Le premier ministre ontarien Doug Ford pourrait être poursuivi en justice pour diffamation s'il ne se rétracte pas dans les sept prochains jours. Crédit image : Jackson Ho

TORONTO – Dans le contexte du vote de censure imminent contre la députée de Hamilton-Centre, motion déposée par le gouvernement pour ses propos contre Israël, Sarah Jama, qui ne s’est pas présentée en chambre depuis les faits, a fait parvenir un avis juridique au premier ministre ontarien, le menaçant de le poursuivre en justice pour calomnie s’il ne se rétracte pas et ne présente pas des excuses. Un retournement de situation inattendu.

Plus tôt dans la matinée, avant que l’annonce ne soit publique, ONFR a reçu d’une de ses sources une note que la députée a transmise à son équipe du NPD, mentionnant : « J’ai reçu la confirmation que Ford a enfin reçu mon avis de diffamation contre lui pour son tweet dans lequel il a menti sur ce que j’ai dit. J’ai retenu les services d’un avocat pour cette affaire. »

Ledit tweet, datant du 11 octobre dernier, accusait notamment Sarah Jama d’avoir « une longue histoire d’antisémitisme » et de « soutenir publiquement le viol et le meurtre de juifs innocents », avant de l’intimer de démissionner de son siège à l’Assemblée.

Via son avocat, la députée a ainsi envoyé un avis de diffamation au premier ministre Doug Ford pour « déclarations malveillantes et imprudentes » dans une tentative de ternir sa réputation, invoquant la Loi sur la diffamation et la calomnie de l’Ontario.

Celle-ci exige notamment qu’il retire formellement sa publication de X (ex-Twitter), se rétracte et s’excuse publiquement dans les sept prochains jours, faute de quoi, elle envisagera de porter plainte contre lui.

Marit Stiles, la cheffe de l’opposition officielle, qui avait condamné verbalement la publication de M. Ford, s’est exprimée dans une déclaration officielle, expliquant simplement que « le premier ministre a lancé des accusations incendiaires contre la députée provinciale (…) Il s’agit désormais d’une question juridique. Je ne peux donc pas faire de commentaires supplémentaires ».

Un vote de soutien à Israël qui divise

Avant même que cela ait été rendu officiel, l’ambiance de la matinée à Queen’s Park était déjà plus qu’électrique entre les membres du gouvernement et les troupes du NPD, les premiers attaquant le parti adverse sur les positions de Mme Jama, l’opposition officielle centrant son propos sur le scandale de la Ceinture de verdure et l’enquête en cours de la GRC.

La motion consistant à condamner les attaques perpétrées par le groupe Hamas et à reconnaitre le droit d’Israël à se défendre a été adoptée, soutenue par le Parti progressiste-conservateur et le Parti libéral.

Les néo-démocrates se sont en revanche abstenus de voter, leur demande d’amendement au texte avec l’ajout de mentions sur l’envoi d’aide humanitaire, le cessez-le-feu à Gaza, ou encore sur la libération des otages ayant été rejetée.

Lors du vote, des membres du public ont dû être escortés par la sécurité, à plusieurs reprises, pour des interventions très vocales revendicatives de soutien à la Palestine. Des messages tels que « Honte à vous, Parlement », « Libérez la Palestine » ou encore « Arrêtez le génocide palestinien » ont notamment été scandés.