Le Franco-Ontarien Jonathan David célèbre le deuxième but de son équipe contre l'Uruguay lors du match de football pour la troisième place de la Copa America à Charlotte, Caroline du Nord, le samedi 13 juillet 2024. (AP Photo/Nell Redmond)

Jonathan David et ses coéquipiers de la sélection nationale canadienne de soccer ont dépassé toutes les attentes pour leur première participation à la Copa América. À deux ans de la Coupe du monde qui se déroulera en partie sur le sol canadien, voici cinq points majeurs à retenir après ce parcours historique dans la compétition sud-américaine. 

Tous unis derrière Jesse Marsch 

Pour ses débuts à la tête de la sélection, seulement trois mois après sa nomination, l’entraîneur américain Jesse Marsch a convaincu tout le monde. En très peu de temps, il a réussi à obtenir l’adhésion de tout son groupe à son projet de jeu. Si tout est loin d’être parfait et des interrogations subsistent comme nous allons le voir ci-dessous, les résultats obtenus parlent en sa faveur. Éliminés en demi-finale face à l’Argentine, futur vainqueur de la compétition, les Canadiens sont passés tout proches d’obtenir la troisième place lors de la petite finale face à l’Uruguay. 

Après avoir subi rapidement l’ouverture du score par Rodrigo Bentancur à la huitième minute, les Rouges ont parfaitement réagi avec une superbe égalisation d’Ismaël Koné d’un retourné à la 22e minute. L’attaquant franco-ontarien Jonathan David a même cru offrir cette troisième place à son équipe avec un but à dix minutes de la fin, mais le manque d’expérience pour conserver le score et la naïveté défensive canadienne, ont coûté un but à la 93e minute de l’expérimenté Suarez, qui a envoyé les deux équipes aux tirs au but remportés par les sud-américains. 

Quoiqu’il en soit, la performance est historique et Jesse Marsch, au-delà des résultats, a brillé par sa capacité à créer un groupe pour lequel il s’est battu corps et âme, dénonçant notamment les injustices arbitrales subies lors de ce tournoi, où les équipes sud-américaines usant de tous les vices ont clairement été favorisées. Il n’a pas hésité non plus à prendre la défense de son défenseur central Moïse Bombito publiquement, suite à des injures racistes dont il a été victime sur les réseaux sociaux, après le premier match face à l’Argentine où le jeune Québécois avait taclé la supervedette Lionel Messi de manière un peu trop virulente. 

Une défense révélée 

La prise de fonction de Jesse Marsch, succédant à John Herdman, marque un tournant défensif pour la sélection. L’Américain a décidé de faire peau neuve en défense centrale. Terminé le trio Johnston-Vitoria-Miller, place à la jeunesse avec le duo Moïse Bombito (24 ans)-Derek Cornelius (26 ans) accompagné sur les côtés dans une défense à quatre d’Alistair Johnston, à droite, et d’Alphonso Davies à gauche, qui retrouve son poste naturel en sélection. 

Si ce jeune duo de centraux offre de belles promesses d’avenir, l’objectif dans les deux ans à venir sera de gagner en expérience, afin d’éviter les sauts de concentration et des buts encaissés en raison d’erreurs qui ne sont pas acceptables au plus haut niveau et qui peuvent couter cher. Le fait que ce tournoi ait réussi à mettre en lumière ces deux joueurs qui sont pressentis pour rejoindre le Championnat de France est une très bonne chose. Cela devrait leur permettre de passer un palier en club et ainsi se répercuter en sélection. 

La bonne formule en attaque avec Jonathan David? 

Si la bonne formule semble avoir été trouvée en défense avec des progrès à réaliser bien identifiés, l’attaque demeure une énigme. Le duo Jonathan David-Cyle Larin est-il réellement la solution qui fonctionne pour Jesse Marsch? Sur le papier, le rôle de David de neuf et demi, derrière Larin, pur avant-centre capable de finir les actions, a du sens. Sauf que dans le jeu, cela ne s’est que peu traduit. En dehors de la rencontre face au Venezuela, probablement la meilleure prestation du tournoi de Jonathan David, le duo n’a pas vraiment fonctionné.

Les interrogations autour du fait de passer à un système avec un seul attaquant et d’ajouter un milieu de terrain subsistent. Le problème : y a-t-il un joueur au milieu de terrain capable de prendre ce rôle derrière l’attaquant de pointe – qui serait on l’imagine David, avec Larin sur le banc – et faire mieux que l’attaquant de Lille? La réponse à cette question aujourd’hui n’est pas si simple. Il faudra suivre dans les mois à venir lors des matchs amicaux la décision que prendra le sélectionneur vis-à-vis de son duo d’attaque.

Comment maximiser Alphonso Davies? 

C’est la grande question de la sélection canadienne. Comment faire en sorte que son meilleur joueur soit dans les meilleures conditions possibles pour donner son meilleur en sélection? Longtemps trimballé à différents postes par John Herdman, sans grand succès, Jesse Marsch a pris la décision de lui faire occuper son poste de prédilection sur le côté gauche de la défense avec un joueur offensif de couloir devant lui. 

Si défensivement, le latéral gauche du Bayern de Munich est apparu solide, on en attend plus offensivement d’Alphonso Davies qui devrait être capable de faire des différences pour la sélection. Ses associations avec Liam Millar et Jacob Shaffelburg nécessiteront du temps pour être perfectionnées et il sera intéressant sur le long terme de voir si le sélectionneur décide de garder son meilleur joueur en défense, ou s’il sera tenté, comme son prédécesseur, de le faire monter d’un cran pour le voir participer plus au jeu offensif et apporter ses qualités de percussion et de centre. 

Plus de grosse compétition d’ici la Coupe du monde 

Jesse Marsch va faire face à un gros défi jusqu’en 2026. Celui de devoir préparer une équipe pour un événement majeur, sans avoir énormément de matchs à enjeu face à des adversaires relevés, comme ça a pu être le cas lors de cette Copa América.

Il y aura, certes, la Gold Cup en 2025, où les Canadiens pourront se mesurer à leurs co-organisateurs de la Coupe du monde 2026 le Mexique et les États-Unis, pour se disputer la suprématie régionale de la CONCACAF. Mais au-delà de cela, les Canadiens devront se contenter de matchs amicaux et espérer que les joueurs continuent de progresser dans leurs clubs respectifs ou même de poursuivre ces mouvements vers des équipes de plus en plus relevées à l’image du milieu de terrain Ismaël Koné qui a rejoint pendant la compétition, l’Olympique de Marseille dans la ligue 1 française.

Malgré tout, le soccer Canada est promis à de beaux jours et on ne peut qu’être optimiste sur la projection de l’équipe dans deux ans. Avec une Coupe du monde à domicile, Jonathan David et ses coéquipiers viseront de faire mieux qu’en 2022 au Qatar, où ils n’avaient pas remporté le moindre match dans une poule très relevée en compagnie de la Belgique, du Maroc et de la Croatie.