mettre un plan d’aide pour assurer la survie des restaurateurs
D’après le propriétaire du Moulin de Provence, la crise de la COVID-19 représente l’une des plus grosses crises économiques qu’est connue l’industrie de la restauration et du tourisme.
Au-delà des défis financiers auxquels ont été confrontés les restaurateurs pour assurer la survie de leur entreprise, cette crise à causer un changement des habitudes de consommation chez les clients.
« Même si les choses recommencent, on est loin de là où on était. Il y a beaucoup de commerces qui dépendaient de l’affluence dans les centres-ville pour assurer leur survie. Maintenant que tout le monde est en télétravail, le pouvoir d’achat a diminué », ajoute Claude Bonnet.
Bien qu’il se dît reconnaissant des aides gouvernementales reçues, les deux à trois prochaines années ont l’air très inquiétantes. Le peu de revenus générés est à peine suffisant pour garder son entreprise ouverte.
« Les aides du gouvernement doivent continuer. Si jamais on laisse aller de ces programmes pour un autre 24 mois, je vous assure que pour l’industrie de la restauration, du tourisme et d’hôtellerie cela va être catastrophique », conclut-il.