Université de Sudbury : Singh doit clarifier sa position dit la communauté franco-ontarienne
SUDBURY- Les propos du chef du NPD Jagmeet Singh, de passage à l’Université de Sudbury samedi, ont fait bondir des membres de la communauté franco-ontarienne qui lui demandent des clarifications. Alors que ces derniers demandent à ce que tous les programmes de l’Université Laurentienne soient transférés à l’Université de Sudbury, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) a affirmé qu’il voulait « sauver » La Laurentienne et « avoir plus de programmes et plus d’accès aux services. Pas moins de programmes, pas moins de services ».
Le chef fédéral avait aussi affirmé vouloir « s’assurer de maintenir les programmes et services qui étaient là » à l’établissement avant qu’il coupe 69 programmes en avril.
« Notre engagement est de sauver l’Université (Laurentienne) et on est prêt à faire les engagements pour atteindre ce but ».
Quelques heures après les propos du chef, le NPD a précisé sa position en indiquant ne pas pouvoir dire où les programmes sont logés, mais veut continuer à demander au gouvernement fédéral de financer le plan de transformation de l’Université de Sudbury. Pour le NPD, il est possible d’aider les deux établissements, car le parti veut maintenir les programmes en français dans les deux institutions.
« Je pense qu’on a besoin de clarification dans ce qui est en train d’être lancé là », lance Carol Jolin, le président de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO) en entrevue avec ONFR+.
« L’objectif pour nous autres va toujours être d’avoir une Université de Sudbury forte par et pour les francophones. D’un autre côté, l’Université Laurentienne peut poursuivre avec une programmation anglophone pour le bien de tout le monde. On pense que c’est une position gagnant-gagnant pour les étudiants, Sudbury et la province… Le vœu de la communauté est très très clair et c’est dans cette voie-là qu’on va travailler. »
Pour ce dernier, une mise au point de la part du parti progressiste doit se faire dans un « avenir assez proche, car c’est un sujet qui est chaud ».
« Je pense que le NPD va revenir pour clarifier cette étape-là. Je suis confiant qu’ils vont le faire, car ils ne voudront pas laisser des points d’interrogation sur la position du parti, pas en pleine période électorale… Je suis certain qu’ils vont réexaminer ça en regardant ce que ça représente pour la communauté de Sudbury et pour l’Ontario français. On va donner une chance au coureur », affirme le président de l’organisme franco-ontarien.
Les propos du chef néo-démocrate ont aussi fait bondir la politologue Stéphanie Chouinard qui affirme que ce dernier a démontré une « incompréhension profonde de l’enjeu du postsecondaire » de la francophonie ontarienne.
« De prétendre qu’on peut *à la fois* soutenir une Université de Sudbury francophone et autonome, et maintenir les programmes en français à la Laurentienne, c’est tirer dans le pied de la communauté de l’Ontario francophone du nord. Une seule institution, forte et complète, voilà ce qu’il faut », a-t-elle indiqué via Twitter.
Pour le Regroupement des professeurs francophones de Sudbury (RPF), qui a des membres de l’Université de Sudbury et d’actuels et d’anciens professeurs de La Laurentienne, il est dur d’y voir clair dans la position du NPD.
« Je pense qu’il y a une chose à clarifier, sauver La Laurentienne, c’est différent que de sauver la programmation en français. Le problème est que La Laurentienne est devenu une structure assimilatrice donc de dire qu’on va sauver La Laurentienne incluant les programmes francophones, c’est encourager une culture d’assimilation. L’intention est bonne », note toutefois un porte-parole Thierry Bissonnette.
Un sujet électoral
Carol Jolin pense qu’il y a des signes encourageants jusqu’à présent dans la campagne électorale, mais quel appui veut-il exactement de la part des partis politiques pour le projet de l’établissement entièrement francophone?
« On veut une position d’appui pour l’Université de Sudbury pour pouvoir devenir par et pour les francophones. Je pense qu’il y a des partis qui se sont prononcés très très clairement. La position du NPD va devoir être clarifiée et on va voir à ce moment-là. Mais je pense que tous les partis visent la même chose, une éducation solide dans les deux langues officielles. »
Pour le regroupement, la position que les partis doivent prendre et la seule manière de sauver La Laurentienne seraient de donner aux francophones une autonomie des programmes en français à l’Université de Sudbury et non d’aider La Laurentienne dans sa programmation francophone.
Cette position n’est-elle pas en contradiction avec celle du NPD qui souhaite aider les deux établissements?
« Oui effectivement. On veut l’entièreté de la programmation, la communauté en entier le demande, soit une structure avec du par et pour (…). Ça serait contre productif d’avoir des programmes en français dans chaque institution. L’Université de Sudbury devrait être le fournisseur de service en français à La Laurentienne. Donc que La Laurentienne gère une programmation, c’est confier ça à une structure assimilatrice. »
Pas au NPD de « dire quoi faire » à La Laurentienne
En entrevue avec ONFR+, la députée de Algoma-Manitoulin Kapuskasing Carol Hughes affirme que ce n’est pas au NPD à dicter à La Laurentienne ce qu’il devrait faire avec leur programmation en français.
« C’est certain que moi et Jagmeet, on appuie une université francophone dont la programmation est livrée par et pour les francophones… C’est certain que pour la programmation en français, on aimerait voir l’Université de Sudbury offrir toute cette programmation-là et vu que c’est ça leur but. Mais ce n’est pas à nous de dire à La Laurentienne quoi faire avec sa programmation », explique Mme. Hughes.
Croit-elle que la position du parti et de M. Singh est justement assez claire sur le sujet?
« Ça dépend c’est qui la personne qui interprète la position… Le NPD a toujours appuyé les démarches des francophones pour pouvoir être desservi en français. Si il y a des gens qui doutent ça, c’est de valeur, ce n’est pas nous. Nous, on est pour la protection de la langue française, de la francophonie et des services de la langue et de la culture autochtone », conclut celle qui dit que la position de son parti est claire et qu’il n’y a pas d’ambiguïté.