Rendez-vous de la francophonie : célébrations, humour et quête identitaire

Affiche officielle des RVF avec Alexis Normand et Eddy King. Crédit image: Rendez-vous de la francophonie

OTTAWA – Le mois de mars est celui de la francophonie et les festivités commencent ce soir, à Orléans. L’initiative des Rendez-vous de la francophonie (RVF) souligne ses 25 ans d’existence sous le simple thème « Célébrations ». Coup d’œil à la programmation qui s’échelonne sur tout le mois de mars.

Les Rendez-vous de la francophonie sont célébrés chaque année pour souligner la présence du français partout au Canada. L’initiative chapeaute des centaines d’activités diverses, qu’il s’agisse de manifestations artistiques, de rassemblements communautaires, de balados, de la section Mini rendez-vous et des ressources éducatives au rvf.ca, de concours ou de rencontres multiculturelles, par exemple. Le site web des RVF comporte une section calendrier dans laquelle on invite les gens à ajouter des événements ayant cours près de chez eux.

Les porte-paroles de cette 25e édition sont l’humoriste québécois Eddy King et l’autrice-compositrice-interprète et documentariste fransaskoise Alexis Normand.

Un lancement à Orléans

Le coup d’envoi des RVF aura lieu ce soir en direct du Centre des arts Shenkman d’Orléans. Alexis Normand agira comme maîtresse de cérémonie et offrira une courte performance, mais le clou de la soirée sera la tournée Juste pour rire, qui souligne pour sa part sa première décennie d’existence. L’événement sera retransmis en direct sur le site des RVF. Dans ce gala animé par Eddy King, on retrouvera les Québécois Mario Jean et Jessica Chartrand, le Néobrunswickois Luc Leblanc et l’Ontarienne francophile Rachelle Elie.

Les projections de l’ONF

Jusqu’au 31 mars, l’Office national du film (ONF) propose six programmes différents de projections dans plusieurs lieux à travers les provinces et territoires du Canada. Il est également possible de participer sur le web. On peut par exemple assister à L’Ordre secret, un documentaire de Phil Comeau qui lève le voile sur L’Ordre de Jacques-Cartier, une société secrète qui a grandement influencé le destin des francophones du pays.

Parmi les autres œuvres accessibles, notons la deuxième saison de La liste des choses qui existent, un programme de courts-métrages d’animation, de grandes chansons franco-canadiennes mises en image ou des films qui parlent d’identité comme Éloge du chiac de Marie Cadieux ou Le chemin rouge de Thérèse Ottawa, par exemple.

La vedette de ces projections est Assez French, le court-métrage documentaire d’Alexis Normand. La porte-parole des RVF a invité une équipe de tournage au chalet familial afin d’immortaliser de profondes discussions et réflexions autour de l’identité pour cette famille exogame qui se réapproprie la langue française.

« Il y a plusieurs familles qui vivent des versions de francophonie où, dans leur foyer, ils parlent en anglais. Ma mère est anglophone, mon père est francophone, mais assimilé. Moi, je suis la première génération qui a eu accès à une éducation en français », affirme Alexis Normand en entrevue avec ONFR+.

Une scène du documentaire Assez French où quatre membres de la famille Normand discutent, assis à l'intérieur du chalet.
Dans le court-métrage Assez French, la famille Normand de Saskatoon discute d’identité, de famille exogame et de rapport à la langue française. Crédit image : Office national du film.

Alexis Normand souligne que la « langue du cœur, » celle que les membres de sa famille utilisent naturellement entre eux, est l’anglais. Pourtant, la situation tend à changer. « La langue du cœur que j’ai avec mes nièces, c’est le français. Et c’est weird de leur parler en anglais. »

La documentariste est surprise de voir que son film fait réagir au Québec, où il est en lice aux Rendez-vous Québec cinéma comme meilleur film franco-canadien, et en Louisiane, où il fait partie de la sélection du festival Cinema on the Bayou.

Celle qui se rappelle avoir participé aux RVF à Saskatoon lorsqu’elle était enfant parle également de son identité dans sa récente chanson, Le doigt dessus. Le texte parle du jour où elle a repris sa guitare avec, pour la première fois depuis des années, l’envie d’écrire des chansons en français. L’autrice-compositrice-interprète a alors ressenti une tension familière, qui lui venait de son rapport à la langue de Shakespeare.

« C’était comme éphémère en même temps, je ne pouvais même pas vraiment identifier quel était le point de tension, d’où venait le nœud. C’était rendu tellement normal. J’ai décidé d’écrire une toune par rapport à ce moment-là. Le moment où je réalise qu’il y a quelque chose qui est off, mais je ne sais pas c’est quoi encore. »

Alexis Normand joue de la guitare au soleil, sur le bord d'une maison.
En film ou en chanson, la fransaskoise Alexis Normand parle d’identité en tant que francophone en milieu canadien minoritaire. Crédit image : page Facebook Alexis Normand

La chanson et le documentaire résonneront partout au pays pendant la tournée pancanadienne d’Alexis Normand au mois de mars. L’artiste propose un spectacle en trois temps, qui se termine par une discussion, toujours très enrichissante et émotive, avec le public.

« J’ai toujours vu mon rôle en tant qu’artiste comme étant quelque chose qui aide à faire vivre notre langue et notre culture, surtout en situation minoritaire. Dans un show par exemple, que les gens se rassemblent et qu’on ait la chance de rire ensemble ou de vivre des moments touchants ensemble, ça nous donne une expérience commune à partir de laquelle on peut bâtir des relations plus proches. »

Eddy King, à gauche, tient des ballons qui forment les lettres RVF. Alexis Normand, à droite, le regarde et sourit, la guitare à la main.
L‘humoriste Eddy King et l’autrice-compositrice-interprète Alexis Normand sont les porte-parole des RVF sous le thème des Célébrations du 25e anniversaire. Crédit image : Page Facebook RVF

La première édition des RVF s’est déroulée en 1998, d’après une initiative de francophones d’influence comme l’ancien juge en chef du Canada, Antonio Lamer, l’autrice acadienne Antonine Maillet et le politicien québécois Paul Gérin-Lajoie. Les Rendez-vous de la francophonie sont chapeautés par la Fondation dialogue depuis 2004.