Les lits de la Maison de l'Est sont à la fine pointe de la technologie, afin de répondre aux besoin des patients en soins palliatifs. Crédit image: Rachel Crustin

[ENTREVUE EXPRESS]

Lynne Thévenaz est directrice des services francophones à la Maison de soins palliatifs d’Ottawa.

La Maison de l’Est inaugure son service résidentiel pour les gens en fin de vie. Huit nouveaux lits seront disponibles dans quelques semaines, probablement à la fin mai, pour accueillir des patients francophones.

Le manque de services en français se fait particulièrement ressentir en fin de vie, en milieu linguistique minoritaire. La maison veut offrir des services en français représentant la diversité de la population francophone et est actuellement en recrutement de bénévoles et de personnel qualifié.

«  Rappelez-nous le projet. Qu’est-ce qu’on inaugure exactement aujourd’hui?

Aujourd’hui, on inaugure la Maison de l’Est et, plus spécifiquement, des lits de fin de vie. On y avait déjà le volet communautaire depuis 2016. Ce sont des patients dans la communauté, qui peuvent venir une fois par semaine pour faire un programme de jour. C’est une journée pour que ces gens qui ont une maladie incurable puissent sortir de la maison, rencontrer d’autres personnes, faire des activités. S’ils ne se sentent pas bien ou trop fatigués, ils peuvent aussi faire une sieste, juste relaxer, mais au moins ça leur permet de sortir. Et ça permet aussi à l’aidant naturel d’avoir une journée pour se reposer. On a aussi un programme de bénévoles qui vont faire des visites à domicile.

Exemple d’une chambre à la Maison de l’Est, qui offrira des soins palliatifs pour la communauté francophone. Crédit image : Rachel Crustin

Maintenant, on ajoute le volet de lits résidentiels, où les résidents vont habiter 24 heures sur 24, en fin de vie. Ce sont souvent des gens qui sont venus à nos programmes de jour, avec qui on a déjà eu une interaction, ils ont donc des points de repère.

Nous avons déjà deux sites d’ouverts, May Court dans le Glebe et Ruddy-Shenkman à Kanata, mais ce sont des maisons anglophones. Ce qui est spécifique à la Maison de l’Est, c’est que c’est un site qui est dédié aux francophones.

À quels besoins cette nouvelle offre vient-elle répondre?

On sait combien c’est important, surtout en fin de vie, de pouvoir parler sa langue natale. Des fois, les gens sont un peu plus confus, plus malades, donc c’est important de pouvoir échanger dans leur langue principale. C’est grandiose, ça fait très longtemps qu’on travaille pour ça.

La communauté francophone d’Ottawa est diversifiée. On est très près du Québec, donc on peut avoir des francophones du Québec, mais aussi des Autochtones, des Africains, des Haïtiens, etc. Ce qu’on aimerait, c’est de faire en sorte que ce soit une maison chaleureuse et inclusive pour tous les francophones. Nous voulons être culturellement appropriés pour tous, par exemple au niveau des rites, être inclusifs par rapport à ce que les usagers souhaitent en fin de vie.

Lynne Thévenaz est directrice des services francophones à la Maison de soins palliatifs d’Ottawa. Gracieuseté

Avez-vous de la diversité dans les membres de votre équipe, afin de répondre adéquatement à ces demandes?

Oui, on est dans le processus d’engager des gens et ça fait partie de ce qu’on recherche. On a besoin, évidemment, d’un certain niveau professionnel et d’avoir des gens bilingues. C’est un enjeu, car le bassin de francophones est réduit, mais on a plein de partenaires comme l’Hôpital Montfort et des équipes de santé familiale.

Justement, est-ce un choix stratégique de vous établir tout près de l’Hôpital Montfort?

Pas forcément. C’est un avantage, mais on cherchait surtout à être dans l’Est, car il y a beaucoup de francophones. La résidence Cité Parkway est également en partie francophone.

L’une des chambres est munie d’un lit double, afin de permettre, par exemple, à un proche aidant de dormir avec sa conjointe malade. Crédit image : Rachel Crustin

Éventuellement, on aimerait avoir notre petite maison à nous, comme dans nos deux autres sites. Pour l’instant, c’est un partenariat avec Cité Parkway. Ils avaient l’espace, alors ils nous ont proposé de louer un étage. Ça réduit les coûts, ce qui est bien, car nous ne sommes pas complètement subventionnés. C’est aussi la raison pour laquelle on doit aussi aller chercher des dons. C’est aussi bien d’être ici, car on pourrait aller recruter certains bénévoles parmi les résidents de Cité Parkway.

Qu’est-ce que les lits, comme tels, ont de particulier?

Ici, ce n’est pas comme dans un milieu hospitalier. C’est vraiment une maison. Les proches peuvent rester 24 h sur 24 s’ils le désirent. On a des lits à la fine pointe de la technologie. On sait que les gens sont de plus en plus grands, donc on a la possibilité d’agrandir les lits en fonction des besoins. On a aussi un lit double, qui peut servir par exemple à une personne obèse, ou alors à un couple, si le conjoint proche aidant veut dormir avec la personne malade.

Vous offrez aussi des services d’accompagnement aux familles. De quoi s’agit-il?

Quand les patients décèdent, les proches aidants peuvent suivre un programme de deuil. Encore une fois, ici, ça se passera en français.

La salle de séjour permet d’offrir des services de jour, mais offre aussi un lieu de rassemblement pour les familles. Crédit image : Rachel Crustin

Le programme de jour est une fois par semaine mais, autrement, les familles pourront aussi utiliser notre grande salle de séjour, prendre un café, parler avec d’autres familles de ce qu’elles vivent. On a aussi un programme aux aidants naturels qui aura lieu une fois par semaine et qui est ouvert à la communauté.

Vous avez un financement pour deux années. Que va-t-il se passer après?

La demande de financement et le lobbying se passent en continu. Espérons que les fonds continuent et augmentent. C’est bien, car le gouvernement ontarien a quand même annoncé que des fonds ont été donnés. C’est excellent. Mais il faut toujours faire en sorte que ça continue, spécialement pour les services aux francophones.

Ce qu’il faut savoir maintenant, c’est qu’on a besoin des fonds pour fonctionner. On a besoin de dons, car le gouvernement ne subventionne pas à 100 %. On a aussi besoin de personnel bilingue et de bénévoles. Les clients, eux, sont là. On n’a pas besoin de les recruter, mais il faut qu’ils sachent que ce service existe. C’est le message qu’on veut passer : on a maintenant la possibilité d’offrir des soins palliatifs à la communauté francophone.  Toutes les informations sont sur notre nouveau site web. »