Service 3-1-1 : le français plus demandé à Sudbury, statu quo à Ottawa
Verre à moitié plein ou à moitié vide? En 2018, quelque 3,4 % des Sudburois ont demandé le service en français lorsqu’ils ont eu recours au 3-1-1, le numéro traditionnellement réservé aux services municipaux. Un chiffre faible au regard des 25 % de francophones que compte la ville. Mais la proportion de la demande augmente.
Sur les 205 893 Sudburois ayant composé le 3-1-1 en 2018, 6 996 des appels ont été demandés dans la langue de Champlain. Cette proportion de 3,4 % constitue une hausse par rapport aux années précédentes. En 2014, le chiffre n’atteignait que 2,3 % selon l’enquête semblable alors effectuée par ONFR+, puis 2,96 % (2015), et 3,22 % (2016). En 2017, cette proportion avait même grimpé à 3,7 %.
Du côté l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury, on préfère voir cela avec optimisme.
« C’est un excellent signe de voir cette progression », indique sa vice-présidente Marie-Eve Pépin. « On voit que c’est une équation entre les appels en hausse et l’offre de qualité de la Ville au 3-1-1. La réceptionniste répond toujours dans les deux langues, ce qui explique que nous sommes plus susceptibles de demander le service. »
Cette progression quasi-constante serait même la résultante du travail de sensibilisation effectuée par la municipalité du Grand Sudbury, estime l’ACFO.
« La Ville promeut davantage ses services offerts en français via les journaux et d’autres canaux. Ils commencent à mieux le faire. Ils ont compris, par exemple, que pour les cours de natation en français, ils doivent rejoindre les francophones. »
En 2015, une étude publiée par la Ville du Grand Sudbury sur les services en français en avait laissé pantois plus d’un. Quelque 87 % des résidents affirmaient méconnaître le bilinguisme du service.
5,5 % d’appels en français à Ottawa
Du côté d’Ottawa, l’autre ville possédant un service en français, c’est en revanche le statu quo qui domine. La capitale du Canada a beau représenter le plus gros foyer francophones en Ontario, ces derniers sont aussi peu enclins à utiliser les services du 3-1-1.
Des 539 531 appels au service municipal en 2018, quelque 29 826 résidents ont demandé le service en français. L’équivalent d’une proportion d’environ 5,5 % de la population. Quelque 15 % des francophones d’Ottawa possèdent le français comme langue maternelle.
En 2017, la proportion d’appels en français en 3-1-1 avait connu un « creux » à 3,5 % alors que la tendance avait toujours été située les années précédentes entre 5 et 6 %.
« On voit une augmentation par rapport à 2017. La population s’est rendue compte que les services en français peuvent être fragiles, du fait des coupures provinciales. Il y a eu une sensibilisation », affirme la directrice générale de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa), Ajà Besler.
L’organisme porte-parole des francophones d’Ottawa admet tout de même la fragilité du chiffre. « Beaucoup de personnes ont eu des expériences négatives du fait que les services ne sont pas toujours de la même qualité. Ce n’est pas le cas pour les services de la Ville spécifiquement, mais ailleurs il y a parfois un temps d’attente plus long, donc les gens hésitent à demander ces mêmes services en général. »
Peu de demandes en ligne à Ottawa
Autre constat de l’ACFO : le nombre très faible de francophones qui effectuent leur demande de service en ligne. Alors que plus de 60 000 résidents d’Ottawa exigent de cette façon leur service municipal, très peu le font en français : 787 (2017) contre 777 (2018).
« L’insécurité linguistique fait parfois que les gens sont plus à l’aise à l’oral qu’à l’écrit », croit Mme Besler. « Chez les populations francophones, les taux d’analphabétisme sont plus élevés. »