Trudeau et Joly promettent de doubler l’aide aux universités francophones en milieu minoritaire
SUDBURY- De passage à l’Université de Sudbury mardi, le chef du Parti libéral Justin Trudeau et la ministre Mélanie Joly ont annoncé qu’ils vont doubler et rendre permanent le financement aux institutions postsecondaire francophones en situation minoritaire si les libéraux sont réélus.
Dans le dernier budget libéral, l’argent était étalé sur trois ans à 121 millions. Cette fois-ci, le montant passe de 40$ millions par année à 80$ millions. Cet argent restera aussi de façon permanent et permettra d’aider diverses institutions francophones à travers le pays, note le premier ministre.
« Je vous le dis, c’est toujours des partis et des gouvernements libéraux qui vont être là pour vous défendre dans vos communautés linguistiques minoritaires. On va être là pour appuyer la communauté francophone ici. On va s’assurer qu’il y ait des institutions fortes au postsecondaire comme ici à l’Université de Sudbury ou que ce soit d’autres institutions à travers la province. On va continuer d’être là. Ce n’est pas Erin O’Toole en face de Doug Ford, Jason Kenney et Blaine Higgs qui va être là pour défendre nos intérêts et ça, on le sait très bien », a affirmé Justin Trudeau.
Celui qui cherche à se faire réélire pour un troisième mandat a notamment lancé une flèche envers les premiers ministres conservateurs du Canada dans leur façon d’avoir géré certains établissements francophones de leur province.
« On est souvent déçu par les conservateurs ces jours-ci. Que ce soit Jason Kenney qui a coupé pour le Campus Saint-Jean en Alberta, que ce soit Blaine Higgs qui fait des coupures à l’Université de Moncton ou que ce soit Doug Ford, à qui il a fallu qu’on force le bras quasiment pour qu’il renverse sa décision sur l’Université de l’Ontario français et qui a permis ce qu’on est en train de voir ici — cette tragédie — avec l’Université Laurentienne. »
La visite du premier ministre suivait celle de Jagmeet Singh samedi qui s’est attiré les foudres de la communauté franco-ontarienne en se prononçant en faveur du maintien des programmes en français à l’Université Laurentienne, alors que divers organismes souhaitent les transférer à l’Université de Sudbury.
« Moi, ce que je veux, c’est que la communauté francophone dans le Nord de l’Ontario puisse avoir accès à une éducation de qualité postsecondaire pour continuer d’être fort comme communauté. Je trouve que c’est intéressant de regarder vers un transfert à l’Université de Sudbury, mais c’est à la communauté elle-même de décider. On a vu M. Singh qui n’a pas écouté la communauté dans ses commentaires », a souligné le chef des libéraux en entrevue mardi à Radio-Canada.
De son côté, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly a indiqué que la situation à La Laurentienne « doit se régler ».
« Nous savons que ce qui s’est passé à La Laurentienne est complètement inacceptable. C’est un gâchis qui ne sera pas réglé par Erin O’Toole. Des étudiants ont perdu leurs classes et des gens ont perdu leur emploi. »
De l’attention nationale pour l’Université de Sudbury
Présent à la conférence de presse mardi, le recteur de l’Université de Sudbury Serge Miville voit d’un bon œil l’annonce de M. Trudeau et Mme Joly.
« La permanence des fonds va aider à maintenir et solidifier les institutions postsecondaires. Pour nous c’est clair, le « ’par et pour »’ doit avoir besoin de soutien et de leadership du gouvernement fédéral, peu importe qui, ça doit être là », avance M. Miville.
Pour l’instant, il n’est pas possible de savoir combien de ce nouvel argent sera fourni à l’Université de Sudbury. Le recteur se réjouit quand même de l’attention que son université génère depuis quelques jours.
« Ça veut dire que le projet de l’Université de Sudbury est un enjeu important… On est très ravis de pouvoir accueillir les chefs des formations politiques pour faire avancer le débat démocratique sur la question. »
Pour la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française, la présence subséquente de chefs politiques fédéraux en l’espace de cinq jours est un bon signe.
« Pour que le dossier d’université de langue française à Sudbury avance, ça prend de l’attention à l’échelle nationale parce qu’évidemment à Toronto il y a quelque chose qui bloque. Alors la présence de deux chefs de partis nationaux et les déclarations de M. Singh samedi et de M. Trudeau aujourd’hui vont aider à attirer l’attention sur le dossier… On s’explique mal pourquoi ça bloque à Toronto… la réponse de la ministre (Jill Dunlop) se fait attendre », affirme son porte-parole Denis Constantineau.
Ce dernier se dit satisfait de la position du Parti libéral dans le dossier de l’institution sudburoise.
« Avec les discussions qu’on a eues avec le Parti libéral au niveau fédéral, oui, on est satisfait. Ils sont en faveur du dossier. Ils ont mis cinq millions de dollars sur la table avant et ensuite ils ont bonifié le financement pour l’éducation postsecondaire en français et là l’annonce aujourd’hui, l’annonce. Ils font tout ce qui est nécessaire pour encourager la province à prendre une décision. »