Saison des inondations : la pandémie complique la donne en Ontario
TORONTO – Une catastrophe en attendra-t-elle une autre? Alors que la pandémie de COVID-19 continue de faire des dégâts dans la province, un autre problème pointe le bout de son nez : les inondations printanières. Les autorités provinciales se préparent à faire face à cette éventualité dans un contexte incertain.
▶️ 511 nouveaux cas et 55 décès supplémentaires en Ontario
▶️ 17 119 cas au total (55 572 au Canada)
▶️ 1 176 décès en Ontario (3 446 au Canada)
▶️ 977 hospitalisés, dont 221 en soins intensifs
▶️ 310 359 tests en Ontario, dont 12 829 en attente de résultats
« Si vous êtes en danger imminent, on sera là pour vous secourir », a lancé le premier ministre Ford lors de son point presse, ce samedi. « Notre gouvernement est prêt à faire face à tous les scénarios possibles, y compris en cas d’inondations printanières. »
Le gouvernement veut éviter de revivre la catastrophe de 2019. Dans le Nord, l’Est et le Sud-Ouest, des milliers d’Ontariens avaient dû abandonner leur maison dévastée par les crues printanières, consécutives à des pluies diluviennes. Les Forces armées canadiennes étaient venues prêter main forte dans plusieurs localités.
Muskoka, Pembroke, Ottawa, Windsor, Bracebridge… 23 villes en état d’urgence ont dû, depuis, reconstruire leurs digues, leurs quartiers résidentiels et une partie de leur économie.
Dans la foulée, le gouvernement Ford avait lancé une série de consultations et un groupe de travail en vue d’améliorer sa gestion des risques de catastrophes naturelles. Mais qui pouvait s’imaginer, un an plus tard, qu’il faudrait composer avec une pandémie mortelle?
Alors que le virus marque le pas et que débute la réouverture progressive de l’économie, la COVID-19 tue toujours. 55 nouveaux décès ont été signalés aujourd’hui par la Santé publique de l’Ontario, dont la moitié dans les foyers de soins de longue durée. Le nombre de contaminations depuis le début de la vague épidémique dépasse, lui, les 17 000 cas.
Une stratégie qui ménage les municipalités
Coordonner un plan d’évacuation à l’échelle provinciale dans les conditions de distanciation actuelles et de risque de nouvelle vague épidémique complexifie sérieusement la donne.
La province affirme cependant être prête à agir, tout en évitant aux municipalités, déjà fortement impactées par la COVID-19, de porter tout le fardeau des évacuations et des hébergements d’urgence.
La stratégie gouvernementale passerait plutôt par le déploiement de ressources provinciales, fédérales et non gouvernementales, comme celles de la Croix-Rouge canadienne, afin de « réduire au minimum le recours aux ressources municipales en matière de soutien, y compris en ce qui a trait aux soins de santé et aux services sociaux. »
Les zones à risque scrutées de très près
Les experts ontariens focalisent actuellement leur attention dans les zones à risque, notamment les régions de Sault-Sainte-Marie et Elliott Lake, maintenues en « avertissement crue ». Plusieurs villes sont, par ailleurs, placées en « veille de crue » comme Thunder Bay, Oshawa, Prescott, Kingston, Windsor ou encore Chatham-Kent.
Ils surveillent les prévisions météorologiques, l’épaisseur du manteau neigeux, les données de pluviomètres et photographiques permettant d’analyser les niveaux et débits d’eau. Dans les régions éloignées du Grand Nord, la province a recours à l’imagerie satellitaire, aux radars ainsi qu’à la surveillance aérienne.
Le Centre de contrôle des eaux de surface de l’Ontario effectue la modélisation des ondes de tempête et émet, deux fois par jour, des avis à l’intention des autorités locales de protection et des bureaux de district du ministère des Richesses naturelles et des Forêts dans la région des Grands Lacs.
Le niveau élevé des lacs devrait le rester au cours des prochains mois. Les municipalités de Chatham-Kent et de Pelée ont toutes deux déclaré la situation d’urgence, cette année, en raison du niveau élevé du lac Érié et des effets des ondes de tempêtes.
Réinstallation sécuritaire des Premières Nations
La province a également collaboré avec le palier fédéral pour aider les Premières Nations à rester sur leurs terres tant que cela reste sans danger, par exemple en réinstallant temporairement les membres d’une Première Nation sur des terres plus élevées et plus sûres.
Réinstaller les populations autochtones d’une réserve vers des camps de chasse traditionnels ou d’autres lieux éloignés permettrait également de répondre aux inquiétudes concernant la propagation potentielle de la COVID-19 au sein de ces communautés vulnérables.
« Nous sommes prêts à distribuer tous les sacs de sable nécessaires pour faire face à la saison des inondations dans le contexte actuel de la pandémie », a insisté le ministre des Forêts et des Richesses naturelles, John Yakabuski, assurant être préparé grâce à la Stratégie ontarienne de lutte contre les inondations dévoilée en mars dernier et censée éviter que le pire ne se reproduise.