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Soccer : le Forge Hamilton ne craint personne

En arrachant un match nul 1-1 sur le terrain de l'Atlético, David Choinière et le Forge FC ont gardé le tête de la PLC. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Confiant et sûr de leur force, le Forge Hamilton, quadruples champions de la Première ligue canadienne (PLC), aborde le sprint final de la saison avec sérénité. Pour le jeune Amadou Koné comme pour le vétéran David Choinière, l’Atlético Ottawa, concurrent direct au titre, n’est pas une menace, mais une étape supplémentaire vers un doublé historique.

La fin de saison 2025 de la PLC s’annonce palpitante. À trois journées de la fin, deux clubs dominent les débats : le Forge FC Hamilton et l’Atlético Ottawa. Les deux formations se livrent un duel haletant pour le titre de la saison régulière. En arrachant un match nul (1-1) précieux sur le terrain de l’Atlético la semaine dernière, Forge s’est assuré de conserver son destin entre ses mains. Derrière, les hommes de Bobby Smyrniotis ont confirmé leur statut de patrons en étrillant le Pacific FC 4-0 le week-end dernier pour conserver deux longueurs d’avance sur Ottawa, vainqueur 3-0 face à Cavalry FC.

Du côté de l’équipe du sud-ouest de l’Ontario qui domine la ligue depuis sa création, la confiance est totale. On ne voit pas Ottawa comme une menace insurmontable, et c’est même tout l’état d’esprit résumé par un jeune attaquant prometteur du club, le Franco-Ontarien Amadou Koné.

Koné : « Ottawa, une bonne équipe mais pas une rivalité »

Auteur de son premier but de la saison face à Ottawa, sa ville natale plus tôt dans la saison, Koné symbolise l’équilibre fragile entre patience individuelle et ambition collective. S’il dispose de moins de temps de jeu que l’an dernier, il ne s’en alarme pas :

« Ce n’est pas facile, mais rien n’est facile dans la vie et encore moins dans le football. L’équipe gagne, et tout ce que je peux faire, c’est rester prêt, me donner aux entraînements et montrer pourquoi je mérite de jouer », explique-t-il

Le dernier match entre Ottawa et Hamilton s’est terminé avec quelques échauffourées, symbole de la tension entre les deux équipes sur cette fin de saison. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Interrogé sur la rivalité naissante avec Ottawa, sa réponse est révélatrice du sentiment dans le vestiaire :

« Je ne peux pas dire qu’on est inquiet. Ottawa est une très bonne équipe, mais nous avons déjà affronté des Monterrey, des clubs de MLS. Notre standard est ailleurs. Si on joue à notre meilleur niveau, on peut gérer Ottawa comme les autres. Pour moi, ce n’est pas une rivalité, mais oui, il y a concurrence. »

Un discours lucide qui tranche avec les tensions aperçues lors du dernier affrontement entre les deux formations, marqué par quelques échanges musclés en fin de match. L’Atlético, désormais candidat crédible au titre, veut s’imposer comme l’équipe capable de détrôner le Forge. Mais dans le camp hamiltonien, la sérénité reste de mise.

Choinière et la recette du succès

S’il y a un joueur qui incarne la constance de Forge depuis la création de la ligue, c’est bien David Choinière. À 27 ans, le Québécois est le joueur francophone historique du club. Pour lui, la réussite de Forge repose avant tout sur la culture instaurée dès le départ :

« Ce sont les standards de l’équipe. Ici, dès le début de la saison, il y a un seul objectif : gagner tous les titres possibles. Ça demande de la discipline, de l’engagement et d’une profondeur d’effectif unique. Peu importe l’alignement, on sait qu’on peut gagner », souligne-t-il.

L’entraîneur Bobby Smyrniotis meneur d’homme et tacticien hors paire fait partie des raisons pour lesquelles le club connaît une telle stabilité au plus haut niveau. Photo : Philippe Lariviere /Atletico Ottawa

Chaque année, le Forge attire les meilleurs joueurs de la PLC, comme Brian Wright, Mo Babouli ou encore Dan Nimick qui ont rejoint le club cette saison, sans jamais bouleverser son noyau historique. Mais paradoxalement, aucun club n’a encore réussi à rafler à la fois la saison régulière et la phase finale. Choinière l’explique sans détour :

« L’an dernier, quand on a fini premier, il y a eu un relâchement. On s’est dit que la mission était déjà accomplie. Quand arrivent les playoffs, l’intensité monte d’un cran. On n’a pas su répondre de la même manière, et on est arrivé trop relax. Cette année, c’est un défi : personne n’a encore réussi le doublé, et nous, on veut le faire. »

Forge, le présent; Ottawa, l’avenir?

La lutte entre le Forge FC et l’Atlético Ottawa anime les débats jusque dans les déclarations des entraîneurs. Le coach d’Ottawa, Diego Mejia, a résumé ainsi la situation : « Forge est le présent de la ligue, Ottawa est l’avenir. »

Un constat que Choinière ne conteste pas totalement.

« L’Atlético est l’équipe qui a donné le plus de minutes aux U21 cette saison. Ils misent beaucoup sur la jeunesse. Mais nous, à Forge, on a trouvé un équilibre. Oui, on a plus d’expérience, mais on développe aussi des jeunes. Regardez Poku, Woobens Pacius : ils ont grandi ici avant de partir au niveau supérieur. C’est ça la force de Forge. »

L’exemple d’Amadou Koné illustre parfaitement ce mélange d’expérience et de jeunesse, mais aussi la difficulté accrue pour les jeunes joueurs de se faire une place dans l’équipe très compétitive de Bobby Smyrniotis. 

Amadou Koné célèbre son premier but en carrière en PLC, face à l’équipe de sa ville natale. Il avait permis aux siens d’accrocher un match nul précieux à Ottawa en tout début de saison. Photo : Michael Chisholm/Canadian Premier League

Le natif d’Ottawa vit une saison paradoxale, il a disputé moins de matchs et joué moins de minutes que l’an passé. Malgré cela, il souligne un encadrement précieux pour son développement :

« Il n’y a pas forcément plus de concurrence que l’an dernier. L’équipe est juste plus dynamique, plus polyvalente. C’est au coach de décider. Moi, je continue de travailler et j’apprends des vétérans », explique-t-il.  

« À chaque séance, les plus expérimentés me parlent, me donnent des conseils sur le positionnement, la lecture du jeu ou encore la concentration à garder devant le but. Ce sont des joueurs qui ont dix ans de carrière derrière eux et, pour moi, c’est une chance énorme de pouvoir évoluer à leurs côtés. Ils croient en moi, et ça me pousse à continuer même quand je joue moins », ajoute-t-il.

David Choinière, qui représente cet encadrement des vétérans ayant tout connu en PLC, croit en lui :

« Amadou a des qualités physiques spectaculaires, surtout sa vitesse. Il doit être patient, travailler ses points faibles et forts, mais il a le potentiel pour devenir titulaire en PLC. »

Une fin de saison sous haute tension

À trois journées de la fin, tout reste possible. Forge conserve un mince avantage et son destin est entre ses mains, tandis que l’Atlético rêve de créer la surprise.

Le calendrier promet encore des étincelles : Hamilton doit confirmer son autorité face à Valour FC et Cavalry FC, avant un ultime duel contre Vancouver FC. Ottawa, de son côté, cherchera à grappiller chaque point pour espérer doubler le Forge sur le fil. Les Ottaviens se déplaceront à Winnipeg pour affronter ValourFC avant de recevoir Vancouver FC et de conclure la saison sur la pelouse des Wanderers d’Halifax.

Quoi qu’il arrive, cette fin de saison s’annonce comme l’une des plus intenses de l’histoire de la PLC. Et à Hamilton, une chose est sûre : le Forge ne craint personne.