Premier jour de classe historique à l'École secondaire Michelle-O'Bonsawin de Toronto. Crédit image: Rudy Chabannes
Des élèves font leur arrivée à l'École secondaire Michelle-O'Bonsawin de Toronto. Crédit image: Rudy Chabannes

TORONTO – Ils caressaient ce rêve depuis deux décennies. Les parents d’élèves franco-torontois ont enfin leur école secondaire laïque dans l’est de la ville. L’ex-établissement anglophone Greenwood réaménagé et rebaptisé Michelle-O’Bonsawin a ouvert ses portes ce mardi.

« Pour avoir vu l’école avant et après les travaux, l’impression est plutôt bonne de l’extérieur », confie Martin Reid, venu accompagner ses deux garçons au premier jour de classe en 7e et 9e années. Ils étaient scolarisés à l’École élémentaire La Mosaïque et au Collège français au centre-ville. C’est donc plus pratique de les avoir ici dans la même école de quartier. »

Ses enfants font partie des 175 premiers élèves inscrits en 7e, 8e et 9e années. Les élèves de quatre écoles nourricières y sont automatiquement inscrits : Gabrielle-Roy, Jeanne-Lajoie, La Mosaïque et Laure-Rièse, tandis que les classes de la 10e à la 12e année ouvriront l’horizon 2026, dans cet établissement capable d’accueillir jusqu’à 500 élèves.

À leur disposition : des salles de classe dernier cri, une bibliothèque, un gymnase et une cafeteria convertible en auditorium. Dévoilés en 2017, les plans de l’édifice ont évolué pour tenir compte de plusieurs doléances de parents soucieux d’obtenir pour leurs enfants une infrastructure équivalente aux écoles anglophones.

Martin Reid, père de deux élèves suivra avec attention la qualité de l’enseignement. Crédit image : Rudy Chabannes

Tout n’a pas été si simple pour y tenter d’y parvenir. De réunions publiques en contretemps, la direction a navigué à travers plusieurs obstacles : répondre aux attentes des parents, transformer un édifice des années 1970 pour le rendre fonctionnel et adapté, percer de larges ouvertures dans les parois en béton pour mieux faire entrer la lumière, obtenir une rallonge financière à hauteur de 23 millions de dollars, ou encore assainir un sol contaminé au plomb.

Usage du parc Felstead : une entente toute proche avec la Ville

Un des derniers verrous du dossier qui doit sauter consiste à décrocher une entente avec la Ville pour l’usage du parc public voisin. Un accord entre le conseil scolaire Viamonde et la Ville de Toronto serait sur le point d’aboutir concernant le parc, assure Steve Lapierre, directeur des communications à Viamonde.

« L’entente en est dans les derniers détails de préparation », selon lui. « Elle vise l’utilisation du parc pendant la journée scolaire pour des activités avec des groupes d’élèves, sans que l’école n’ait à demander de permis spécial. Entretemps, comme il s’agit d’un parc public, il n’est pas interdit aux élèves de le fréquenter. »

Caroline Finateu (à droite), mère d’un élève en 9e année, échange avec le directeur (au centre). Crédit image : Rudy Chabannes

« Le lieu est plus grand, avec plus d’espace, un vrai gymnase, mais le plus important pour moi c’est le niveau des enseignants et l’offre d’activités parascolaires qui sera proposée, estime Caroline Finateu, mère d’un enfant en 9e année. C’est une nouvelle école, donc on va laisser du temps au temps. »

Viamonde affiche un certain enthousiasme : « On s’est assuré de revitaliser une école existante pour en faire un établissement répondant aux réalités d’aujourd’hui. Les plans ont été développés de sorte à permettre la mise en place de pratiques pédagogiques à fort impact, une programmation parascolaire concurrentielle et un carrefour francophone pour ses communautés », détaille M. Lapierre.

« On dépasse ce que les anglophones ont »
—  Michel Laverdière, directeur de l’éducation

L’école est-elle équivalente aux établissements anglophones? « On dépasse ce que les anglophones ont », affirme sans hésiter Michel Laverdière, directeur de l’éducation au Conseil scolaire Viamonde, présent pour accueillir les nouveaux élèves. « On est très fier d’avoir réussi à livrer cette école. Cet édifice inspirant encouragera les élèves à persévérer dans leur apprentissage, avec une équipe de soutien dynamique et devouée. »

« Il faudra voir si l’espace extérieur est véritablement équivalent à celui des écoles anglophones du quartier », prévient Me Nicolas Martin Rouleau, qui représente les intérêts de la Coalition de parents pour une école secondaire de quartier (PESQ). Ce collectif a déposé en 2017, en Cour supérieure, une requête constitutionnelle à l’encontre de la Province, réclamant l’application de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Francis Cronier-Thériault, directeur de l’École secondaire Michelle-O’Bonsawin. Crédit image : Rudy Chabannes

Il reste encore quelques travaux à finir : l’installation de l’ascenseur, des gradins du gymnase, de filets sur la terrasse sur le toit, ainsi que de l’espace paysager extérieur.

 « On va rester en alerte. On n’est pas surpris que de gros travaux comme ça ne soient pas terminés », juge M. Reid. « C’est surtout l’enseignement qui importe et sur quoi je vais être attentif. »

Pour le directeur, « c’est le début d’un nouveau défi avec la mise en œuvre d’un climat scolaire mais aussi la concrétisation des valeurs de notre nom et ce qu’il représente, Michelle-O’Bonsawin ».

La juge a d’ailleurs glissé en mot de bienvenue en direct à l’ensemble des élèves, par visioconférence depuis son bureau de la Cour suprême du Canada.

Le personnel et la direction de l’école se sont présentés aux élèves au premier jour de classe. Crédit image : Rudy Chabannes