Tourisme : entre le Nord et l’Est ontarien, le soleil brillera un peu différemment
L’été 2020 sera comme aucun autre en Ontario, en raison des mesures de confinement liées à la pandémie. Sur le terrain, les professionnels du tourisme doivent faire contre mauvaise fortune bon cœur et s’adapter. Dans le Nord de l’Ontario et l’Est ontarien, la situation comporte quelques nuances.
Durant les fins de semaine d’été, le stationnement du parc Calypso est rempli de voitures. En bordure de la 417, reliant Ottawa et Montréal, le parc aquatique jouit d’une popularité sans égal. Mais cette année, les glissades et les piscines sont vides.
« Nous n’avons pas encore rouvert », explique Sandra Nadeau, porte-parole du Groupe Calypso Valcartier. « Ce que l’on souhaite, c’est faire partie de la troisième phase de déconfinement pour rouvrir. On attend des nouvelles. »
Selon les directives de la province, les lieux publics doivent fonctionner à 30 % de leur capacité habituelle. Des mesures obligatoires pour respecter la distanciation sociale. De plus, le parc situé à quelques kilomètres de Limoges, dans l’Est ontarien, aurait dû ouvrir ses portes le 5 juin. Autant dire que l’année 2020 sera difficile quoi qu’il arrive.
« Nous voulons limiter les pertes », assure Mme Nadeau. « On travaille déjà depuis plusieurs semaines. Les gens devront acheter un billet en ligne, et les places seront donc limitées par jour. Il y aura des désinfections à chaque attraction, et des marqueurs sur le sol. Les personnes seront distanciées dans les files d’attente. Pour les restaurants, il y aura là aussi des limites. »
La Curd s’ajoute à la liste des festival annulés
Si le parc ouvert en 2010 s’est imposé comme le fleuron touristique de l’Est ontarien, d’autres activités sont dans l’attente. Devant la rigueur des mesures barrières, beaucoup d’événements n’auront pas lieu.
Le Festival de la bine de Plantagenet, les Highland Games de Maxville ou encore le Beau’s Oktoberfest de Vankleek Hill, la liste des événements annulés ne cesse de s’allonger. Le Festival de la Curd dont les dates avaient été cochées pour la mi-août, a finalement, hier, annulé sa programmation.
Depuis quelques semaines, Tourisme-Prescott-Russell tente de mettre à jour cette liste d’événements. Objectif pour l’organisme dédié à la promotion du tourisme dans la circonscription de Glengarry-Precott-Russell : savoir comment « promouvoir les différents membres », dans ce contexte inédit.
« La saison sera difficile », tranche Geneviève Duval, directrice générale de Toursime-Prescott-Russell, qui préfère temporiser un peu.
« Notre inquiétude, c’est de savoir si les gens locaux seront prêts à accueillir des gens de l’extérieur dans leurs municipalités. Se sentiront-ils assez en sécurité pour qu’on fasse la promotion du tourisme? »
Pour la responsable, les entrepreneurs ont différents degrés d’anxiété face à la COVID-19, et le risque de contracter le virus dans leur établissement. Un enjeu semblable pour les potentiels visiteurs.
« Je vois trois catégories : les gens qui n’ont pas peur et qui veulent sortir, ceux qui observent les gens dans la première catégorie, et enfin une catégorie 3, où les gens sont extrêmement anxieux. »
Les activités en plein air, l’atout du Nord
À des centaines de kilomètres, dans le Nord de l’Ontario, le ton est un peu plus optimiste. La raison est simple : les activités en plein air, le poumon touristique de la région, sont moins exposées aux mesures de distanciation sociale.
« Les activités dehors aident. Être seul en canot, c’est pas mal plus sécuritaire qu’être dans un festival. Il n’y a pas besoin d’être en contact avec les autres pour les activités en plein air », exprime Marla Tremblay, spécialiste en tourisme francophone pour Destination Nord Ontario.
« Aussitôt que la phase 2 a été annoncée, ça a changé les choses. Je suis en contact avec un hôtel à Cochrane qui m’a dit que les réservations pour les chambres avaient augmenté après cette annonce. Nous donnons des formations virtuelles et des workshop avec les entrepreneurs pour leur expliquer les différentes consignes. »
Mais tout n’est pas rose, et les activités devront s’adapter à un tourisme beaucoup plus « local et régional ». Comprendre moins de déplacements.
« Prenons l’exemple de Hearst. Le village n’est pas si éloigné d’autres villes. Pour les gens du Nord, conduire plusieurs heures en voiture, ce n’est pas grand-chose. Les pourvoyeurs touristiques sont donc en mesure de proposer des activités. A contrario, dans le Nord-Ouest, la saison est très difficile. Il s’agit de territoires éloignés, mais aussi qui dépendaient beaucoup des Américains, notamment pour les activités de chasse et de pêche. »
L’attente de jours meilleurs, c’est aussi le leitmotiv de la conservatrice et directrice du Musée de Timmins, Karen Bachmann. Depuis le début de la phase 2 du déconfinement le 12 juin, les musées peuvent rouvrir leurs portes.
« On en est à retravailler et refaire notre site web et le marketing, à voir comment ramener les gens du Sud de l’Ontario. On commence à voir qui va voyager, comment ça va se faire », laisse entendre M. Bachmann, qui s’exprime en tant que professionnelle du tourisme à Timmins.
Et de conclure : « Ça va être un test. Si les touristes viennent, on peut développer d’autres activités. C’est tout nouveau pour le monde. Avant, on travaillait d’une manière, on se tenait prêt et on savait tout. Maintenant, il n’y a plus ces choses-là. »
Le Musée de Timmins rouvrira finalement ce dimanche.