Ce mardi soir, une quarantaine de membres de la section locale 4155 du SCFP se sont déplacés à la réunion du CSDCEO pour y faire pression et stopper la mise en place d'une sous-traitance pour palier à la pénurie de main-d'œuvre. Gracieuseté

L’ORIGNAL – La section locale 4155 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) appelle le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) à arrêter sa tentative de sous-traitance et de conclure une entente avec ses travailleurs de première ligne, pour enfin recevoir les augmentations salariales qui leur sont dues. 

Ce mardi, lors d’une réunion ordinaire du CSDCEO à L’Orignal, environ 40 travailleurs de première ligne de la section locale 4155 se sont réunis tard dans la soirée pour faire part de leurs doléances. N’ayant pas de droit de parole, le groupe a déposé une pétition signée par près de 200 personnes «  pour mettre un terme à la revendication de la direction en matière de concessions sur la question de la sous-traitance  ». 

Le conseil scolaire pourrait en effet avoir recours à un personnel extérieur à l’équipe engagée à temps plein. «  Nous sommes là pour faire pression sur le conseil  », indique Gaëtanne Caron, présidente de la section locale 4155 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). 

Sans contrat de travail depuis août 2022 

Cette section est le seul groupe francophone, parmi les 700 sections locales, à ne toujours avoir pas de contrat de travail. Cette situation dure depuis plus d’un an, alors qu’à l’automne dernier, le comité central de négociation du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO) signait une nouvelle entente avec le gouvernement provincial et le Conseil des associations de conseillers scolaires (CACS). Cette nouvelle convention collective prévoit une hausse salariale de 1 $ de l’heure chaque année entre 2022 et 2026. 

Les 260 employés du CSDCEO n’ont toujours pas perçu l’augmentation rétroactive de 2022 et le 1 $ de l’heure pour le mois de septembre. 

Gaëtanne Caron est la présidente de la section locale 4155 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Source : Facebook/ SCFP Section locale 4155

En février 2017, la section locale 4155 et le CSDCEO s’étaient déjà retrouvés dans une situation similaire qui s’était soldée par une grève du personnel. Les employés étaient sans contrat de travail depuis 2015. 

En 2023, «  il n’y a pas de ratification locale conclue avec le CSDCEO  », explique Gaëtanne Caron, en entrevue avec ONFR. Depuis que les négociations monétaires ont été conclues en fin 2022, rien n’a changé pour le personnel de 33 écoles de la région de Prescott et Russell, Glengarry, Stormont et Dundas dans l’Est ontarien.

Empêcher la sous-traitance dans les écoles du CSDCEO

Pour Mme Caron, ce qui est exaspérant, ce sont les concessions. «  Le conseil scolaire veut faire de la sous-traitance de façon provisoire, mais nous avons une lettre d’entente disant qu’on ne veut pas de sous-traitance.  »

«  Il y a une pénurie de main-d’œuvre, donc le CSDCEO veut faire intervenir un appui temporaire qui va à l’encontre de notre convention collective.  » Pour la présidente, Gaëtanne Caron, si l’employeur s’essaie à cette pratique, cela créera un précédent qui pourrait mettre en danger la pérennité de leurs emplois, déjà précaires. 

«  Il faut s’entendre parce qu’on n’est pas prêt à vouloir de la sous-traitance.  » 

Le syndicat et le conseil scolaire doivent se retrouver autour de la table de négociation le 22 novembre. «  Si on est capable de faire beaucoup de pression avant le 22 novembre, on espère qu’ils laissent tomber les concessions vis-à-vis de la sous-traitance  », souhaite la présidente. 

Les 260 membres du personnel représentent les secrétaires, les réceptionnistes, commis, bibliothécaires, concierges, les informaticiens et informaticiennes ou encore les surveillants. 

Christine Couture, membre du conseil exécutif du CSCSO, estime que les délais sont passés. Avec le climat économique, elle est d’avis que les membres ont extrêmement besoin de ces augmentations, mais cette dernière indique aussi qu’il est question de rétention. «  Personne ne voudra travailler dans ces conditions.  »

Christine Couture est membre exécutif du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO) . Crédit image : SCFP/CUPE

«  On veut aussi une égalité dans la province  », ajoute-t-elle. «  Toutes les autres sections locales ont fini les négociations. C’est notre seule section locale francophone qui n’a pas terminé parce que l’employeur décide de mettre des concessions sur la table. Il faut que l’employeur fasse quelque chose  », s’impatiente Mme Couture. 

Frustration, rétention, salaires qui ne reflètent pas les autres conseils scolaires 

«  Si on déclenche une grève, quel impact aura-t-elle ?  », se demande Gaëtanne Caron. 

Cette dernière s’inquiète que la sous-traitance ait un impact négatif sur les jeunes élèves : «  Pendant la pandémie, les cours en ligne à la maison, ça n’a pas été facile, ni pour les enfants ni pour les parents. Ça risque de ressembler à ça.  »

D’ailleurs, elle se demande si le personnel sous ces contrats temporaires aura un salaire plus élevé que les employés sur le plancher. «  Si c’est le cas, ça pourrait mal finir », croit la présidente. 

De plus, l’écart de salaire entre les différents conseils scolaires est parfois très important. En étant un conseil scolaire desservant les zones rurales de l’Est ontarien, le CSDCEO vit des défis de rétention, d’attraction et d’embauche, peut-être plus importants que les grandes villes environnantes.

La prochaine négociation aura lieu le 22 novembre, d’ici là, le SCFP compte faire pression.

ONFR a tenté de contacter le CSDCEO, une requête sans réponse au moment d’écrire ces lignes.