Roxanne Lormand, directrice générale de l’UCFO : « Nous devons viser les jeunes »

Roxanne Lormand est la nouvelle directrice générale de l'Union des cultivateurs de l'Ontario. Crédit image: UCFO

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Roxanne Lormand est la nouvelle directrice générale de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO). Originaire de Chute-à-Blondeau, la Franco-Ontarienne est une mordue d’agriculture. Diplômée en environnement, elle possède de nombreuses connaissances dans le secteur agricole et horticole en Ontario. De novembre 2018 à février 2022, elle était la rédactrice en chef du journal Agricom.

LE CONTEXTE :

En septembre 2022, l’ancien directeur général de l’UCFO avait quitté le navire. Depuis, l’organisme œuvrait sans personne à sa tête. En février dernier, Renée-Claude Gouet en entrevue avec ONFR+ disait réfléchir à une nouvelle stratégie pour l’organisme.

L’ENJEU :

La nouvelle directrice générale représente un leadership féminin en agriculture que beaucoup apprécient. Ce vent de nouveauté n’empêche pas que les problèmes de mains-d’œuvre, le manque de relève, les changements climatiques ou encore l’inflation, restent des combats à gagner pour le monde agricole.  

« Quelle est votre vision pour les années à venir au sein de l’UCFO?

Dans le monde agricole, aujourd’hui et depuis la pandémie, c’est sûr qu’on vise plusieurs objectifs. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai voulu m’engager. D’abord, il nous faut encadrer la relève existante, puis on veut vraiment défendre les intérêts de nos producteurs et agriculteurs partout dans la province. Bien sûr, il ne faut pas oublier nos jeunes qui arrivent dans le milieu. Donc, je pense qu’à long, moyen et court terme, nous devons viser les jeunes.

On est vraiment un organisme de promotion à l’ensemble de l’Ontario. On représente les intérêts de tous les agriculteurs et agricultrices franco-ontariens, que ce soit le Sud, le Centre, l’Est et le Nord. On a un siège social basé dans l’Est de l’Ontario, mais on a toujours voulu représenter l’ensemble de la province. On participe à des activités un peu partout. Avec la pandémie des dernières années, ça a été un peu plus difficile, mais notre dernier Prix Pierre-Bercier, par exemple, a été attribué à un couple d’agriculteurs de Kapuskasing.

Avec le virtuel – c’est une de mes visions –, je voudrais connecter encore plus les gens. On sait que dans le milieu rural, ce n’est pas toujours facile. C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur en tant que nouvelle directrice générale.

Évidemment, j’ai intérêt à faire propulser l’organisme, comme développer des partenariats ou relancer des actions qui ont déjà été entreprises dans le passé.

Quelle place la femme devrait-elle occuper dans l’agriculture?

Quand j’ai eu la position de directrice générale, j’ai été doublement fière parce que j’avais à la fois le chapeau de directrice, mais aussi d’une femme dans le monde agricole. J’ai beaucoup de respect pour toutes les agricultrices. Il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Donc, le leadership féminin, c’est quelque chose qui est très important pour l’UCFO.

Roxanne Lormand veut attirer les jeunes en agriculture. Gracieuseté

De mon côté, je pense qu’il faut mettre en valeur les femmes qui sont dans le monde agricole et agroalimentaire. Il y en a de plus en plus, c’est merveilleux. Nous devons être là pour les accompagner. Autant qu’on accompagne nos agriculteurs, on va accompagner nos agricultrices. On veut bien les outiller aussi. C’est une double fierté d’être ici aujourd’hui.

À travers ce nouveau défi professionnel, démontrez-vous, en quelque sorte, qu’il y a un avenir pour la jeunesse dans le monde agricole?  

À l’aube de mes 30 ans, je veux vraiment cheminer dans cette carrière. C’était le bon moment, la belle option pour moi. Je peux relier mes deux amours : la francophonie et l’agriculture. Ça rejoint mes valeurs. C’est pour ça que je suis vraiment fière d’être rendue ici aujourd’hui. C’est un bel avenir et je sais qu’il y a de l’avenir. J’entrevois personnellement plusieurs années avec l’UCFO.

Cela fera-t-il partie de votre stratégie que d’inciter les jeunes à prendre part à l’agriculture?

On va aller rechercher des jeunes pour le monde agricole. La relève, c’est justement un des enjeux. Le manque de main-d’œuvre – on ne s’en cachera pas – touche également le secteur de l’agriculture, puis il y a aussi la retraite. Il y aura de nombreux producteurs qui vont partir à la retraite dans les prochaines années. C’est très important de miser sur la relève. Pour ce faire, nous allons accompagner et aider nos jeunes.

Du haut de ses 30 ans, la nouvelle directrice générale représente la jeune et le leadership féminin dont l’UCFO aura besoin. Gracieuseté

Face aux multiples enjeux du monde agricole, comment allez-vous prioriser vos tâches?

Les cultures changent, les conditions météo changent. Que ça soit la sécheresse, les inondations, on en a vu de toutes les couleurs ces dernières années. Les producteurs doivent s’adapter de différentes façons. Il y a la modernisation de l’équipement qui arrive et les façons de faire qui évoluent. Ajouter à cela l’inflation, les coûts de la vie qui augmentent. On surveille tout cela, bien évidemment.

Dans cet univers, il n’y a pas deux journées pareilles. C’est pour ça que ça prend des gens passionnés pour faire ce métier. Des gens qui ont le désir de se lever chaque matin pour aller voir leur culture, leurs plantes, leurs animaux… »