Trans et non binaire : les corridors de l’enfer
Lila Mouch
Recherches : Jacques-Normand Sauvé
Photographies : Stéphane Bédard
Illustrations et infographies : Chloé Dauchez et Martin Simard
Le pronom iel est utilisé dans le texte pour représenter le genre neutre. Pour les accords de genre, Apollo, 18 ans, utilise le masculin.
Lundi matin. La cloche sonne et comme souvent, c’est empli d’appréhension qu’Apollo se dirige vers la salle de classe. Une journée de plus à devoir traverser les couloirs hostiles de l’école. Sur sa chaise, iel se sent complètement étranger. La professeure appelle un à un les élèves par leur nom. L’anxiété s’intensifie à mesure que son tour approche, et quand vient le moment fatidique, elle prononce encore ce prénom qui n’est plus le sien, son dead name. Pourquoi persiste-t-elle à l’appeler ainsi?
« Je m’appelle Apollo, mon pronom est : iel. »
En apparence, Apollo, 17 ans, semble être un adolescent ordinaire, passionné de poésie, de lecture et de mathématiques. Pourtant, une lutte intérieure s’est enclenchée bien des années auparavant.
Dès l’âge de 12 ans, iel ne se reconnaît plus dans le genre féminin qui lui a été attribué à la naissance. C’est le prélude à une quête identitaire empreinte de douleur, de confusion et d’espoir.
Nous rencontrons Apollo après une longue journée d’école, en octobre dernier. Son emploi du temps est très rempli, nous obligeant à faire une première rencontre à distance. Au premier abord, derrière l’écran, Apollo est timide, bien que tout sourire. Ces cheveux mi-long, d’un bleu-vert flamboyant, contrastent avec son regard presque fuyant.
Iel accepte de replonger dans ses souvenirs, à l’époque de son coming out, entre sa neuvième et sa dixième année.
L’adolescent a 14 ans et c’est à ce moment-là qu’iel choisit son nouveau prénom. Apollo ne souhaite d’ailleurs pas révéler son dead name.
« J’ai réalisé que je n’aimais plus mon nom de naissance, je ne voulais plus l’entendre. C’est associé à beaucoup trop de choses que je n’aime pas », explique-t-iel, lui préférant le prénom Apollo, qui sonne masculin. C’est aussi une figure mythologique qui représente le dieu du soleil, de la poésie et de la guérison.
« L’ami qui m’a surnommé ainsi disait que j’étais un soleil dans sa vie. J’aime aussi la comparaison puisque j’écris des poèmes. »
Voilà donc un moment important dans la vie d’Apollo. À cette même époque, iel découvre le colloque LGBTQ+ de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). À ses yeux, cette expérience a été une véritable révélation.
« À l’école, je me mets dans ma carapace. J’éteins ma queerness pour que les élèves trouvent ça plus acceptable. Mais avec la FESFO, je suis moi, dans ma communauté de francophones, une communauté queer francophone. »
Haïfa Zemni, la présidente de la FESFO, nous raconte qu’elle connaît bien l’histoire du jeune transgenre. L’organisme n’a pas de pouvoir dans son école, mais tente d’offrir à Apollo le soutien, l’acceptation et le respect qu’iel mérite.
Apollo adore cet organisme : « J’ai rencontré là-bas des personnes non-binaires et trans qui vivaient leur vie en français et selon leurs propres termes. »
Le revers du coming out dans l’école
Apollo a franchi le pas en faisant son coming out auprès d’une travailleuse sociale de son école et de l’enseignant en charge du bien-être des élèves.
Il lui aura fallu du courage pour le faire, puisque depuis sa 7ᵉ année, le jeune Apollo traîne avec lui sa dysphorie de genre, une détresse souvent cachée et teintée de peur.
« Je suis allé vers deux adultes en qui j’avais déjà confiance », glisse-t-iel. C’était un moment crucial dans son parcours vers son identité choisie. Pourtant, cela coïncide avec le début d’une vague d’intimidation à l’école. Les brimades ont atteint leur paroxysme lorsqu’un élève populaire de son école s’en est pris à lui.
L’intimidation se manifeste sous diverses formes, telles que le harcèlement insidieux dont Apollo a été victime. Ça commence par des surnoms dégradants, des moqueries acerbes, des attaques verbales… Une réputation piétinée. Un être humilié, sous le poids de commentaires malveillants.
Dans les corridors, Apollo a peur de marcher seul. On lui suggère une « aide mentale ».
Dans ce climat hostile, certains de ses pairs lui lancent des mots durs : « Dans mon pays, des gens comme toi sont tués. »
« Toute l’année, j’ai pleuré, c’était juste horrible. Plusieurs groupes, souvent des garçons, criaient mon dead name dans les couloirs et jusqu’en classe. On me traite de mouton et je ne sais pas pourquoi. »
Apollo confie : « L’élève qui m’attaquait régulièrement m’avait dans le collimateur en 10ᵉ année. À chaque fois que nous étions dans la même pièce, je savais qu’il allait s’en prendre à moi. »
Et reprend : « Ce n’est vraiment pas facile de se sentir détesté juste par ce que j’existe. »
Pour l’adolescent, son bourreau avait de l’influence, notamment par sa popularité et les responsabilités de ses fonctions associatives dans l’école. « Il avait deux ans de plus que moi et refusait d’utiliser mon pronom. Il ne m’écoutait pas, il me criait dessus. »
Le climat de terreur a pris de l’ampleur pendant toute sa scolarité, lorsque d’autres groupes s’attaquaient à lui, utilisant sans cesse des qualificatifs de la communauté queer contre lui.
Apollo a de la difficulté à répéter ces mots : « Ça me fait mal de le dire. Les mots utilisés étaient vraiment inappropriés. J’essaie de passer à autre chose. »
À chaque sortie de classe pour aller aux toilettes, iel affrontre les regards inquisiteurs dans les corridors.
Ce langage non verbal ne fait qu’approfondir le malaise d’Apollo, qui s’estime chanceux de n’avoir jamais été physiquement blessé, contrairement à un autre élève, littéralement « lancé dans les casiers ».
Dernièrement, le directeur de l’école lui a suggéré une solution : obtenir un laissez-passer lui permettant d’arriver en classe après les autres élèves, et éviter de croiser leur chemin dans les couloirs.
« Je sais que c’est pour m’aider, mais je vais être encore plus isolé. »
Découvrir qu’on n’est pas seul
Fatigué, désemparé, Apollo cogne finalement à la porte du groupe de soutien AGH (Alliance Gay-Hétéro), qui fournit un environnement sûr et dépourvu de discrimination aux jeunes LGTBQ+ en milieu scolaire.
Composés d’élèves LGTBQ+ et de leurs alliés hétérosexuels, ces groupes offrent aux jeunes un espace pour s’ouvrir, discuter de leur réalité et défendre leurs droits.
Les adolescents passent une grande partie de leur vie à l’école en Ontario et de nombreuses recherches au Canada et à l’étranger identifient un grave manque de ressources, de soutiens et de compréhension sur les enjeux que vivent les élèves trans et non binaires. Les données du dernier recensement mené par Statistique Canada, en 2021, indiquent qu’une personne sur 300, âgée de 15 ans et plus, est transgenre ou non binaire au pays.
Au sein de l’école, Apollo et un autre élève sont les seuls à avoir fait leur coming out . « D’autres ont quitté notre école et se sont dévoilés plus tard. »
Preuve d’une certaine insécurité, l’adolescent qui usait de son pouvoir dans l’école aurait pris à partie des personnes homosexuelles au sein du groupe AGH. « Il a fait irruption pour nous dire que l’école, ce n’est pas pour les gays. »
Une séance de médiation et un document à signer plus tard, ce dernier ne sera jamais exclu pour son comportement.
« Les pensées suicidaires… je vis avec à ce jour, mais je suis extrêmement bien soutenu par la travailleuse sociale de l’école. Grâce à elle, j’ai des stratégies pour les moments qui sont vraiment difficiles, dans lesquels je ne veux vraiment plus exister. Puis je dois dire que c’est grâce à elle que je suis encore ici. »
Au Canada, les jeunes trans et non binaires (TNB) présentent un risque cinq fois plus élevé en termes d’idées suicidaires et connaissent huit fois plus de tentatives de suicide que leurs pairs cisgenres ou hétérosexuels, d’après une étude du professeur Ian Colman, à l’Université d’Ottawa, publiée en 2022 dans le journal de l’Association médicale canadienne.
Les tentatives ratées de l’école et les intentions timides du conseil scolaire
« Certaines écoles ou directions s’opposent à notre diversité. Il y a des milieux où seulement un enseignant appuie notre diversité et c’est extrêmement aliénant », rapporte Anne-Sophie Ruest-Paquette, responsable de la recherche et du programme jeunesse chez FrancoQueer.
L’experte et chercheure collabore avec plusieurs conseils scolaires francophones en Ontario. Dans ses analyses, Mx Ruest-Paquette constate qu’il y a tout de même une volonté sincère d’améliorer la qualité de vie et l’expérience scolaire des élèves LGTBQ+.
Tout en insistant sur le fait qu’« aujourd’hui beaucoup d’élèves sont mieux informés et outillés que les adultes », la chercheure est d’avis que « les adultes devraient avoir les connaissances et compétences nécessaires » afin de soutenir ces enfants.
En décidant de changer de prénom, Apollo ne s’attendait pas à une telle résistance de la part de nombreux professeurs. Ils refusaient catégoriquement d’utiliser son nouveau prénom, arguant qu’il n’était pas répertorié dans les listes d’élèves et qu’une demande officielle auprès de la direction était nécessaire. Pour iel cette idée était inconcevable, car elle aurait impliqué une révélation précoce de son identité à ses parents.
« Une de mes enseignantes cette année m’a traîné dans une salle et m’a hurlé dessus, j’ai complètement craqué, je faisais de l’hyperventilation. Elle refusait de me laisser partir, affirmant que personne ne lui avait confirmé mon nom… Pourtant, ma confirmation devrait suffire », soupire-t-iel, perplexe.
Les enseignants de français refusaient également d’utiliser le pronom iel, choisi par Apollo, alléguant que ce pronom n’est pas conforme à la langue française et qu’il ne se trouve pas dans les dictionnaires.
Affronter les adultes était déjà une tâche ardue pour Apollo qui commençait à se questionner sur les raisons de ce rejet véhément émanant de certains enseignants, une majorité étant issus de diverses communautés religieuses, tout comme de nombreux élèves.
Mais c’est grâce à une poignée d’enseignants compréhensifs que « je continue de fréquenter cette école. »
« La direction m’a demandé de faire une présentation LGBTQ+ aux profs. Ça a aidé certains d’entre eux, qui étaient merveilleux après ça, mais j’ai été honnête sur le fait qu’offrir cette formation, c’était très difficile. »
« On ne peut pas porter le poids de l’ignorance du personnel ou de l’ignorance des élèves sur nos épaules, il faut avoir une discipline », ajoute-t-iel.
Pour Apollo, « c’était tout un enfer », de vivre en tant que jeune trans et non binaire dans une école qui manque de ressources, d’outils et de sensibilisations. Pire encore, de devoir être le porte-parole attitré pour défendre ses droits et « éduquer » tous ceux qui l’intimident. C’est incompris et isolé qu’Apollo survivra à ses cinq dernières années.
Après des tentatives d’entrevues d’un conseil scolaire catholique de l’Est ontarien, ainsi qu’auprès de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques de l’Ontario, nos demandes sont restées lettre morte.
Le Conseil scolaire des écoles publiques de l’Est ontarien (CEPEO) nous a confirmé mettre en place un plan de sensibilisation à la diversité affective, sexuelle et de genre destiné à l’ensemble du personnel des écoles. En collaboration avec l’organisation FrancoQueer, il débutera ce printemps pour se terminer en 2026.
Le nouveau commissaire en équité et droit de la personne du CEPEO, Yasser Boukrab, affirme de son côté qu’« un bout de chemin a été fait (avec) de la volonté politique. Je suis optimiste par rapport à l’avenir. On répond aux aspirations de toutes les diversités, des minorités visibles et racialisées, pour répondre à leurs besoins en matière d’accommodements ».
Récemment, ce dernier a bonifié le mécanisme de traitement des plaintes pour les élèves du conseil.
Arrivé en poste au début du mois d’octobre 2023, il pense que son rôle s’inscrit dans ce cadre. « Je révise les politiques existantes, affirme-t-il, les choses mûrissent avec le temps, mais une chose est sûre, je veux que le milieu éducatif soit le plus inclusif possible, que tout le monde ait sa place. »
Homophobie, biphobie et transphobie encore trop répandues
Intimidé, mal à l’aise, atteint dans sa pudeur dans les toilettes genrées de son école, Apollo a réussi à accéder aux commodités des professeurs pour sa sécurité.
« J’évite tout de même d’y aller pendant le lunch, pour esquiver les commentaires. »
Les personnes trans sont à risque élevé de violences et de viols, souligne Anne-Sophie Ruest-Paquette. « Une jeune personne non binaire, qui tend peut-être un peu plus du côté masculin et qui va aux toilettes des garçons, encourt des risques pour sa sécurité, faute de surveillance dans les salles de bain. »
D’après l’experte, le droit à la sécurité est tout à la fois bafoué dans les lieux publics, comme les salles de classe où les adultes n’interviennent pas, alors dans les espaces privés où il n’y en a pas d’adulte, la violence physique et le viol sont bien réels.
Les résultats d’une enquête pancanadienne menée par l’organisme Egale Canada, en 2021, mettent en évidence la problématique de l’homophobie en milieu scolaire. Cette enquête nationale dévoile que l’homophobie, la biphobie, et la transphobie demeurent répandues dans les écoles canadiennes.
Le rapport de l’organisme, qui évalue le climat scolaire de la 8ᵉ à la 12ᵉ année, détaille entre autres que les élèves entendent régulièrement du langage homophobe, biphobe ou transphobe, et que la majorité d’entre eux y recourent.
D’après ces données, ceux qui ont signalé des cas d’intimidation et de harcèlement au personnel de leur école ont expliqué que ce personnel n’était pas efficace dans sa réponse aux actes de harcèlement transphobe.
Aujourd’hui, en phase de terminer le secondaire, Apollo nous raconte la suite des événements : « Il aurait fallu peut-être que je change d’école, mais pour ça j’aurais dû parler à mes parents… Seulement, à ce moment-là, ils n’avaient aucune idée de qui j’étais. »
La place de la famille dans la quête identitaire
« La plus grande source de stress, observe Anne-Sophie Ruest-Paquette, réside dans la résistance de certaines familles et l’hostilité avec laquelle elles expriment cette résistance. »
« L’année dernière, l’école a dévoilé mon identité à ma mère dans une réunion. C’était un accident parce qu’ils ne voulaient vraiment pas me faire de mal. Le jour d’après, mon père a ouvert un courriel de l’école, qui utilisait enfin mon prénom et mon bon pronom. »
Cet événement aura de graves conséquences sur les relations entre Apollo et ses parents. La législation ontarienne protége pourtant le droit à la confidentialité des jeunes. Il n’est pas autorisé de divulguer aux familles et aux fournisseurs de soins, des renseignements au sujet de l’identité de genre d’un jeune sans sa permission.
Selon l’adolescent, sa mère semble désormais assez ouverte d’esprit et pourrait même soutenir son choix, malgré une certaine réticence au départ : « Tu es encore jeune, et puis c’est contraire aux principes du féminisme. »
La situation est plus délicate avec son père. Et d’illustrer : « Le jour où il l’a appris, j’étais dans la voiture avec ma mère pour rentrer chez nous quand elle m’a annoncé que mon père était très fâché suite à cette nouvelle. Je n’ai pas osé rentrer à la maison, par peur panique de sa réaction. »
Pendant près de trois heures, Apollo restera prostré, en larme, dans cette voiture, pendant la dispute parentale. Iel s’échappera pour vivre quelques semaines chez ses grands-parents, jonglant avec le domicile familial pour le reste de l’année.
« La bonne chose, c’est que ma mère a autorisé l’usage de mon nom auprès de la direction de l’école, mon prénom figure maintenant dans les listes de classes », se réjouit-iel.
« Mon père m’appelle toujours par mon dead name. Je fais comme si j’allais bien et on fait comme si de rien n’était. Je sais que, quelque part, mon père m’aime et ma mère aussi. »
Quand on demande à Apollo dans quel état est la relation avec ses parents aujourd’hui, iel hésite : « C’est compliqué, j’ai l’impression que je mène une double vie. »
Selon les travaux menés à la Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles, Annie Pullen Sansfaçon raconte qu’il est de plus en plus évident que de nombreux éléments externes jouent un rôle crucial dans la protection des jeunes trans et non binaires (TNB). Parmi ces éléments, on trouve un soutien parental solide et le respect de l’identité de genre dans les environnements fréquentés.
Selon le Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario, « les enfants et les jeunes trans, non binaires (…) qui reçoivent du soutien, ont de meilleures chances de devenir des adultes heureux et productifs ».
Menée auprès de 2873 personnes trans et non binaires en 2019, l’enquête Trans Pulse Canada a relevé qu’un jeune sur quatre a déclaré que des membres de la famille ont arrêté de lui adresser la parole ou ont mis fin à leur relation.
Là encore, 10 % ont déclaré que des membres de la famille les ont envoyés consulter un thérapeute, un conseiller ou un responsable religieux.
Le départ pour l’Université d’Ottawa
En septembre prochain, Apollo fera son entrée à l’Université d’Ottawa avec la ferme intention de devenir enseignant. « J’ai eu 18 ans en décembre dernier et j’ai tellement hâte d’aller à l’université maintenant. »
Enthousiaste à l’idée de poursuivre des études en mathématiques avec une mineure en sciences politiques et impatient de quitter son école secondaire, iel ne peut cacher une forme d’anxiété, celle de « quitter ce qui m’est familier, même si ce n’était pas amusant, c’est ce que je connais depuis mes 13 ans ».
Un nouveau monde l’attend. Un sourire s’esquisse. « J’ai vraiment espoir pour le futur, pour mon futur. »
« Je sais que la société qui m’attend n’est pas la plus ouverte. Je viens d’apprendre qu’un jeune de 16 ans s’est fait tuer dans les salles de bains de son école, aux États-Unis, du fait de son identité transgenre. J’y pense beaucoup. »
Apollo se répète sans cesse qu’iel rencontrera l’adversité sur son chemin, mais qu’à l’université, cette intimidation pourra être atténuée, lui permettant enfin de se concentrer sur ses amis et sur sa vie.
« Je veux juste vivre, exister, avoir ma vie… simple. »
Avec les informations d’Anne-Sophie Ruest-Paquette – FrancoQueer.