Mia Kelly lance To Be Clear, son deuxième album complet en carrière. Photo: Jen Squires

OTTAWA – Sorti ce vendredi 4 octobre, le nouvel opus de Mia Kelly confirme la place de cette jeune autrice-compositrice-interprète dans le paysage folk canadien. Avec sa voix enveloppante, l’artiste offre un parfait album d’automne en 10 titres. Les huit chansons en anglais et deux chansons en français rappellent sa famille exogame, mais racontent surtout ses expériences et celles dont elle a été témoin. ONFR s’est entretenu avec Mia Kelly au sujet de To Be Clear.

« Je me sens ultraprête, et en même temps vraiment nerveuse, fébrile. J’ai hâte de voir la réception du public, » s’exclame Mia Kelly au bout du fil.

L’honnêteté et la communication sont des thèmes récurrents des histoires racontées sur To Be Clear. Ces valeurs sont « parfois très difficiles, mais vraiment importantes » à honorer.

Le titre de l’album est d’ailleurs tiré de la chanson Meaning Well : « Mama said, to be clear is to be kind. » (Maman m’a dit : être clair, c’est être gentil.)

Dans le même ordre d’idée, le titre Si j’étais franche raconte un amour d’été, où la jeune femme a eu du mal à être directe. « La chanson dévoile un peu mon message, que je n’ai pas exactement transmis de façon honnête », explique-t-elle.

Les paroles de Si j’étais franche pourraient facilement être accolées à la génération de vingtenaires dont fait partie Mia Kelly. La principale intéressée acquiesce avec nuances. « Je m’identifie à une difficulté à se dédier à quelque chose (…) même si je pense que ce n’était juste pas la bonne situation pour moi. C’est important de quitter. »

Vidéoclip officiel de la chanson Si j’étais franche.

On pourrait qualifier Meaning well et Si j’étais franche de chansons-sœurs. C’est la même chose pour Lone Dog et Rideau tombe, deux extraits dévoilés en même temps il y a quelques semaines.

« Les deux touchent au même sujet. J’ai été témoin d’une situation d’abus qui s’est déroulée très près de ma vie personnelle. Ça m’a vraiment affectée », explique Mia Kelly. Si Lone Dog évoque un personnage fictif, la chanson francophone est plus directe. Elle retourne la situation du point de vue de l’abuseur et de sa victime.

« J’ai essayé de traiter le sujet d’une façon très délicate, car c’est un sujet très lourd et délicat à la fois. J’ai écrit la chanson et j’ai demandé la permission de la survivante pour la partager. »

Deux langues, deux univers qui s’entremêlent

Née d’un père québécois francophone et d’une mère ontarienne anglophone, l’artiste évolue depuis toujours dans cet environnement exogame très présent chez les familles de la région d’Ottawa-Gatineau.

« Les deux langues sont vraiment entremêlées dans ma vie, donc c’est seulement naturel d’écrire dans les deux langues », même si l’expérience et la poésie sont bien différentes. Ce qui détermine la langue choisie pour une chanson est circonstanciel. « J’écris dans la langue dans laquelle s’est déroulée la situation de laquelle je parle. »

Par exemple, une histoire vécue avec son père francophone lui inspirerait naturellement une chanson en français, puisque c’est la langue qui représente cette relation. Ce système de tri inconscient est présent depuis l’enfance. Sa sœur et elle parlaient en français lorsqu’elles parlaient de l’école, mais en anglais lorsqu’elles parlaient de leurs grands-parents maternels, par exemple.

Pochette de l’album To Be Clear de Mia Kelly. Gracieuseté de Six média marketing

Sur la pente ascendante

À 21 ans, Mia Kelly vit de sa musique à temps plein. Sa carrière est en pleine ascension, mais elle est top occupée à surfer sur la vague pour prendre le temps de le réaliser.

« Dans les dernières années, ça a été quand même graduel comme progression. Mais je sens que ces temps-ci, c’est vraiment plus occupé. J’ai un automne rempli à craquer. J’ai un peu dit oui à tout, cette année. Ça fait longtemps que je plonge la tête première dans ce domaine, mais là, on dirait qu’il y a plus de retombées qui me reviennent. »

La jeune femme a d’ailleurs reçu les prix de Young Performer of the Year et Emerging Artist of the Year aux Canadian Folk Music Awards 2024. Des prix qu’elle n’a pas pu accepter en personne, car elle était en vitrine à la Tallinn Music Week, en Estonie. « Je l’ai appris en ligne en écoutant la diffusion en direct. Il était environ 3 h du matin en Estonie. J’étais avec ma gérante, on a vécu un beau moment ensemble, on était super fières. C’est vraiment un honneur d’être reconnue dans ma communauté. »

À 21 ans, Mia Kelly est déjà bien reconnue dans l’industrie de la musique canadienne. Photo : Randy Kelly

En plus d’assurer les premières parties d’autres artistes, dont l’auteur-compositeur-interprète Bobby Bazini, Mia Kelly se prépare à jouer son deuxième album en tournée. Ses spectacles à venir se dérouleront majoritairement en solo. Elle compte présenter To Be Clear dans son entièreté, en plus de chansons de ses projets précédents et même certaines plus récentes, qui n’ont jamais été enregistrées et se retrouveront peut-être sur un troisième opus.

Deux événements de lancement auront lieu prochainement en Ontario : au Rivoli de Toronto le 16 octobre, et à la Quatrième salle du Centre national des arts d’Ottawa le 19 octobre. Tous les billets ont déjà trouvé preneurs dans la capitale, mais Mia Kelly sera de retour en février 2025.