La famille Hutlet, voyageurs officiels 2024-2025, avec l'animatrice Françoise Therrien Vrignon et des participants de la compétition la Chicane électrique. Photo: Louis-Philippe Caron-Gallant

WINNIPEG – Les ceintures fléchées, les chemises carreautées et les Hé! Ho!, cri de ralliement officiel, se multipliaient lors du passage d’ONFR au Festival du Voyageur. Cette célébration de l’hiver est le plus grand festival francophone dans l’Ouest canadien, avec près de 75 000 personnes qui se rassemblent à Saint-Boniface année après année. Retour en cinq points et en images. 

La météo

La 56e édition du Festival du Voyageur s’est déroulée du 14 au 23 février. Elle a débuté dans un avertissement de froid extrême, avec un ressenti d’environ -40 degrés Celsius. Pourtant, 10 jours plus tard, c’est sous quelques gouttes de pluie que la fête s’est terminée, alors que la température avait grimpé légèrement au-dessus du point de congélation. 

Dans les deux cas, les festivaliers ont pu se réfugier dans les tentes chauffées, où se trouvaient la plus grande partie des spectacles, plusieurs bars et concessions alimentaires et certaines autres activités de la programmation. De nombreux feux de camp étaient aussi présents sur le site, dont le feu d’infinité qui rendait hommage aux peuples autochtones.

La sculpture Libellule s’envole combinait neige, glace, bois et brindilles. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Un feu de camp dans l’aire principale des concessions alimentaires. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Employés, bénévoles ou festivaliers, le Festival du Voyageur est une tradition pour de nombreuses familles. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant / ONFR

La mascotte Léo La Tuque. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant / ONFR

L’atelier de sculpture sur glace. Photo : Rachel Crustin / ONFR

De nombreuses familles au spectacle du Franco-Manitobain Micah! Photo : Rachel Crustin / ONFR

La neige est abondante cet hiver, ce qui a permis d’avoir plusieurs sculptures sur le site et le long du boulevard Provencher, à quelques pas de là. Celle qui captait le plus l’attention des visiteurs était Libellule s’envole, qui mêlait la neige, la glace, le bois et la paille. Elle envoyait ainsi un clin d’œil à l’édition 2024, où le manque de neige avait forcé les sculpteurs à se tourner vers d’autres matériaux. 

Les activités familiales

En plus des spectacles pour enfants, les familles pouvaient profiter d’un parc de jeux incluant de la glissade sur tube, du hockey bottine, du tir à la corde et divers jeux d’habiletés. Ils pouvaient également profiter des randonnées en raquette ou en charrette tirée par des chevaux, ou encore participer à un atelier d’initiation à la sculpture sur glace. 

La mascotte Léo la tuque est bien sûr venue faire son tour, et la traditionnelle tire sur la neige a fait bien des heureux, récompensés pour leur patience, puisqu’il fallait parfois se placer dans une longue file d’attente. 

Les foules

Impossible de nier la popularité de l’événement lorsque l’on voit les foules rassemblées un peu partout dans le Parc du voyageur. Les festivaliers étaient si nombreux qu’il était parfois difficile de circuler dans les tentes ou de voir les artistes sur scène. Un espace plus ouvert aurait pu aider à alléger la densité du public, mais c’est le prix à payer pour voir des spectacles dans les tentes, à l’abri du froid. Ces dernières ont atteint leur pleine capacité à plusieurs moments.

La foule dans la tente Cabane à sucre lors du spectacle de P’tit Belliveau. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Photo : Rachel Crustin / ONFR

Photo : Rachel Crustin / ONFR

Des festivaliers lors d’un spectacle de DJ dans la tente Des neiges. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant  / ONFR

Photo : Rachel Crustin / ONFR

Rencontrée par ONFR dimanche midi, la directrice générale du Festival du Voyageur, Breanne Lavallé-Heckert, dressait un bilan provisoire positif et estimait que de 70 000 à 75 000 personnes s’étaient déjà rendues à cette 56e édition. « Ça va très bien, le parc est encore rempli, se réjouissait-elle. Nos chiffres sont exactement où nous le voulions. »

L’expression « deux solitudes » n’a pas sa place au Festival du Voyageur. La population anglophone participe volontiers à l’événement, plusieurs allant même jusqu’à s’impliquer comme bénévoles. Certaines personnes unilingues nous ont affirmé qu’elles étaient présentes chaque année. Le Festival du Voyageur est une célébration du fait français, mais aussi des cultures des Métis et des Premières Nations. Cet esprit d’échange est au cœur de la fondation de la province et se reflète dans la programmation, l’équipe organisatrice, la tente souvenir qui présente beaucoup d’art autochtone et les gens du public.

Les spectacles

Même si le festival s’affiche comme francophone en théorie, il est plutôt bilingue en pratique. La plupart des artistes sur scène intervenaient dans les deux langues, mais certains (anglophones et francophones) en privilégiaient une, souvent l’anglais. Cet état de fait reflète aussi la réalité de la province, où un peu plus de 3% de la population déclare le français comme langue maternelle. 

Si la présence de la musique traditionnelle va de soi, la programmation en offre pour tous les goûts. Artistes locaux, franco-canadiens, autochtones, jeunesse et DJs se côtoient dans la programmation présentant des centaines de spectacles sur près d’une dizaine de scènes, en comptant les événements hors du parc. 

Beau nectar dans la tente Forest. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Initiation au pow-wow avec les Spirit Sands Singers. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant / ONFR

Mario Lepage (Ponteix). Photo : Rachel Crustin / ONFR

Spectacle de Nicolas Pellerin et les Grands Hurleurs. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant / ONFR

Photo : Rachel Crustin / ONFR

Spectacle de Andrina Turenne dans la tente Rivière Rouge. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Spectacle de P’tit Belliveau dans la tente Cabane à sucre. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Spectacle du groupe franco-manitobain Akiña. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant

Un autre élément distinctif du Festival du Voyageur est ce Hé Ho! À la fois salutation et cri de ralliement, c’est entré dans la légende autour de la décennie 1980, croient ceux qui se risquent à une explication. Cela aurait été popularisé par l’animateur Maurice Paquin, bien qu’il n’en soit pas l’inventeur. Aujourd’hui, le Hé Ho! est lancé à tout moment et « fait partie de qui nous sommes », indique Breanne Lavallée-Heckert.

Les représentations historiques

Ce qu’on appelle aujourd’hui Winnipeg est un lieu de rencontre historique, dû à sa situation géographique, à la rencontre de la rivière Assiniboine et de la rivière Rouge. C’est par là que passaient les voyageurs, ces travailleurs souvent Canadiens français engagés par la Compagnie de la Baie d’Hudson pour la traite et le transport des fourrures. Ces voyageurs se sont éventuellement arrêtés sur le territoire pour épouser des femmes autochtones et embrasser leur mode de vie, ce qui mena à la naissance du peuple Métis. 

Les anciens voyageurs officiels deviennent éventuellement membres de l’ordre des voyageurs, comme Liliane et Robert Régnier. Photo : Louis-Philippe Caron-Gallant / ONFR

La culture autochtone est un élément important du Festival du Voyageur. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Un mini-musée relatait quelques moments du Festival du Voyageur dans l’histoire. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Même les festivaliers arborent des éléments de costumes d’époque et le fameux slogan Hé Ho! Photo : Rachel Crustin / ONFR

Représentation historique au Fort Gibraltar. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le festival du Voyageur souligne cet héritage. Les représentations historiques avec interprètes, la présence de voyageurs officiels (des membres de la communauté agissant comme porte-paroles) et les nombreux costumes d’époque en font foi.