La controverse du développement immobilier de la Ceinture de verdure pourrait compromettre le projet de Doug Ford d'en faire une zone résidentielle.

Dans une déclaration inattendue ce matin, le premier ministre de l’Ontario a déclaré que le gouvernement envisageait la restitution de deux parcelles d’Ajax à la Ceinture de verdure, après la mise en vente de ses terres par un propriétaire foncier, au lieu de l’accord initial dédié à la construction de 50 000 logements.

Un nouveau rebondissement dans l’affaire du développement de la Ceinture de verdure qui semble aller de Charybde en Scylla.

On apprend ce mardi que l’un des propriétaires, dont les terrains avaient été retirés des terres protégées de la Ceinture de verdure, les aurait listés « à vendre », dans le dos du gouvernement, au lieu de la condition préalable de les utiliser pour la construction de 50 000 logements.

« Récemment, nous avons appris que le propriétaire des 765 et 775 Kingston Road East à Ajax, des sites sélectionnés dans le cadre de l’échange de terrains pour construire au moins 50 000 nouvelles habitations […] a mis ce terrain en vente. À aucun moment, l’intention de vendre n’a été divulguée au facilitateur du gouvernement au cours des discussions actives et en cours », exprime Doug Ford dans sa déclaration envoyée aux journalistes.

Une clause de non-responsabilité critique pour le gouvernement qui intervient dans le contexte d’une nouvelle enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), annoncée la semaine dernière, après le rapport accablant de la vérificatrice générale Bonnie Lysyk révélant des manquements dans la gestion et la transaction des terres de cette zone protégée.

Doug Ford menace de sanctions les propriétaires

« Ce comportement va à l’encontre de tout ce que notre gouvernement fait pour permettre à un plus grand nombre de personnes d’accéder à la propriété », juge Doug Ford. « En réponse, notre gouvernement explore toutes les options qui s’offrent à nous, y compris en entamant immédiatement le processus visant à réintégrer ces sites à la Ceinture de verdure. »

Une sanction que le premier ministre de l’Ontario menace d’appliquer à d’autres propriétaires si une avidité similaire les en prenait : « Aux autres propriétaires fonciers, vous êtes prévenus : si vous ne remplissez pas les conditions de notre gouvernement, notamment démontrer de réels progrès d’ici la fin de l’année avec un plan visant à mettre les pelles en terre d’ici 2025, vos terrains retourneront à la Ceinture de verdure. »

Le bureau du commissaire à l’intégrité de l’Ontario a également annoncé ce matin qu’une enquête sera menée sur le ministre des Affaires municipales et du Logement Steve Clark ainsi que sur son chef de cabinet Ryan Amato, qui a donné sa démission la semaine dernière, du fait de la controverse en cours.

Les partis de l’opposition réagissent

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a créé un nouveau site internet dédié à la démission de Steve Clark avec pour intitulé : « Le ministre du Logement du gouvernement conservateur de Doug Ford a-t-il déjà démissionné? Non! ».

Le NPD y partage notamment une pétition pour le départ du ministre ainsi qu’une vidéo datant de 2016 dans laquelle M. Clark exprimait ses vues sur le fait que, dès lors qu’un ministre fait l’objet d’une investigation quant à l’intégrité, celui-ci doit immédiatement quitter ses fonctions.

Mike Schreiner, le chef du Parti vert, a lui aussi réagi à la nouvelle : « Le don de 8,3 milliards de dollars du gouvernement Ford pour la Ceinture de verdure n’a jamais eu pour but de construire davantage de logements. Depuis le début, il s’agit de faveurs en milliards de dollars accordées à de riches élites. »

Celui-ci exhorte le premier ministre à restituer ces terres ainsi que toutes les autres à la Ceinture de verdure et de promouvoir « de véritables solutions à la crise du logement ».

Pour le Parti libéral de l’Ontario, il ne s’agirait que de la partie émergée de l’iceberg : « D’autres terres ont déjà été cédées et des bénéfices ont déjà été réalisés. Le mal est fait. Les terres en question ne sont qu’une petite partie du don de 8,3 milliards de dollars de Doug Ford […] qui a enrichi des initiés bien connectés et amis », déclare John Fraser, chef par intérim du parti.

« Si le premier ministre était sérieux, il accepterait la recommandation de la vérificatrice générale de restituer toutes les terres à la Ceinture de verdure. »

Parmi les appels à l’action demandés par les libéraux : « Le ministre Clark doit démissionner, Doug Ford doit faire preuve de transparence sur ce scandale et l’argent des contribuables ne doit pas être utilisé pour payer les frais juridiques de toute personne impliquée dans une investigation. »