Sarah Jama a été élue députée provinciale au siège de Hamilton-Centre en mars dernier. Crédit image : La Presse canadienne/Peter Power

TORONTO – La leader néo-démocrate Marit Stiles a annoncé, ce lundi matin, l’expulsion immédiate de la députée de Hamilton-Centre Sarah Jama du NPD pour prises de décision et actions unilatérales dommageables pour le parti. Moins d’une heure après, la chambre a voté, à 63 voix contre 23, en faveur de la motion de censure du Parti progressiste-conservateur à son encontre pour ses propos de soutien à la Palestine contre Israël.

Si l’élément déclencheur de la décision de la cheffe du NPD reste encore indéterminé, quatre jours plus tôt, l’annonce de la députée engageant une action en justice contre le premier ministre Doug Ford pour diffamation, s’il ne retirait pas ses propos contre elle, pourrait avoir surpris son caucus.

« Au sein de notre caucus, il y a de la place pour des points de vue différents, même dissidents. Mais cela repose sur les principes fondamentaux de la confiance et du travail en équipe. Mme Jama et moi avions conclu une entente pour la garder au sein du NPD, ce qui prévoyait de travailler ensemble de bonne foi et sans surprise. Nous avons déployé des efforts considérables pour la soutenir pendant cette période sans aucun doute difficile », a expliqué Marit Stiles dans un communiqué de presse.

« Depuis, elle a entrepris un certain nombre d’actions unilatérales qui ont miné notre travail collectif et brisé la confiance de ses collègues. Certaines des actions de Mme Jama ont contribué à créer des environnements de travail dangereux pour le personnel. Ainsi, avec le soutien de nos députés néo-démocrates, je n’ai eu d’autre choix que de la retirer de notre caucus », a tranché celle-ci.

Une motion de censure adoptée

Moins d’une heure après cette annonce, la chambre a tenu le vote de la motion de censure contre la députée, soumise initialement par le ministre du Logement et leader parlementaire Paul Calandra, stipulant « que le président est autorisé à ne pas donner la parole à la députée de Hamilton-Centre jusqu’à ce que la députée se rétracte et supprime ses déclarations sur les réseaux sociaux et fasse des excuses de sa place à la Chambre ».

Le couperet est tombé : la motion ayant été adoptée à 63 voix contre 23.

Mme Stiles a fermement condamné cette décision « extrême » la qualifiant d’« antidémocratique » et accusant le gouvernement de se servir du conflit israélo-palestinien à des fins politiques : « Un nouveau coup bas pour les conservateurs corrompus de Ford qui cherchent désespérément à détourner l’attention du fait qu’ils font l’objet d’une enquête criminelle de la GRC », a-t-elle commenté.

De poursuivre : « Cette motion extrême interdit à une députée de participer à l’Assemblée législative six mois seulement après son élection. Cela crée un dangereux précédent. Il s’agit d’une décision antidémocratique, et les conservateurs de Ford ont désormais privé les électeurs de Hamilton-Centre de leurs droits. »

Réaffirmation de ses positions en chambre

Sarah Jama s’est quant à elle exprimée en chambre, avant le vote, réaffirmant ses positions de soutien à la Palestine : « Il y a treize jours, j’ai appelé à un cessez-le-feu immédiat et à une désescalade de la part du gouvernement israélien, qui avait lancé un horrible siège contre les Palestiniens à Gaza. Depuis cette déclaration, Israël n’a fait qu’intensifier ses attaques contre des millions de civils. »

« Je réitère mon appel à un cessez-le-feu immédiat aux forces israéliennes et au rétablissement immédiat des vivres, de l’eau, du carburant et de l’électricité à Gaza. J’applaudis les nombreux élus du Canada qui se sont joints à cet appel ces derniers jours, et j’espère que vous serez encore plus nombreux à prendre la parole. »

« Mes propos s’appuient sur les réalités de l’apartheid israélien et sur la domination et l’occupation des terres palestiniennes par Israël. Les gouvernements et les institutions du Canada tentent d’utiliser leur poids pour faire taire les travailleurs, les étudiants, les éducateurs et les personnes en quête de paix qui osent soutenir la Palestine. »

« À toute personne prenant des risques pour défendre la dignité et la sécurité des Palestiniens, (…) nous devons continuer à nous exprimer, quel qu’en soit le prix », a conclu celle qui siégera dorénavant comme députée indépendante.