Salaire minimum : l’Ontario enquêtera sur les entreprises récalcitrantes

Le ministre du Travail de l’Ontario, Kevin Flynn. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – Face à des cas d’abus de la part d’employeurs, le gouvernement ontarien entend défendre les salariés qui ont récemment vu leur salaire augmenter à 14 dollars de l’heure. Des enquêteurs seront envoyés sur le terrain pour s’assurer que la loi soit appliquée.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Le ministre du Travail de l’Ontario, Kevin Flynn, a tenté de rassurer les employés qui pourraient être victimes d’abus de la part des employeurs, le lundi 8 janvier, une semaine après la hausse du salaire minimum dans la province. 

« Nous sommes avec vous! », a-t-il martelé en point de presse en s’adressant directement aux travailleurs de la province.

M. Flynn s’est dit « fâché » à la suite de la médiatisation de plusieurs cas de ce qu’il considère comme des « abus ». Selon lui, « les Ontariens méritent mieux » et les employeurs devront respecter la loi adoptée avant le temps des fêtes sans quoi, il promet d’agir pour s’en assurer. Le ministre du Travail indique que des enquêteurs iront sur le terrain pour cela.


« C’est tout simplement inacceptable que des entrepreneurs fassent payer le prix à leurs employés et c’est de l’intimidation. » – Kevin Flynn, ministre du Travail


Le ministre ne croit pas que la hausse du prix des produits, annoncée déjà par plusieurs commençants, ne soit un problème pour les consommateurs.

« Les Ontariens vont comprendre », assure-t-il.

La ligne téléphonique, mise en place par le ministère du Travail, a vu son volume d’appel augmenter de 30 % par rapport à la normale, a rapporté M. Flynn, car les entrepreneurs et employés ont des questions. Il stipule toutefois que ce sont des cas « isolés » et que la vaste majorité des entreprises agit de « bonne foi ».

Des cas d’intimidation, selon Wynne

La semaine dernière, des propriétaires de franchises Tim Hortons, à Colberg, ont demandé à leurs employés de signer un document reconnaissant qu’ils perdent leurs pauses payées et leurs avantages sociaux en raison de la hausse du salaire minimum dans la province.

Cette action, largement médiatisée, a forcé la première ministre, Kathleen Wynne, à sortir de ses vacances pour dénoncer la situation. Selon elle, ces franchisés ont « intimidé » leurs employés.


« Demander aux travailleurs au salaire minimum d’accepter que leurs pauses ne soient plus payées n’est pas décent et ce n’est pas juste. C’est un acte d’intimidation. » – Kathleen Wynne


D’autres histoires ont été par la suite médiatisées, notamment le cas d’un franchisé de Tim Hortons dans la région de Mississauga qui exigerait que ses employés n’acceptent plus de pourboires à cause de la hausse du salaire minimum.

Sur ces cas, M. Flynn a indiqué que des actions pouvaient être posées par son ministère, s’il est prouvé que ces commençants ont agi à l’encontre de la loi. Dans les autres cas, M. Flynn assure que la seule manière d’agir est de « dénoncer ces actes ».

Le siège social de Tim Hortons a publiquement condamné les franchisés, les qualifiant de « rebelles » dont les actions « ne reflètent pas les valeurs de la compagnie ».

Une hausse trop rapide, croit le FCEI

La Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) estime toutefois que la hausse du salaire minimum s’est faite trop rapidement. Dans une lettre ouverte publiée la semaine dernière, Dan Kelly, président de la FCEI, a dénoncé la sortie publique du gouvernement.

Selon lui, la réaction de Mme Wynne « serait plus crédible si le gouvernement avait mieux étudié les impacts d’une augmentation avant d’aller de l’avant ».


« Cette expérience sociale est une action d’un gouvernement qui ne semble pas se soucier des impacts de ses actions sur les petites entreprises. » – Dan Kelly, président de la FCEI


Pour lui, il est clair que c’est un geste pré-électoral qui est payé à même les poches des commerçants locaux et non par le gouvernement.