Services désignés : la ministre Lalonde promet des changements

L'Hôpital général de la Baie georgienne à Penetanguishene
L'Hôpital général de la Baie georgienne à Penetanguishene. Crédit image: Jean-François Morissette

TORONTO – La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, estime que le gouvernement doit faire mieux lorsqu’il faut transférer des services désignés d’un établissement à un autre.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Dans un mémoire déposé le 21 août, le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, a sévèrement blâmé le gouvernement de Kathleen Wynne qu’il accuse d’avoir agi en violation de la Loi sur les services en français (LSF) en procédant à la fermeture de l’hôpital de Penetanguishene sans avoir préalablement transféré les services désignés bilingues vers un autre établissement.

En entrevue avec #ONfr, la ministre Lalonde a concédé qu’il y a eu un problème, tout en assurant que des leçons allaient être tirées de cette expérience.

« C’est une situation triste et on veut que ça n’arrive jamais. Nous avons appris et c’est certain que je vais m’assurer que ça ne se reproduise plus » – Marie-France Lalonde, ministre des Affaires francophones

Mme Lalonde a promis de revoir le processus de désignation des organismes pour s’assurer que ce type de problème n’arrive plus et s’est même montrée ouverte à l’ajout d’un mécanisme de vérification, comme M. Boileau l’a suggéré.

« Je suis très réceptive à tout ce qui pourrait améliorer la procédure parce que mon but à titre de ministre des Affaires francophones est d’améliorer la prestation de services partout » – Marie-France Lalonde

Le dépôt du mémoire du commissaire Boileau tombe quelques jours avant le passage de la ministre Lalonde à Midland pour célébrer la nouvelle désignation de l’Hôpital général de la baie Georgienne (GBGH).

Dans un échange de courriels avec #ONfr, le ministre de la Santé et des Soins de longue durée, Eric Hoskins, a aussi assuré prendre la situation au sérieux.

« Je sais que l’accès à des soins de santé est extrêmement important pour les membres de la communauté et en tant que ministre, je partage ses inquiétudes. J’ai demandé à mon équipe de continuer de travailler en étroite collaboration avec l’hôpital général de la baie Georgienne pour s’assurer que les services appropriés soient offerts à la communauté », a-t-il indiqué.

Le ministre Hoskins a également assuré qu’il allait travailler en étroite collaboration avec les différents acteurs gouvernementaux, y compris le commissaire Boileau, pour améliorer la prestation de services de santé en français en Ontario.

La communauté soulagée

Dans la communauté francophone de la baie Georgienne, la sortie publique du commissaire Boileau est bien accueillie.

Claudette Paquin a été particulièrement vocale au cours de cette saga. En entrevue avec #ONfr, l’ancienne présidente de l’organisme francophone La Clé d’la Baie estime que le Commissariat aux services en français et son commissaire ont mis le « doigt sur le problème ».

« C’est plate que la structure qui a été mise en place et dont nous sommes si fiers en Ontario (…) ne soit pas aussi bien protégée que l’on pense » – Claudette Paquin

Pour elle, il est clair qu’il y a des leçons à tirer sur les rôles de chacun des acteurs gouvernementaux et plus particulièrement, du réseau local d’intégration du système de santé (RLISS) Simcoe Nord Muskoka.

« Le RLISS aurait dû être beaucoup plus vigilant parce qu’après tout, c’est là que se fait la planification des services », note-t-elle.

Mme Paquin estime également que le ministère des Affaires francophones devrait avoir le personnel requis pour effectuer des vérifications auprès des prestataires de services désignés.

Depuis le 1er juillet dernier, les services désignés de l’ancien hôpital de Penetanguishene ont été transférés à l’Hôpital général de la baie Georgienne, à Midland. Mme Paquin estime qu’avant de crier victoire, il va falloir s’assurer que les services soient garantis en tout temps.

Un appel à réformer la LSF

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, estime pour sa part qu’il est important de tirer des leçons de cette saga et espère que le gouvernement ira de l’avant avec la réforme de la LSF.

« Le commissaire aux services en français doit avoir le pouvoir de poursuivre en justice et pas uniquement de pouvoir faire des recommandations », explique-t-il.

M. Jolin souhaite également voir le processus de désignation des organismes et des régions en vertu de la LSF simplifiée.

« On doit pouvoir donner le service qui leur revient aux francophones de la région », conclut-il.

Mais avant tout, M. Jolin croit qu’il est essentiel qu’une situation similaire ne se reproduise pas.

Le dos tourné à la communauté

La députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, France Gélinas, a pour sa part applaudi la sortie publique du commissaire Boileau.

« Les règles étaient pourtant claires. Les services de l’hôpital de Penetanguishene n’auraient jamais dû fermer avant que l’Hôpital général de la baie Georgienne ne soit désigné en vertu de la Loi sur les services en français et, jusqu’à ce que les francophones puissent être assurés qu’ils et qu’elles recevraient des soins dans leur propre langue », a-t-elle souligné.

Selon elle, le gouvernement de la première ministre Kathleen Wynne a carrément tourné le dos aux francophones de cette région.