Tout débloque pour les francophones de Kingston
KINGSTON – La communauté francophone de Kingston aura finalement sa nouvelle école secondaire, alors que le gouvernement ontarien a annoncé, mardi 23 janvier, un investissement de 24 millions de dollars. Le projet comptera l’ajout de 49 places en garderie et la création d’un nouvel espace pour le Centre culturel Frontenac.
JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72
Concrètement, la nouvelle école secondaire sera gérée par le Conseil des écoles publiques de l’Est ontarien (CEPEO) et le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) et permettra d’accueillir 600 élèves.
Selon la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, cette nouvelle école permet de démontrer la vitalité de la communauté francophone de Kingston.
« La collaboration qui a mené à ce projet permettra aux familles de Kingston d’avoir une meilleure option afin d’offrir de l’éducation de qualité en français aux élèves », a-t-elle déclaré par voie de communiqué.
Avec ce nouveau projet, les deux conseils scolaires devront construire une nouvelle école secondaire et y aménager un nouvel espace pour le Centre culturel Frontenac. Le projet comptera également l’ajout de 49 places en garderie. Un gymnase et des laboratoires scientifiques doivent également faire partie de la proposition. Le tout est évalué à 24 millions de dollars.
En juin dernier, les deux conseils scolaires avaient déposé un projet commun pour créer une nouvelle école secondaire dans la région. Depuis, la communauté était en attente d’une réponse. Une firme d’architectes avait tout de même déjà été retenue pour développer une proposition.
Soulagement chez les parents
Julie Lapalme Blais, porte-parole de la Coalition de Parents pour une École Secondaire Équivalente à Kingston (Coalition PESE Kingston), a poussé un soupir de soulagement après l’annonce du 23 janvier. Pour elle, l’important était de voir la lumière au bout du tunnel.
Avec cette annonce, elle croit que les élèves auront enfin des installations de qualité et surtout un espace pour vivre leur francophonie.
Éric Galarneau, l’un des parents impliqués dans le dossier depuis longtemps, n’a pas caché sa joie de voir le financement octroyé à la communauté francophone de Kingston.
Selon lui, le projet annoncé va permettre d’inverser la tendance d’élèves francophones qui délaissent les écoles dans la langue de Molière pour se tourner vers les établissements anglophones.
« On ne résistera plus simplement à l’assimilation, mais on pourra rêver à de l’émancipation. » – Éric Galarneau
« La communauté va aussi avoir un lieu pour se rassembler, c’est très important », a insisté M. Galarneau.
Même son de cloche chez Mme Lapalme Blais. Elle estime que le départ des jeunes francophones vers les écoles anglophones cessera grâce à ce nouveau lieu.
Mme Lapalme Blais et M. Galarneau se disent confiants envers les prochaines étapes.
Des étapes cruciales à venir
D’ici les prochaines semaines, le CEPEO et le CECCE s’attardent à sécuriser le terrain et travailler avec la municipalité afin d’avoir le zonage pour y établir une école.
Pour Réjean Sirois, du CECCE, les prochaines étapes seront importantes pour pouvoir aller de l’avant avec ce projet. Il avoue que les besoins étaient grands pour cette communauté.
« Ce n’est pas juste un gain pour les élèves, mais pour la communauté tout entière qui va maintenant avoir un lieu pour se rassembler », explique-t-il.
M. Sirois croit que la relation « extraordinaire » avec la ville de Kingston va permettre de faire avancer le projet encore plus rapidement.
Linda Savard, présidente du CEPEO, pense que désormais tout est en place pour bâtir un nouvel établissement.
« Nous allons avancer aussi rapidement que possible », a-t-elle assuré.
La présidente du CEPEO indique que son personnel travaille à trouver des solutions au problème de surpopulation dans les écoles élémentaire Madeleine-de-Roybon et secondaire des Mille-Îles d’ici à l’ouverture du nouvel établissement prévue en 2020.
Lors de la dernière rentrée scolaire, deux nouvelles classes mobiles extérieures avaient dû être ajoutées sur le terrain des deux établissements, portant leur nombre à huit portatives.
Un usage conjoint
M. Sirois voit d’un bon œil cette collaboration avec le CEPEO. Il estime toutefois que le conseil scolaire catholique doit pouvoir garder son caractère distinct.
« Il faut que l’on puisse respecter l’identité catholique du conseil parce que c’est notre raison d’être. »
« Tant et aussi longtemps qu’il y a ce respect, il est possible d’avoir des locaux communs », ajoute-t-il.
Pour Mme Savard, l’important était de pouvoir unir les forces pour offrir de meilleurs locaux aux étudiants.
« Surtout dans les petites communautés, lorsque nous n’avons pas l’opportunité d’offrir autant de programmes, c’est important », lance-t-elle.
Mme Savard se dit même ouverte à l’idée de partager les professeurs et les programmes, en plus des locaux.
La première pelletée de terre devrait avoir lieu en novembre.
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