La guerre en Ukraine s’invite au Banquet de la francophonie de Prescott et Russell
EMBRUN – Le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’est invité samedi soir au 22e Banquet de la francophonie de Prescott et Russell. Le Franco-Ontarien Luc Chénier, de retour dans l’Est ontarien après avoir quitté l’Ukraine à la hâte, a raconté son périple des dernières semaines.
Celui qui vivait dans le pays d’Europe depuis 22 ans a décrit le parcours le menant à fuir son pays d’adoption. Tout cela devant une foule de près de 200 personnes, munies de petits écussons du drapeau ukrainien jaune et bleu. Luc Chénier a relaté qu’il avait préparé le coup pour partir au cas où cela arriverait, mais ne pensait pas que la réalité actuelle prendrait forme.
« C’était le choc, c’était « It’s happening ». Il (Vladimir Poutine) l’a fait », dit-il à propos de la première bombe qu’il a entendue le 24 février, résonnant au petit matin à quelques kilomètres de chez lui.
Celui qui aura mis 17 jours pour atteindre son pays d’origine a notamment décrit les difficultés de s’extraire de Kiev. « Ce qui aurait normalement pris 30 ou 40 minutes pour sortir de la ville nous a pris cinq à six heures. Il y avait des lignées de centaines d’autos juste pour faire le plein d’essence. »
M. Chénier a dû passer par Budapest en Hongrie avant d’aller à Vienne en Autriche avec sa fille et sa femme pour pouvoir venir au Canada. « On voulait aller en Pologne, mais il y avait beaucoup trop de monde… On a mis toute notre vie dans cinq valises », illustre-t-il.
Le travail ne s’arrête pas pour M. Chénier, qui est président et directeur général du journal ukrainien Kyiv Post. « J’ai des employés et des journalistes qui sont un peu partout en Ukraine. Certains sont dans des bunkers. »
Une première depuis 2019
Sans surprise, la COVID-19 s’est aussi invitée au banquet qui avait lieu à Embrun. Le rendez-vous annuel des francophones de l’Est ontarien faisait son retour après deux ans sans gala en personne.
« Les francophones dans l’Est ontarien, on se connaît tous, on est une grosse famille », a affirmé le directeur général de l’ACFO Prescott-Russell, Jacques Héroux, en entrevue pour ONFR+.
« Ça fait du bien de voir les gens se rassembler et se côtoyer à nouveau », poursuit-il. « On a été encabané pendant deux ans. C’est tous des gens qui se connaissent et c’est sûr qu’on s’est suivi en mode virtuel, mais on avait juste hâte de s’asseoir ensemble autour d’une table. C’était le temps de se réunir. »
Ce dernier espère que les prochaines éditions comporteront plus de personnes, signalant que l’incertitude autour de la situation pandémique a notamment joué un rôle dans ce gala qui parvenait par les années passées à attirer près de 400 invités.
Le Dr Roumeliotis à l’honneur
C’est d’ailleurs le médecin-hygiéniste du Bureau de santé de l’Est de l’Ontario, Paul Roumeliotis, qui a reçu le prix récompensant le francophile de l’année. Le docteur s’est mérité l’Ordre de la Francophonie de Prescott et Russell, dans la catégorie Allié de la francophonie. Dans une toute nouvelle catégorie, la chanteuse originaire de St-Albert, Mélissa Ouimet, s’est vu décerner le prix de l’Ordre de la francophonie dans le volet Sports et Arts. La fierté fromagère de l’Est ontarien, la fromagerie St-Albert a remporté le prix Organisme communautaire.
Le volet « Engagement » a été remporté par Jean-Jacques Legault. Il est notamment le président fondateur du Club Champlain de Rockland depuis 2018 et comédien dans l’Écho d’un peuple. Lauréate d’une Médaille du Jubilé d’or de la Reine en 2002 pour son engagement communautaire, Louise Myner a été récompensée dans le volet Bénévoles en compagnie de son mari Gilles Myner.
Finalement, le prix Jeunesse Thomas-Godefroy (14-19 ans) a été remis à Catherine Cadieux-Fredette, élève de l’École secondaire catholique de Plantagenet ainsi qu’à Sabrina Tremblay, enseignante à l’école secondaire Le Sommet, dans la catégorie 20 à 35 ans.