Le maire de Sault Ste. Marie, Matthew Shoemaker, ne cache pas son émotion à l'arrivée des tarifs douaniers américains. Source : Facebook/Matthew Shoemaker

Matthew Shoemaker est le maire de Sault Ste. Marie, ville du Nord frontalière avec les États-Unis.

Les droits de douane américains entrés en vigueur ce mardi visent tous les produits canadiens à hauteur de 25 %, excepté l’énergie taxée à 10 %.

Pour des villes frontalières où les échanges avec les États-Unis participent largement à l’économie locale, l’impact se fera encore plus sentir qu’ailleurs. À Sault Ste. Marie, Algoma Steel et Tenaris Algoma Tubes sont des employeurs majeurs de la région.

« Quel est le sentiment dominante du côté de Sault Ste. Marie?

Inquiétant, c’est probablement le mot le plus approprié pour caractériser le sentiment ici. C’est un temps tellement incertain à cause du fait que l’administration américaine ne nous donne pas de cible définitive pour nous assurer que les tariffs ne soient pas mis en place. Alors si au moins on savait ce qu’il fallait faire pour que les tarifs ne soient pas mis en place, on le ferait certainement. Les Canadiens, comme les gens de Sault Ste. Marie, sont résilients alors on va se rassembler et affronter cela ensemble. Une chose est sûre, on ne va pas se laisser décourager.

La relation économique interconnectée et mutuellement bénéfique entre Sault Ste. Marie (États-Unis) et Sault Ste. Marie (Canada) est un modèle à suivre de coopération entre deux municipalités frontalières selon le maire canadien. Crédit image : ONFR/Inès Rebei

Une de vos publications sur le manque de soutien de a monarchie britannique a fait beaucoup réagir cette fin de semaine… Vous attendiez-vous à cela?

Oui je m’y attendais. C’est juste que ça me fâche parce que quand la Grande-Bretagne traversait une période difficile et que le Royaume avait besoin de l’aide des pays du Commonwealth, nous, on était là, que ce soit lors de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. On les a défendus sans question et maintenant le Roi, qui n’est pas juste le roi de la Grande-Bretagne, mais celui du Canada, n’a pas d’opinion sur les affaires domestiques canadiennes alors que c’est le moment le plus difficile de notre Histoire.

Dans une publication Facebook, M. Shoemaker critiquait le refus de la monarchie anglaise de commenter sur les menaces du président américain d’annexer le Canada. Source : Matthew Shoemaker/Facebook

M. Trudeau est pourtant allé, lundi, à la rencontre du roi Charles pour discuter des enjeux liés à la souveraineté du Canada…

Je sais que le roi ne peut pas agir sans le conseil du premier ministre, mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas avoir une opinion là-dessus. Il peut avoir une opinion, et il en a beaucoup, par ailleurs, quand ce sont des affaires domestiques à la Grande-Bretagne. Mais évidemment, le Canada, ce n’est pas une cause assez importante pour qu’il ait une opinion sur les affaires domestiques.

Pour eux qui ne savent pas, pouvez-vous expliquer en quoi consiste l’Alliance des maires de la frontière dont vous faites partie?

C’est une organisation de maires et mairesses de villes qui à la frontière, lesquels se rassemblent pour faire face aux tarifs. Récemment, on a eu une rencontre avec le maire de Windsor à propos de l’impact que les tarifs auront sur nos industries, comme l’acier avec Algoma Steel chez nous, puis on a enchaîné avec une rencontre avec les 33 autres maires de l’Alliance pour discuter de la stratégie à plus long terme. On va avoir aussi avoir des discussions dans les prochaines semaines pour parler avec le gouvernement fédéral et nos propre gouvernement provincial parce que les maires et les mairesses sont un peu partout autour du pays, car ce n’est pas juste l’Ontario, mais aussi la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick, le Québec.

À droite, le maire de Windsor, Drew Dilkens, président de la Border Mayors Alliance, s’est rendu à Sault Ste. Marie il y a dix jours pour rencontrer le maire Matthew Shoemaker et des entreprises locales qui seraient directement touchées par les tarifs sur l’acier. Source : Sault Ste. Marie

Peut-on s’attendre à un impact au-delà de l’industrie de l’acier à Sault Ste. Marie?

Oui, on sait que, pendant la lutte des tarifs en 2018-2019, c’était plus de 100 millions de dollars d’impact sur l’industrie de l’acier et 75 000 emplois perdus et ça, c’était de l’argent qui n’était pas injecté dans l’économie locale parce que l’argent allait dans des investissements dans l’usine. Alors, on peut s’attendre à un impact semblable cette année chez nous et sans oublier que ça fera augmenter le prix de l’acier du côté américain. Ce sera absolument terrible pour notre communauté, et on ne veut pas ça. J’ai communiqué avec le gouvernement fédéral et provincial pour nous assurer que nous puissions réduire les conséquences négatives au maximum.

Nous sortons tout juste d’une période électorale provinciale et une incertitude au niveau fédéral, avez-vous pu mettre en avant votre situation?

Pendant la campagne électorale, il y a eu une sorte de pause et ça a limité ce qu’on pouvait communiquer et puis, du côté du parti du gouvernement fédéral, il y a une élection de la chefferie libérale qui s’en vient le 9 mars. Alors, effectivement, ça ne nous donne pas du grand confort que les partis provinciaux et fédéraux sont plus concentrés sur leur fortune électorale que sur le bien-être de nos communautés. »