Une annonce conservatrice dans des écoles francophones laisse sur sa faim

Sam Oosterhoff à l'école Saint-Frère-André de Toronto. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Les conseils scolaires francophones s’attendaient à une annonce d’importance. Finalement, le député et adjoint-parlementaire à l’Éducation, Sam Oosterhoff, a réannoncé des sommes déjà connues, en plus de commettre certains impairs lors de sa visite de deux écoles francophones de la Ville reine.

À l’occasion de la semaine provinciale de l’Éducation, le député de Niagara-Ouest s’est rendu dans les écoles Toronto-Ouest et Saint-Frère-André, dans l’Ouest de Toronto. Il a visité les deux établissements scolaires et répondu aux questions de quelques élèves, le tout en français.

Il a alors partagé la vision de son gouvernement en éducation, à la suite d’une question d’Aurélie, 13 ans. «Après beaucoup d’années, on voit que les résultats sont descendus», a-t-il lancé. En raison de la baisse des performances des élèves en mathématiques, a-t-il ajouté, le gouvernement Ford agit pour améliorer les résultats des élèves, comme elle.

Sam Oosterhoff effectue une tournée des écoles francophones de l’Ontario. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

Une déclaration qui en a étonné plusieurs, alors que les écoles francophones ont des résultats en mathématiques qui font mourir d’envie les conseils scolaires anglophones. Quelque 83 % des francophones obtiennent des rendements supérieurs à la norme provinciale en mathématiques, contre seulement 49 % pour les anglophones.

Affichage seulement en anglais

En conférence de presse, Sam Oosterhoff a indiqué que les conseils scolaires francophones obtiendront 6 % des sommes promises pour le Fonds des priorités et des partenariats, soit 19,4 millions de dollars. Un financement qui doit notamment permettre de «mettre en œuvre des initiatives en aménagement linguistique» et d’aider «six conseils scolaires» à renforcer leurs capacités administratives.

Si l’annonce était faite à l’école Saint-Frère-André, l’équipe de Sam Oosterhoff n’avait pas non plus cru bon d’installer un affichage en français, ni même bilingue. Ainsi, seul le slogan «For the people» était visible sur le lutrin de l’élu conservateur.

Sam Oosterhoff effectue une tournée des écoles francophones de l’Ontario. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

Le contenu de l’annonce a laissé bien des intervenants sur leur faim, alors que ces chiffres étaient déjà connus par plusieurs. «Ce n’est pas nouveau, c’est du réchauffé. Depuis des semaines, le gouvernement ampute les budgets, ensuite il y a une annonce de nouveaux fonds. Mais quand on fait le calcul total, on a perdu des sous», de confier un intervenant, préférant conserver l’anonymat pour ne pas froisser le gouvernement Ford.

«Je ne peux pas croire qu’on nous a fait venir seulement pour nous annoncer ce qu’on savait déjà», a renchéri un autre.

André Blais, directeur de l’Éducation et secrétaire trésorier, du conseil scolaire MonAvenir a une position plus nuancée. «C’est des choses qui étaient connues par les administrateurs, mais pas le public en général», dit-il.

«Effectivement, bien qu’on aurait voulu une affiche bilingue, on a quand même beaucoup apprécié que M. Oosterhoff prenne la parole en français et qu’il visite des salles de classe et parle en français à l’ensemble des étudiants. Il y a eu bel effort», renchérit-il. M. Blais affirme que le gouvernement Ford «revient à la base et cherche une amélioration des rendements», rappelle-t-il.

Sam Oosterhoff dit vouloir s’inspirer des francophones

Alors que Sam Oosterhoff mène une campagne de séduction dans plusieurs écoles francophones, notamment à Welland, à Niagara Falls et à Toronto, le député a semblé comprendre l’ironique d’avoir un panneau uniquement en anglais dans une école francophone. «J’en ai pris note et je vais en discuter avec mon équipe», a-t-il lancé.

Concernant ses affirmations sur les résultats des élèves en mathématiques, Sam Oosterhoff s’est défendu d’avoir une perspective inadaptée aux réalités francophones. «Non, on n’applique pas la même recette partout», a-t-il lancé. «Il y a des différences dans les différentes régions de la province», a-t-il poursuivi.

«On est intéressé par les meilleures pratiques. On va s’intéresser à ce que les écoles francophones font pour avoir de meilleurs résultats», affirme l’adjoint-parlementaire à l’Éducation. Il a assuré qu’il était au courant des bons résultats des élèves francophones en mathématiques, malgré ses propos en salle de classe, plutôt lors de sa visite.