La députée indépendante Sarah Jama, vêtue d'un keffieh, expulsée de la chambre législative, à Queen’s Park, ce lundi. Crédit image : La Presse canadienne/Chris Young

TORONTO – Le président de la chambre Ted Arnott a appelé la députée indépendante de Hamilton-Centre Sarah Jama par son nom, menant à son expulsion de la législature. Elle portait le keffieh palestinien, un foulard à carreaux banni de la chambre depuis avril. Deux autres députés (des néo-démocrates) portant également le keffieh sont sortis de la chambre, talonnés par la cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles.

Après avoir déclaré au président « ceci n’est pas un accessoire », le député néo-démocrate d’Ottawa Centre Joel Harden, portant un keffieh autour du cou, a quitté la chambre, suivi par la députée de Toronto-Centre Kristin Wong-Tam, elle aussi ornée du foulard. La cheffe de l’opposition Marit Stiles a emboité le pas des membres de son caucus vers la sortie.

Le président de la chambre a alors appelé la députée Sarah Jama par son nom avant d’ordonner son expulsion effective.

Ce matin même, Ted Arnott venait d’annoncer que le keffieh serait désormais autorisé dans Queen’s Park mais resterait interdit au sein de la chambre, car porteur selon lui d’un message politique.

Le keffieh, étoffe traditionnelle palestinienne, devenu symbole de résistance politique pour certains, avait été banni de Queen’s Park par le président de la chambre Ted Arnott en avril dernier.

Une décision qu’avaient vivement critiqué tous les partis, y compris le premier ministre Doug Ford souhaitant un vote à l’unanimité pour défaire la décision du président. Celui-ci avait déclaré que ce ban était un « vecteur de division » négatif. Une tentative de renversement par unanimité vaine puisque plusieurs membres de son caucus s’étaient prononcés contre un retour en arrière, le 18 avril dernier, comme la députée de Eglinton-Lawrence Robin Martin.

Le NPD avait alors demandé une nouvelle motion de vote à l’unanimité le 23 avril dernier, pour laquelle le premier ministre avait laissé le vote libre pour son gouvernement. Plusieurs « non » durant le vote avaient fait échouer le renversement.

Sarah Jama avait déjà porté le keffieh en chambre ces dernières semaines et refusé de sortir à plusieurs reprises. Expulsée de son parti, le NPD, depuis l’automne dernier, la députée faisait déjà l’objet d’une censure et ne pouvait, de ce fait, pas participer aux votes en chambre.

Les suites possibles dans l’affaire du keffieh à Queen’s Park

La veille, ce dimanche 5 mai, Marit Stiles avait publié sur son compte X, le message suivant : « Tous les chefs de parti sont d’accord : il est temps de mettre fin au ban du keffieh à Queen’s Park. C’est maintenant au premier ministre (Doug Ford) de donner suite lorsque l’Assemblée reviendra cette semaine. S’il ne le fait pas, nous le ferons, en forçant un vote des députés. Avec le vote de seulement 22 députés conservateurs, nous pouvons remédier à cette situation. »

Dans une conférence de presse ce matin, la cheffe néo-démocrate a salué « un pas dans la bonne direction », le président de la chambre ayant fait marche arrière sur une partie du ban du keffieh, maintenant autorisé dans l’enceinte de Queen’s Park, excepté en chambre.

Celle-ci a décrit le départ de la chambre des deux membres de son caucus plus tôt dans la matinée comme « un acte de solidarité » et a réitéré sa volonté de pousser un nouveau vote, considérant actuellement « toutes les options », dont celle de demander l’enregistrement du vote.

Quant au vote potentiel à venir, elle a également appelé Doug Ford à faire montre de leadership vis-à-vis de son propre caucus.

Dans le même temps aujourd’hui, le premier ministre ontarien a déclaré que les campements de protestation contre la guerre en Palestine, érigés depuis quelques jours sur les campus universitaires ontariens, devaient être démantelés pour la sécurité de tous, invoquant des appels de parents inquiets. « Si vous voulez protester, protestez pacifiquement », a-t-il commenté devant les journalistes.